Archives de Tag: extrême-gauche

La journée des antisarkozystes primaires

Comme la fois précédente, hors de question pour moi de participer à la journée national des mécontents, opportunément rebaptisée No Sarkozy Day. Cette initiative, qui provient d’on ne sait où (tiens tiens…), vise à rassembler un maximum de gens dans les rues, le 27 mars prochain, pour dénoncer la politique de Nicolas Sarkozy et réclamer avec fracas sa démission. Elle vise aussi à créer, grâce à Facebook, un réseau qui pourrait ensuite être réexploité politiquement. Une telle action totalement illisible a tellement peu de sens que la plupart des « gros blogs de gauche » ont refusé de s’y joindre. Lire la suite

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Le bla-bla hystérique de Julien Coupat

photo AFP - Julien Coupat lors de son arrestation

photo AFP - Julien Coupat lors de son arrestation

Il faut lire l’interview exclusive de Julien Coupat publiée aujourd’hui par Le Monde. On y constate précisément toute l’hystérie, la paranoïa et la haine de ce monde de cette mouvance anarchiste dont ironiquement, le « martyr », comme voudraient nous le présenter les sainte-nitouche de gauche, refuse de se revendiquer. On y voit tout le bla-bla ultragauchiste qu’on entend, dans les manifestations, dans la bouche des marginaux de la CNT, pour qui tout n’est qu’argent, complot et fascisme. Je ne sais si cet homme est coupable de ce dont on l’accuse (quelques sabotages de lignes à grande vitesse), mais une chose est sûre : d’une part, il n’y répond pas, et d’autre part, son langage révolutionnaire et sa passion de la « rue » en font un homme dangereux, à combattre sans lassitude dans le domaine des idées. Lire la suite

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J’aurais aimé aller voir Katyn

katynLes films antisoviétiques ont-ils mauvaise presse en France? J’aurais apprécié d’aller voir Katyn, qui paraît-il a tout du chef d’oeuvre, du film d’épopée et de la fresque historique. Avec un sujet dramatique, et derrière, l’incroyable mensonge des communistes, facilité par l’aveuglement d’une partie de l’élite occidentale au sujet de l’URSS. Mais je ne pourrai pas : seules 12 salles le diffusent en France depuis le 1er avril. Pas une ne le propose à Lille, malgré le lien historique entre le Nord et la Pologne… Lire la suite

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Casseurs dans les manifs, saboteurs de trains, et ensuite?

Ainsi donc, les milieux de l’ultra-gauche sont clairement soupçonnés d’être à l’origine des sabotages en série qui ont touché ces derniers jours la SNCF et ses usagers. Reste à établir si oui ou non, ils ont bénéficié de complicités internes, tant il paraît évident qu’il fallait connaître le fonctionnement de l’entreprise publique pour l’atteindre aussi facilement.

On le disait ici-même au sujet du NPA, de Jean-Marc Rouillan et du blogueur CSP : lorsque le moteur de l’action politique, publique ou clandestine, est la haine, il ne peut en sortir rien de bon. Il ne peut en sortir que de la violence. Et on a tout à redouter de ses conséquences. Les faits nous auront très vite donné raison.

Sauf qu’en l’occurrence, il ne s’agit pas des mêmes mouvances que celles qui congratulent et vénèrent Olivier Besancenot : les dix individus arrêtés hier pour les sabotages contre les installations de la SNCF semblent appartenir à des groupes « anarcho-autonomes ». Vraiment, rien à voir, même si les passerelles existent et que les lignes bougent assez facilement.

Le profil est plutôt jeune : le cerveau présumé du groupe, le plus âgé, a 34 ans, et les autres ont entre 23 et 30 ans. Ils habitent en Corrèze, à Rouen, Paris, Limoges. Sont décrits comme des gens sans histoires, plutôt « gentils et polis », qui vivent en communauté. Ils ne travaillent pas et tentent d’appliquer des formes d’altermondialisme : élevage de chèvres, culture d’un potager…

Pourtant, certains d’entre eux sont déjà connus pour avoir participé à des actes de violence en France ou à l’étranger. En l’espèce, les sabotages ne risquaient pas de faire dérailler des trains ou de causer des pertes autres que financières, mais peut-être ne s’agissait-il que d’un début?

D’ailleurs, ces mouvances dites « anarcho-autonomes » sont peu ou prou constituées des mêmes personnes que celles qui cassaient des vitrines dans les manifestations anti-CPE ou dans les manifestations lycéennes de décembre 2007, qui balançaient des canettes sur la police ou brûlaient des voitures après l’élection de Nicolas Sarkozy : des individus sans foi ni loi, qui ne croient en rien, et qui sont donc totalement incontrôlables.

On le voit aujourd’hui : ce groupe était, selon la ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie « surveillé depuis plusieurs mois » par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, issue de la fusion RG-DST). Il faisait même l’objet depuis avril dernier, de la part de la sous-direction antiterroriste (SDAT) de la PJ, d’une enquête pour dégradations. Selon une source du Monde, la SDAT soupçonne « d’éventuels liens avec l’ultra-gauche allemande, qui a déjà revendiqué des actions contre des trains transportant des déchets nucléaires‘. On les surveillait, certes, mais on n’a pas pu empêcher les sabotages…

Certains commentateurs s’étaient  gaussé de ce constat, que j’avais relevé dans l’article susnommé consacré à CSP : oui, la menace de radicalisation d’éléments isolés de l’ultra-gauche est prise très au sérieux par le pouvoir en place et les autorités policières. « Depuis mon arrivée au ministère, j’ai souligné les risques de résurgence violente de l’extrême gauche radicale », a précisé MAM au cours de son point-presse. Des cellules de veille existent dans chaque département, sous l’égide des directions locales du renseignement intérieur. Au même titre que la menace islamiste.

Et il faut dire que oui, on peut craindre cette montée de fièvre. En tant que journaliste, j’ai déjà été confronté à cette réthorique impossible à contrer, à cette haine du système, à cette volonté de vivre en marge de la société, de ne pas se compromettre avec le « mal ». Je cotoie ce genre d’individus de temps à autre, et je dois dire que j’ai toujours été effrayé par leur détermination, la rage sourde qui les anime, et surtout, cette faculté à tomber dans la paranoïa. Quand on est inconditionnel, on devient irrationnel.

Avec la crise qui pointe le bout de son nez, et qui risque de faire des ravages importants, on a d’ailleurs tout lieu de penser que ces groupes vont se renforcer, se radicaliser et mener des actions autrement plus importantes que ces sabotages qui ressemblent à un simple rodage. Reste à espérer qu’on ne revivra pas l’hécatombe causée par les Brigades rouges, la Bande a Baader et autre Action directe…

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Jean-Marc Rouillan, symbole de la haine?

Je vous parlais récemment du problème de la haine comme moteur de l’action politique du côté de l’ultra-gauche du Nouveau parti anticapitaliste. Quasiment personne à gauche pour commenter ce billet, dommage… Cela montre une forme de tactique de l’autruche consistant à ne pas voir les problèmes pour ne pas avoir à les affronter.

D’autant qu’une des recrues les plus éminentes du NPA, l’ex d’Action directe Jean-Marc Rouillan, vient de se trahir et en conséquence de voir son régime de semi-liberté remis en cause par le juge d’application des peines. M. Rouillan a commis l’erreur d’évoquer, brièvement il est vrai, la violence politique et les raisons pour lesquelles il a été condamné (l’assassinat du patron de Renault, Georges Besse), qu’il devait s’abstenir de commenter jusqu’à la fin de sa peine (comme Bertrand Cantat, par exemple) :

« Je n’ai pas le droit de m’exprimer là-dessus. Mais le fait que je ne m’exprime pas est une réponse. Car il est évident que, si je crachais sur tout ce qu’on avait fait, je pourrais m’exprimer. Par cette obligation de silence, on empêche aussi notre expérience de tirer son vrai bilan critique. Le processus de lutte armée tel qu’il est né dans l’après-68, dans ce formidable élan d’émancipation, n’existe plus. Mais en tant que communiste, je reste convaincu que la lutte armée à un moment du processus révolutionnaire est nécessaire. »

Il s’est donc exprimé, il n’a pas pu résister. La LCR, gênée, condamne. Mais la question est : dans quelle mesure les propos de Rouillan sont-ils partagés au NPA? Exprime-t-il une vision des choses marginale, ou a-t-il seulement dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas? A force de vilipender la violence de l’Etat, des patrons, de l’économie, n’en vient-on pas à légitimer une violence inverse, de facto?

On comprend le désarroi et la colère de la veuve de Georges Besse : « Je trouve que, en recrutant Jean-Marc Rouillan, Olivier Besancenot se conduit de façon honteuse. Il trompe les électeurs. Avec son bon sourire, M. Besancenot présente son nouveau parti, le NPA, comme anticapitaliste et démocratique. Or, il utilise la triste célébrité de Rouillan d’une manière qui ne va pas vraiment dans le sens de la démocratie. (…) Besancenot cautionne du même coup ce qu’a été l’action terroriste du groupe, ainsi que les déclarations présentes de Rouillan. (…) Cette attitude me paraît à la fois désinvolte, fortement cynique et de nature à abuser les citoyens. Voilà pourquoi je suis en colère ».

Comme dit Koz, Rouillan est une « bénédiction »  en tant que « révélateur » car sa franchise nous permet de constater qu’en tant que communiste », il « considère que la lutte armée est nécessaire ». Je ne pensais pas que mon billet sur la haine trouverait aussi rapide illustration. Cinq ans de grands sourires d’Olivier Besancenot viennent d’être réduits à néant en une seule interview, et ça, c’est vraiment une bonne nouvelle.

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La haine comme moteur de l’action politique

Il faut que je vous parle d’un type, que vous connaissez peut-être déjà. Il a une belle plume, une grande culture politique, un cynisme sans borne et un charisme certain. Avec en prime, un sens de l’humour désopilant, et un amour inconditionnel pour les briques. Et à vrai dire, un penchant pour toute les formes de sévices physiques à infliger aux méchants capitalistes, aux infâmes curés et aux salauds de publicitaires.

Cet énergumène, c’est l’auteur du blog « CSP », alias le Comité de Salut Public, du nom de cet effroyable tribunal révolutionnaire qui, à l’époque radieuse de la Terreur, envoyait les ennemis de la liberté à l’échafaud sans autre forme de procès. Tout un programme, avant même d’avoir jeté un œil sur sa prose. Un autre blog s’appelle bien « Vive le goulag », alors pourquoi pas? (On imagine la durée de vie d’un blog intitulé « Vive Auschwitz », mais c’est sûrement un signe de mauvaise foi de notre part)

En le découvrant, CSP m’a d’abord révulsé. Et puis dans un second temps, j’ai lu plus attentivement, les sujets m’ont amusé puis intéressé. Comme l’auteur le dit lui-même, « c’est un exercice de l’esprit qui est intéressant : s’aventurer en territoire hostile est toujours très instructif ». Les rengaines crypto-trotskystes m’ont à vrai dire un peu déridé, puis bousculé. Je croyais à une forme de second degré dans ces écrits. Et puis, leur montée en puissance correspondait vaguement à celle du mentor de l’ultra-gauche, le sémillant facteur neuilléen Olivier Besancenot. Vous savez, cette gueule d’ange rouge maquée avec une éditrice parisenne pleine aux as. Une opération de découverte, à visée sociologique, s’imposait donc. Et j’ai passé des mois en immersion…


Ceux-ci ont passé, et malgré ma bonne volonté petit à petit, le malaise a grandi. Au fil des lectures, la plume m’a parue plus amère. Plus je lisais, et moins je regardais les bons mots, l’enrobage, pour me focaliser uniquement sur le démontage en règle des blogueurs libéraux par trop caricaturaux ou encore adolescents, les sempiternelles fusillades d’Ivan Rioufol, les coups de bambou infligés aux sociaux-traîtres du PS. Ils ont fini par me lasser. Le disque m’a vite semblé rayé, mon intérêt a décliné. CSP avait beau me classer parmi ses blogs de droite favoris (appartenance politique que je refuse toujours), je cherchais vainement une espérance derrière ce tombereau d’injures et cet amas de violence.


P
ouvait-il y en avoir une? Quel est le but de tout cela, je veux dire, à part vomir sur les méchants riches et de célébrer la montée du Nouveau Parti Anticapitaliste? Pouvait-il seulement exister un minuscule projet ou une envie dans ce torrent de râleries et de mécontentement? Un semblant de positif dans ce fatras de critiques acerbes et de « fureur enthousiaste »?

Je crains que non. Ici, tout n’est définitivement que haine, haine, et encore haine. Une fois tombé le masque du cynisme et du style fort joli, ne reste qu’elle. La haine. Un crachat, une morsure.

Si seulement, après tout, un humanisme se cachait derrière tout cela, mais même pas. A l’écouter, on n’a même pas le droit d’être catholique et de l’exprimer publiquement. Défiler vêtu de string en cuir sur des chars ridicules, oui, mais marcher au nom de valeurs jugées « réactionnaires », non. Bloquer toutes les semaines les rues de nos villes avec des manifestations conservatrices réunissant toujours les mêmes cégétistes, oui, mais une fois par an, rappeler qu’il existe des prolife, non. Cette opinion n’a pas le droit d’être exprimée.


On en revient au final au titre même du blog. Comité de Salut Public. Pas de liberté pour les ennemis de la liberté
. Pas de quartier pour ceux qui pensent différemment. Pas de rémission. Pas de trêve. Pas de négociation, seulement le combat, et si possible, le combat à mort. On ne se bat pas avec les mêmes armes, un peu comme le Mordor dans le Seigneur des Anneaux : il veut juste tuer, détruire. Il n’est pas question de fraternité ou d’amour de l’humanité.

Or la haine peut-elle être un moteur de l’action politique? J’en doute.

Il est d’ailleur assez préoccupant, pour élargir un peu le sujet, de voir qu’à chaque crise, on en revient aux mêmes recettes. Les mêmes qui excitaient le peuple en 1789, 1830, 1848, 1871, 1917 (avec les résultats que l’on sait), avec leurs promesses de lendemains qui chantent, reviennent aujourd’hui en promettant la lune à tous les exploités du système. Olivier Besancenot a ainsi été désigné par un sondage Opinion Way, pour la deuxième fois, comme le meilleur opposant à Sarkozy. On croit rêver!


Car lui, sa haine, il la cache mieux que CSP. Il fait le malin chez Drucker ou Denisot, joue le gendre idéal, mais surtout évite de s’étendre sur son programme rétrograde qui nous plongerait à coup sûr dans la guerre civile s’il était appliqué. La volonté de légalisation de drogues dures en est un bon exemple.

Comme disait Nicolas Sarkozy dans son discours de Toulon, « l’anticapitalisme n’offre aucune solution à la crise actuelle. Renouer avec le collectivisme qui a provoqué dans le passé tant de désastres serait une erreur historique ».

Erreur historique, oui. Dans laquelle peuvent pourtant tomber facilement les populations les plus fragiles, qui ne voient que les caciques de la LCR se déplacer vers eux. Sans compter qu’une forme de radicalisation d’une certaine jeunesse coexiste avec l’action politique des « antis ». Que celle-ci est prise très au sérieux et inquiète au plus haut point dans les sphères policières, et que cette menace est étudiée au même titre que celle qui résulte de l’intégrisme islamiste.

Disons-le tout net : c’est très triste. Ces gens sont tristes. Ils me font sincèrement de la peine, car ils gâchent leur santé et leur belle jeunesse à voir le monde en noir, à chercher des méchants et des complots partout, dans une parano qui va croissant…

Et vous, pensez-vous que la haine, la fureur, puissent être le ferment de quoi que ce soit de productif, de constructif pour la France et le monde?

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Besancenot, ou comment combattre une injustice par une autre

Autant Le Pen n’a jamais réussi à se faire passer pour un type sympathique, autant Besancenot parvient à masquer le danger qu’il porte avec sa gueule d’ange et son image de gendre idéal quoique imberbe. Voilà désormais notre facteur considéré comme le meilleur opposant à Sarkozy, d’après un sondage publié par le Figaro. Danger pour le PS, mais surtout, pour la France. Et signe que le néo-libéralisme ne mène à rien à part au désastre.

Il y a beaucoup à dire sur cette nouvelle configuration politique. Précisons que Besancenot arrive non seulement en tête des sondés au niveau global (17%, devant Delanoë à 13% et Hollande et Royal à 9%), mais surtout au sein de l’électorat socialiste (avec 26%, il arrive largement devant Delanoë avec 17%, Hollande avec 11% et Royal avec 10%). Partant de là, on peut bien sûr s’interroger, avec Luc Mandret, sur les conséquences de ce succès, et en premier lieu sur le PS qui a tout à perdre d’une montée de la LCR à sa gauche. Et qui par la force des choses, va à coup sûr tenter de le contrer par un recentrage. Ce qui fera de nouveau monter Besancenot… qui ne sera jamais majoritaire, et donc restera stérile. La LCR et le futur « nouveau parti anticapitaliste » joueront-ils, comme Le Pen, le simple rôle d’idiots utiles? Nicolas Sarkozy, cité par Marianne, le résume bien en s’adressant ainsi à François Hollande, « vous nous avez emmerdés pendant des années avec Le Pen, maintenant, on va vous niquer avec Besancenot ». L’analyse est belle, mais incomplète, car elle ne s’intéresse qu’au petit jeu politique sans aller au fond des choses.

En apparence, Besancenot se présente juste comme un vrai socialiste. Son discours global, celui qu’on entend le plus souvent, celui qu’il clame sur les plateaux de télé, n’est pas beaucoup plus à gauche que celui du PS d’il y a une trentaine d’années, celui d’avant la conversion à l’économie de marché. Et c’est bien sûr ça qui fait son succès. Quoi qu’on en pense, lui, il est sur le terrain. Il est aux portes des usines en grève. Il est du côté de ceux qui souffrent. Il les défend, amène des caméras avec lui. Pendant ce temps, où sont les socialistes? A préparer leur congrès, à s’interroger sur la définition du mot « libéralisme », bref, à cent lieues des préoccupations des Français. Si j’étais socialiste, je voterais Besancenot sans hésiter. Bon ok, je ne le suis pas…

Mais il faut également, avec Koz, s’interroger sur la réalité intime du personnage. Sur le message qui se cache derrière les belles phrases, derrière l’invitation chez Drucker, derrière le gentil facteur qui se dresse contre les méchants patrons. Je suis entièrement d’accord avec lui lorsqu’il s’emporte en ces termes : « Il faut en finir avec la bienveillance coupable avec laquelle on regarde Olivier Besancenot. Il faut en finir avec cet étonnant complexe bourgeois (pour le coup) qui fait que l’on attaque si peu Olivier Besancenot, protégé par sa gueule ronde et sa jeunesse comme par un talisman. Il faut prendre Besancenot pour ce qu’il est. Pas un bon ptit gars. Pas un romantique. Il faut avoir conscience en l’écoutant et, pour ceux qui le font, en lui parlant, que l’on a affaire à quelqu’un pour lequel le respect de la vie est relatif, subordonné aux objectifs politiques. »

J’abonde également dans son sens lorsqu’il dénonce l’accueil fait par Besancenot à Jean-Marc Rouillan, ex d’Action Directe. Lorsqu’il réclame une clarification, « que Besancenot ne puisse pas tenir deux discours. Qu’il ne puisse pas offrir sa gueule de bon facteur rond et jeune tout en assumant ces discours au sein de son parti, discours qui sont très certainement les siens lorsque les micros s’éloignent. »

La preuve : ses disciples ébahis, tels CSP, prennent prétexte de la violence quotidienne subie par les travailleurs pour ne pas condamner, voire se réjouir, du terrorisme passé d’Action directe. Comment, dans ces conditions, ne pas avoir peur de tels militants? On voit certains de ses commentateurs affirmer benoîtement que Rouillan a payé sa dette, d’autres confier leur admiration pour cet assassin non repenti. Et le même CSP le dit lui-même : « Le NPA a venir ne sera pas l’épouvantail commode qui permet aux autres partis de se donner bonne conscience : on a plus faim que ça. Et c’est pour ça que le stratagème de la droite, dont on peut être certain qu’elle se félicite actuellement avec force ricanements, va lui retomber sur la gueule plus vite qu’elle ne le croit. Ces gens nous sous-estiment : on est vraiment très énervés… »

Il est vraiment abbérant aberrant (merci Raveline!) qu’en France, en 2008, de tels partisans de la dictature du prolétariat puissent se trouver aussi haut dans les sondages. Mais surtout, que personne ne s’en émeuve! Je l’ai déjà écrit ici mais je le répète : pour moi, les trotskystes et les fascistes sont de la même trempe, ils sont de ceux qui jouent sur les peurs pour tenter de séduire les plus faibles.

Ils dénoncent de vraies injustices, pour prôner une injustice plus grande encore. Mais le problème n’est-il pas qu’aujourd’hui, en France, personne d’autre de raisonnable ne dénonce les méfaits, la barbarie d’un système néolibéral effectivement inhumain, meurtrier, matérialiste au possible?

Le problème n’est-il pas qu’un nombre incalculable de gens ne voient pas de solution à l’horizon? Que nombre d’Etats soient sommés de se conformer à une ligne économique et politique orthodoxe mais destructrice de l’humain, de la diversité culturelle, de la terre elle-même? Qu’on accepte des trucs immoraux au possible, sous prétexte « qu’on ne peut rien faire »? Qu’on accepte d’ériger en règle inattaquable la loi de l’offre et de la demande, qui est d’une stupidité sans nom? Qu’on accepte de mettre en compétition des Etats qui n’ont pas les mêmes règles sociales? Qu’on se laisse gouverner par des tarés qui jouent dans les salles de marché comme les prolétaires jouent au loto? Qu’on accepte ainsi d’être à la merci d’une rumeur, d’une baisse de moral des investisseurs, d’une peur psychologique qui fait baisser les cours? Que le gateau soit sans cesse partagé entre les mêmes, au mépris de toute justice? Que les incompétents aient des primes de risque, quand ceux qui triment et créent la richesse n’ont jamais aucune reconnaissance de leur travail?

En tant que journaliste, j’ai couvert des conflits sociaux où on croit marcher sur la tête. Il ne faut pas s’étonner d’entendre certains réclamer qu’on mette la tête de certains dirigeants au bout d’une pique.

Pour moi, Besancenot est clairement un adversaire. Mais les néolibéraux – j’entends par là les libéraux qui ont mal tourné, et qui prônent la dictature du marché et de la finance – le sont tout autant. Et plus que jamais. La justice sociale doit être un objectif politique prioritaire. La popularité de Besancenot doit nous le rappeler.

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Bilan en épilogue de six mois de lutte pour la pouvoir

M. Sarkozy a vaincu en remportant son pari d’unir les droites. – Nicolas Sarkozy est donc le nouveau Président de la République. Le peuple a parlé, il n’y a pas de commentaire particulier à faire si ce n’est que son avance confortable le dote d’une légitimité pour accomplir ce qu’il a promis. Méfiance cependant, car Chirac avait par deux fois mal interprété le mandat donné par le peuple, en 95 (élu sur la fracture sociale, il met tout le monde dans la rue six mois plus tard) puis 2002 (élu par un front républicain, il l’ignore dans sa composition gouvernementale). Cette fois, il semble que Sarkozy soit clairement élu par une majorité de droite pure. Le nouveau président est parvenu à faire ce qu’aucun avant lui n’avait réussi : unir toutes les droites, du FN à la frange droite de l’UDF, en passant par les gaullistes, les radicaux, les libéraux, les conservateurs, les Dupont-Aignan et de Villiers. Peut-être y’a-t-il dans ces 53% une part d’électeurs de gauche. Mais c’est la part congrue du gateau. Pour autant, Sarkozy aura intérêt à universaliser son discours s’il veut remporter les législatives. Il a déjà commencé à le faire dans son discours suivant l’annonce de sa victoire. Avec une certaine hypocrisie, d’ailleurs : en gros, il appelle à respecter les idées de Mme Royal (lui qui n’a pas cessé de ne leur accorder que du mépris), et veut unir les deux France. Or il ne bouge pas d’un iota sur ses convictions. Rassembler ne veut pas dire mettre tout le monde derrière soi, il faut composer pour cela. On verra s’il en est capable.

 – Ségolène Royal éliminée, le PS risque d’imploser. – Les collègues de Ségolène n’auront pas attendu ni le lendemain de la défaite, ni les législatives pour critiquer durement une campagne menée en solo et sans idées fortes selon eux. Jospinistes, Fabiusiens, Strauss-Kahniens rêvent de bouter Hollande hors du PS pour en reprendre le contrôle. Lui qui est premier secrétaire du PS depuis 1997, n’a-t-il pas une part de responsabilité dans ces échecs répétés? Même si les éléphants feignent de se mettre en ordre de bataille pour les législatives, la chasse est lancée. Chasse au pouvoir, ou chasse aux idées? Il va falloir agir si la gauche veut un jour revenir aux affaires. Et arrêter de miser sur les défaites des concurrents pour espérer gagner en solo.

Contrairement à ce qu’on lit ici et là, sur les blogs socialistes ou engagés à gauche, oui, le PS s’est pris une grosse claque hier. Peut-être la débâcle est-elle moins grave qu’en 2002 (et encore, Jospin aurait sans doute battu Chirac au deuxième tour si les voix ne s’étaient pas dispersées au premier). Mais ce qui est pathétique pour la gauche, c’est qu’on a l’impression que les 47% obtenus sont un plafond. On sent que Royal a fait le plein des voix de gauche, associées à une partie de celles de Bayrou. Alors quelle marge de progression? Royal veut « continuer » à diriger la campagne, veut « continuer » dans la voix d’une union avec les centristes. Sauf que d’une part Bayrou n’a jamais donné son accord, et d’autre part, il n’est pas sûr que DSK et Fabius la laissent faire. Il sera comique de voir comment le PS va se sortir de cette nouvelle ornière. En espérant ne pas être supplanté par un éventuel mouvement démocrate de Bayrou?

 – Bayrou marche sur des oeufs les yeux bandés.- Le « mouvement » qui s’est constitué derrière le leader de la future ex UDF est fragile. Qui dit que ses électeurs du 22 avril le suivront dans un mois? Il est évident que son parti a réuni un réel courant de sympathie et que ses idées ont progressé au cours de cette présidentielle. Mais attention aux mouvements éphémères, la claque risque d’être rude en cas d’échec. D’autant qu’une grosse partie des parlementaires UDF, soucieux de conserver leur siège, et conscients que l’alliance avec la droite fonctionne depuis trop d’années pour pouvoir rompre avec elle sans dommage, ont préféré choisir Sarkozy. Rejoindront-ils le mouvement démocrate? Se rallieront-ils à l’UDF new look défendue par Gilles de Robien, et qui ne sera sans doute qu’une succursale de l’UMP? De cette question dépend sans doute en grande partie l’avenir du Béarnais, une nouvelle fois seul contre tous. Comme si l’ouvrage qu’il avait patiemment construit s’était écroulé en quelques jours. On ne le redira jamais assez, pour Bayrou, c’était finalement soit la victoire le 22 avril puis le 6 mai, suivi d’un probable bon score aux législatives, soit la débacle. Tout ou rien. Reste pour lui à miser sur 2012? Rappelons toutefois qu’en 2002, Bayrou ne valait pas lourd face à l’hégémonique UMP. Et qu’au final, cinq ans plus tard, près d’un électeur sur cinq l’a choisi!

 – L’hypocrisie des chaînes de télévision quant aux résultats. – Il faudra revoir soit le système électoral, soit la manière dont les chaînes de télé ou de radio couvrent l’événement. Dès la toute fin d’après-midi, alors que tous les internautes connaissaient le résultat au gré de leurs emplettes sur le Temps, le Matin ou la RTBF, les télés ont dû faire un sacré numéro d’équilibrisme pour ne pas violer la loi tout en paraissant être dans le coup. Que nous montrait-on? Le QG de l’UMP tout sourire, celui du PS tout cramoisi. Les militants UMP brandissant des ballons, criant « on a gagné! », et des sympathisants PS visiblement effondrés. Fillon arborant la fierté du vainqueur, Strauss-Kahn arrivant la mine déconfite au QG de campagne de Ségolène Royal. C’est du grand n’importe quoi! La conséquence de la course à l’audience. On se demande à quoi sert de nous repasser en boucles ces images de Bayrou, Royal, Sarko, Chirac et Villepin en train de voter. De nous bassiner sur le taux de participation pendant des heures.

Que peut-on faire? Peut-être ceci : fermer tous les bureaux à 20h. Interdire sous peine d’amende aux instituts de sondage de délivrer leurs estimations aux chaînes étrangères avant cette heure fatidique. Et annoncer les premières tendances sur les radios et télés nationales à 21h. Non?

 – Les casseurs, tristes sires de l’anti-démocratie.- Quelle misère. Quel paradoxe. D’un côté, des soi-disant combattants de la démocratie, pourtant pris en flagrant délit de contestation de l’élection d’un président de la République au suffrage universel. On se croirait dans les pays sous-développés, où l’annonce des résultats électoraux produit souvent des troubles du même type, quoique bien plus violents. Je parle des anars, de ces militants d’extrême-gauche qui jugent malin de briser des cabines téléphoniques, de brûler voitures et poubelles, et d’affronter des policiers qui s’en donnent à coeur joie en retour. Ne peuvent-ils pas manifester leur colère sans violence? Gandhi, raconte-leur comment tu as fait, toi.

De l’autre, certains habitants des quartiers sensibles, qui ne comprennent pas qu’ils font le jeu de celui qu’ils veulent dénoncer en incendiant des véhicules par centaines. Que se retrouver en garde à vue ne leur apportera rien. Sinon des ennuis. Un casier judiciaire. Encore moins de chances de trouver un emploi sympa. A la limite, ceux là sont excusables. Car ils souffrent. Les anars, eux, sont des bourgeois qui s’ignorent. Des immatures qui ne jurent que par la révolte et l’utopie. Et ne se rendent même pas compte que leurs actions sont les cache-sexe d’une vie triste parce que sans cesse contestataire. Parce que chez ces gens là, monsieur, on ne sourit pas. Non, on ne sourit. On râle. Chez ces gens-là, m’sieur, on ne construit pas. Oh non, on ne construit pas. On ne veut que détruire.

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