Archives de Tag: Chirac

Sarkozy « off »

J’achève la lecture de [Off], ce que Nicolas Sarkozy n’aurait jamais dû nous dire, écrit par deux journalistes de Marianne, et non des moindres, Nicolas Domenach et Maurice Szafran. Je raffole de ces bouquins politiques qui nous révèlent l’envers du décor, même si je suis souvent déçu au bout du compte. Après Le président et moi, écrit par le journaliste du Monde Philippe Ridet, c’est le deuxième livre du genre qui est publié, dévoilant les coulisses d’une relation très personnelle entre un journaliste politique et Nicolas Sarkozy. Lire la suite

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Les cahiers secrets de Michèle Cotta

Un gros pavé. Une bible politique. Voilà ce que sont les cahiers secrets de Michèle Cotta, nous dévoilant les coulisses de la vie politique de la Ve République. Il faut être à la fois obstiné et passionné pour en venir à bout. Mais le jeu en vaut la chandelle, pour peu qu’on ne prenne pas cet ouvrage pour ce qu’il n’est pas : un livre historique. Lire la suite

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Brève d’outre-comptoir (3) : confidentiel, mon oeil!

Confidentiel lu sur le figaro.fr : Jacques Chirac a vu le dernier film de Nicolas Hulot. Incroyable! Mais non, vous avez bien lu. Nos journalistes infiltrés du Figaro, au prix d’efforts insensés, au mépris du danger, au risque de leur vie, que dis-je, au nom des principes hérités d’Albert Londres, ont décroché pour nous sous le manteau cette information essentielle, et bien sûr exclusive : l’ancien président de la République a été invité par Nicolas Hulot à une projection spéciale en avant-première. Épatant, non?

En revanche, on ne saura pas s’il a aimé. Déjà qu’il n’est pas évident de recopier un communiqué de presse et de le faire passer pour une information confidentielle, s’il fallait en plus chercher et fouiller avant de tremper sa plume dans son encrier et mériter sa place dans la rubrique « échos », le journalisme deviendrait un métier de dingue!

Bonnes gens, préférez donc les confidentiels de Pensées d’outre-politique, bien mieux renseignés : ici, on est en mesure de vous annoncer que le chafouin a vu Un Prophète il y a quinze jours. Que c’est un excellent film, d’une puissance rare dans le cinéma français actuel, et surtout, d’un réalisme troublant sur ce que sont les prisons françaises.

Et toc. Voilà ce que c’est, un bon confidentiel.

P.S : veuillez excusez mon absence de ces derniers jours. Cela risque de continuer puisque je suis dépourvu de connexion internet jusqu’à nouvel ordre. Et qu’au boulot, j’ai franchement autre chose à faire qu’à bloguer de manière approfondie.

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Clearstream : mais qui est la victime, finalement?

A la vie, à la mort. Le procès de l’affaire Clearstream, qui met au prise le président de la République à un ancien premier ministre, a débuté hier dans une ambiance déjà très chaude, puisque Dominique de Villepin a fait déjà très fort, en accusant Nicolas Sarkozy « d’acharnement » à son encontre devant les caméras. L’épilogue d’un combat sans merci entre les deux hommes, dans lequel on se demande toujours qui tient le rôle du « gentil » et du « méchant ». Lire la suite

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La nostalgie Chirac

chiracLes Français sont incorrigibles. Il y a deux ans, ils ont viré le père pour élire le fils, qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau, mais faisait croire qu’il allait enfin changer la manière de gouverner. C’est ce qui passionna les Français. Et maintenant que le fils est au pouvoir, qu’il fait grosso modo la même chose que le père, mais en moins classe, les gens voudraient le retour du père. Du Vieux. Lire la suite

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Siffler en travaillant

siffler1Eh non, je ne participerai pas à la Journée Nationale des Mécontents (JNM), rebaptisée parfois Journée Nationale de Tous Ceux qui ont une Bonne raison de Râler (JNTCBR). Après avoir été à deux doigts de faire gève aujourd’hui, la raison l’a finalement emporté : il est hors de question que je mêle ma voix à tout ce cortège anarchique de revendications. Lire la suite

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Des hommes d’Etat

Des hommes d’Etat, c’est la chronique de la comédie du pouvoir et des luttes d’influence qui se sont jouées entre trois hommes, de 2005 à 2007 : Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin. Couchées sur le papier par Bruno Le Maire, conseiler politique puis directeur de cabinet de ce dernier à Matignon, ces notes racontent aussi l’intimité du pouvoir, faite à la fois de bassesses et de grandeur d’âme. De courage et d’hypocrisie. De sacrifices et de compromissions.

Il a tout vu de l’intérieur. Clearstream, le référendum sur la Constitution européenne, la crise du CPE, les émeutes en banlieue. Et parallèlement, pendant tous ces mois, il a assisté de façon privilégiée, en spectateur muet, aux tensions persistantes entre les trois acteurs principaux du pouvoir de l’époque. Pour le meilleur comme pour le pire. Conseiller politique, plume de Dominique de Villepin place Beauvau puis directeur de son cabinet à Matignon, Bruno Le Maire se place bien sûr dans le « camp » de son ancien employeur, mais sans complaisance. Il respecte cet homme, l’admire même, mais ne semble pas manquer de lucidité lorsqu’il conclut ceci à son sujet, à l’heure où commence à être envisagé le retrait du CPE (mars 2006) : « Dominique de Villepin croit dans sa mesure, n’aime pas le compromis, refuse de s’avouer vaincu. Les qualités qui font son génie propre, le sens de l’intérêt général, la passion de l’Etat, une vision de la France, la dureté et une certaine austérité dans la pratique du pouvoir, sont devenus autant de handicaps à la résolution de la crise. Dans la composition de son caractère, il n’a pas ce trait, bon ou mauvais suivant les circonstances, qui tempère, passe des accords à l’amiable, recule de quelques mètres pour plus tard regagner du terrain. Tout en lui veut tenir, quitte à rompre. »

Bruno Le Maire, qui écrit sous la forme d’un journal intime, admet d’emblée n’avoir vu « qu’un versant des choses », et avoir forcément manqué ce « regard en surplomb qui embrasse tant et remet chacun à sa place ». Au fil des pages, on sent pourtant confusément en ce commis de l’Etat « l’honnête homme » tel qu’on l’entendait au XVIIIe siècle. On suppose qu’on n’a pas affaire à un énième livre de propagande politique, l’homme n’ayant pas d’intérêt personnel dans l’histoire. Cet ouvrage n’est pas objectif, mais c’est égal.

Car le serviteur zélé raconte tout, dans la limite du secret d’Etat. Dévoile le quotidien politique à l’aune de son expérience personnelle. Entrecoupe son récit d’anecdotes familiales, de sa frustration de ne pas voir son fils. Confie au jour le jour ses états d’âme. C’est le coeur du livre, c’est son intérêt. Comme dans un documentaire, on découvre la pratique du pouvoir de l’intérieur, la façon dont on gère un Etat.

Il y a son propre rapport au pouvoir, à la politique, qu’il voit comme tour à tour comme quelque chose d’exaltant et d’ingrat. « Dans ce métier, il n’existe rien de stable ni d’assuré, les lendemains assombrissent le présent, on court sans cesse contre le vent, on s’épuise, et les moments de plénitude y sont aussi violents que fugaces ».

Le rapport à la réalité, ensuite, ne lui semble pas évident à gérer. En juin 2005, à peine arrivé à Matignon, il écrit ceci : « Depuis trois semaines que nous sommes à Matignon, je n’ai quitté mon bureau que deux ou trois fois. Je ne vois plus d’amis, je ne sors pas de la capitale, la réalité me vient par la presse, la télévision, les remarques de mes visiteurs ». En août, alors que l’emploi est l’obsession de Villepin et que Le Maire reçoit des chômeurs de tous horizons afin de pouvoir élaborer une politique intelligente, il avoue que « malgré tout, je ne sais pas. Ces situations, je ne les ai pas vécues, moi-même, je les imagine, sans me les représenter vraiment. Tous les responsables politiques se trouvent face à la même difficulté: tirer parti d’une expérience qui n’est pas la leur ».

On s’amuse à lire ses réflexions sur l’hypocrisie entre ministres, sur leur empressement à venir se rapprocher de Villepin au moment où celui-ci est pressenti à Matignon. Ce seront les premiers à rallier Sarkozy le moment venu. Pas fou, Le Maire ne balance tout de même pas leurs noms. A noter aussi ce passage criant de vérité sur l’imposteur Douste-Blazy : « Il aura laissé sur le bord de la route politique beaucoup d’adversaires, qui estimaient sans doute valoir mille fois mieux que lui, mais qui dépourvus de son habileté ou handicapés par trop d’amour-propre, un jour ont trébuché et disparu ».

On dévore la discussion à bâtons rompus entre Chirac et Villepin, en présence de nombreux conseillers, lors de la formation de son premier gouvernement (juin 2005). Les négociations pendant des heures. Les femmes qu’il faut caser, les alliés politiques à contenter, l’environnement à cajoler, et cette conclusion de Chirac : « Les handicapés, ils sont bien mentionnés, j’espère. C’est très important vous savez. Ils sont cinq millions en France. Vraiment, c’est essentiel. »

Au sommet du pouvoir, on découvre un Chirac las d’exercer, en retrait. « Chirac, le gouvernement, tout ça, ça ne l’intéresse plus », confie Villepin à son conseiller politique en décembre 2005. On réalise que les rapports entre le président et son premier ministre n’étaient pas si cordiaux. Villepin gouverne par lui-même et est décrit comme ambitieux mais hésitant sur le chemin à prendre. Sarkozy, lui, semble impatient, maladivement impatient, et passe son temps à se préparer à la bataille qui s’annonce. Dommage que Villepin soit un peu trop présenté comme le gentil, et Chirac/Sarko comme les « deux méchants qui lui voulaient du mal ».

Sous les lignes de Bruno Le Maire, on sent en tout cas le ministe de l’Intérieur bien plus inquiet quant à une éventuelle candidature de Villepin qu’on n’a pu l’imaginer. Alors que peu à peu, cette hypothèse semble s’éloigner, Sarkozy reste fébrile. Après la déroute du CPE, il ne semble même pas se réjouir. « Nicolas Sarkozy regarde droit devant lui, il hoche la tête à deux ou trois reprises, et dit doucement : « C’est terrible, la politique ». Lui qui voit l’un de ses principaux rivaux s’affaiblir de jour en jour (…) ne manifeste aucune joie, aucun signe de satisfaction. Il répète juste : « C’est terrible ». » Une solidarité purement corporatiste avec son ennemi politique, comme s’il compatissait à une souffrance qu’il avait déjà vécue et qu’il craignait de revivre?

Jusqu’au dernier moment, Sarkozy a peur et Villepin réserve sa réponse, comme le témoigne cette conversation entre les deux hommes en décembre 2006.  » Toutes les candidatures sont légitimes, à l’intérieur de l’UMP. Je vous le redis, Dominique. – Je ne suis candidat à rien, Nicolas. – Admettons. – Tout le monde n’a pas forcément d’ambition, Nicolas. – D’ambition déclarée, Dominique. – Non, non, d’ambition tout court. – Disons que c’est une question de lucidité, quand on voit les sondages. – Ah, mais une ambition lucide, ce n’est plus une ambition, Nicolas! ».

Ils se détestent et s’admirent en même temps. Mais sous la plume de Le Maire, les rapports semblent courtois, parfois badins, voire presque amicaux. En dépit de l’affaire Clearstream, qui est survolée dans cet ouvrage. Toujours dans le non-dit et la suggestion, mais bien loin de la guerre de tranchée décrite à l’époque par les médias. Au point qu’à l’heure de la victoire finale, Nicolas Sarkozy aura ce mot : « Il y aura toujours de la place pour vous, Dominique ». Vraiment?

A lire si ça n’est pas déjà fait, et si vous aimez la politique. « Des hommes d’Etat », Grasset, 20,90€.

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Chirac, dernière déception ou dernier coup de bluff?

On espérait beaucoup de Chirac, et on a encore été déçu. Mais doit-on chercher une logique dans les déclarations de Jacques Chirac, cet homme qui comme son vassal Sarkozy, qu’il a semblé avoir définitivement adoubé hier, est une contradiction ambulante? Cet homme qui a changé d’avis comme de chemise pendant toute sa « carrière » politique? Cet homme, faut-il le rappeler, qui a toujours fait exactement le contraire de ce qu’il avait promis? Cet homme, qui a toujours agi contre le fond de ses pensées, si l’on en croit ce qu’il raconte dans le récent bouquin de Pierre Péan? Qui a proclamé son « amour de la France » mais n’a jamais rien fait de sérieux pour la relever?

Jacques Chirac a donc choisi Sarkozy. « Je voterai pour lui et le soutiendrai ». A priori, et officiellement, ce coup de pouce vaut de l’or pour le candidat estampillé UMP, qui depuis un bon mois fait du surplace. Il s’est d’ailleurs déclaré « très touché » par ce qu’il juge « important politiquement ». Sauf que :

– Il est intéressant de noter que Chirac souhaite soutenir Sarkozy parce que l’UMP, qu’il a lui-même créé, en a décidé ainsi. Ce sont ses propres mots. A aucun moment, il ne dit que c’est un bon candidat, qui a une bonne vision pour la France, qui a un bon projet. Nuance de taille. Certes, Claude Guéant (son directeur de campagne) a justifié ce bémol en assurant quil ne pouvait en être autrement vu que Chirac s’exprimait en tant que président. Pourtant, Jacques le Grand n’avait pas ses habituels drapeaux tricolores et européen dans son dos. Et son ton n’était franchement pas solennel, comme s’il voulait lui-même minimiser ce soutien. Comme s’il avait des kalachnikovs derrière le dos. Comme s’il était forcé de le faire. Sarkozy n’est-il pas son meilleur espoir de tranquillité judiciaire? N’est-il pas le meilleur cheval à soutenir pour le moment, du moins officiellement?

– On ne comprend toujours pas pourquoi Sarkozy a besoin du soutien d’un fossile qu’il déteste depuis des années et qui n’a plus guère de poids dans la vie politique, lâché un par un par tous les courtisans qui ne s’attachent qu’au pouvoir et non à sa personnification. Le bonus politique de ce « ralliement » bien plus tiède que ceux de Villepin, Barouin ou MAM (Debré, lui, sera peut-être le dernier à se taire à ce sujet!). Et le fait que Nico se raccroche à ce soutien comme une moule à son plat de moules est un peu décevant de sa part. Une nouvelle contradiction chez celui qui ressemble de plus en plus à son ex-mentor devenu ennemi mortel avant d’étrangement se muer en grand-père bienveillant bénissant son successeur.

Chirac est-il sincère, s’il l’a jamais été? Joue-t-il encore un double-jeu? Nous évoquions ici même, il y a quelques jours, plusieurs hypothèses : soit chirac soutenait timidement sarko et se taisait ensuite. Soit il le soutenait timidement mais aidait en coulisses un des deux autres (pour Le Pen, ça semble compliqué!). Soit il ne le soutenait pas et se réservait pour la suite. ça y est, il l’a soutenu, sobrement. Et maintenant? Va-t-il attendre des sondages plus précis? Va-t-il refaire le coup qu’il avait réservé à son grand ami Giscard en 1981?

Voir Chirac soutenir Sarkozy en vrai, ce serait une désolation de plus, une déception de plus, une misère de plus dans une carrière politique certes brillante mais terne du point de vue comptable. ça rappelerait la dissolution. Les retraites de couard face à toutes les manifestations d’ampleur qu’il a eu à affronter, en 1986, en 1995, en 2006. Allez, pas cap’! Un p’tit soutien en douce, à la Chirac, on veut y croire. Ne serait-ce que pour avoir une excellente chute pour la prochaine biographie qui ne manquera pas de sortir sur le dinosaure de l’Elysée, à côté duquel les éléphants du PS sont de tout petits mammifères.

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La dernière botte de Chirac?

Jacques Chirac partira-t-il avec un dernier pied de nez à son actif? Le président a fait hier soir ses adieux à cette France qu’il « aime ». A la politique, à laquelle il a consacré toute sa vie. Le « Vieux » a fait hier soir un beau discours pour rentrer dans l’histoire. Mais puisque les couteaux sont tirés pour le remplacer à l’Elysée, toute la question, maintenant, est de savoir s’il soutiendra un candidat, donnera sa bénédiction à un éventuel successeur, et si oui, lequel?

Car si Nicolas Sarkozy attend aujourd’hui apparemment de façon désespérée le soutien de celui qu’il dit honnir depuis maintenant cinq ans (le Nico n’est pas à une contradiction près!), la bête de politique Chirac n’aimerait-elle pas accomplir un dernier « coup »? Après avoir enterré de nombreuses personnalités censées être de son camp (Chaban, Giscard, Barre, Balladur, Seguin, entre autres), il pourrait être tenté de porter un enième coup fatal, cette fois ci au susnommé Sarkozy.

Chirac n’a-t-il pas clairement affirmé, dans le récent livre-entretien écrit par Pierre Péan, que pour lui, le libéralisme était un mal aussi important que le communisme? Et il n’a jamais cessé, durant son dernier mandat, de chercher à affaiblir son « fils-rival » en espérant pouvoir se représenter au cas où celui-ci chuterait dans les sondages.

Et maintenant que le moment attendu est arrivé, qu’il a échoué dans cette tentative, il apporterait son soutien à Nicolas, à celui qui lui a pris son parti, à celui qui l’a déjugé à Washington (avant de se reprendre récemment par calcul), à celui qui veut depuis cinq ans rompre avec le chiraquisme, qui a ferraillé pendant des années avec le favori Villepin? S’il le faisait, cela serait un nouveau revirement de la part de Chirac. Nonobstant l’invraisemblance théorique de ce soutien, les commentateurs politiques, ceux qui côtoient tous les jours le gratin parisien des Etats-majors de campagne, persistent à le croire crédible : cela reste donc une option, malgré tout.

Le « coup de chapeau » de Bayrou, un appel du pied?

Il y a en revanche deux autres possibilités. Qui d’un point de vue romantique et comico-tragique auraient plus de classe et pourraient tenter l’animal politique qu’est Chirac. Si Jacques le Grand veut une nouvelle fois abattre son camp (de nombreux témoignages laissent à penser qu’il a contribué à la défaite de Giscard en 1981 face à Mitterrand), qui n’est en réalité pas le sien, il peut se taire, et soutenir discrètement l’un des deux challengers de Sarkozy : Royal ou Bayrou.

D’ailleurs, alors que l’UMP a « pris acte » hier soir de la décision présidentielle et que Sarkozy n’a pas daigné commenter le discours de Chirac, Ségolène a pris le soin de saluer la « dignité » de son allocution. Et François Bayrou, lui, n’a pas hésité à oublier le coup mortel que lui avait porté le président en 2002, lorsque celui-ci avait créé l’UMP et tenté d’abattre l’UDF : le Béarnais a carrément porté un « coup de chapeau » à Jacques Chirac. Un appel du pied?

Arrières-pensées? On peut penser que l’un et l’autre pourraient tirer profit de l’aide d’un homme dont les réseaux sont encore puissants et dont la qualité d’arbitre peut se révéler décisive. Car une fois libéré de l’action politique par ce discours, il y a fort à parier que les Français deviendront tout d’un coup amnésiques du passé, du passif et de l’inaction du président pendant ses douze années à la tête de l’Etat (à part sur l’Irak ou le Liban, la défense de la laïcité ou de la République, sans doute)

C’est d’ailleurs hautement paradoxal et presque inespéré pour lui : cet homme raillé dans toute la sphère politique, au bilan décrié jusque dans son camp, pourrait jouer un dernier rôle avant de s’effacer, un dernier acte avant que le rideau ne tombe. Et qui des trois principaux candidats – si l’on excepte Le Pen, cela va sans dire – ne rêve pas d’obtenir l’onction divine du « Vieux », au moins pour le symbole?

Il sera donc très intéressant de suivre de près ce que va dire Chirac dans les semaines qui viennent. Il serait assez amusant de voir la bête blessée et au bord de la retraite frapper une dernière fois. Par orgueil. Cela n’aura sans doute aucune incidence sur le résutat final, mais pour la beauté du geste, M. Chirac, nous referez-vous une dernière botte dont vous avez le secret?

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