Archives de Tag: Bertrand

Remaniement : une redistribution des cartes à droite

Le remaniement annoncé dimanche en début de soirée (liste complète ici) n’est pas en soi une surprise ni un événement important, mais il constitue un affichage symbolique et une étape sur la route vers 2012. L’équipe dite « resserrée » (30 ministres contre 37 précédemment) fait un tout petit peu de place aux quelques rescapés de l’ouverture et aux centristes-villepinistes, mais fait avant tout la part belle aux anciens du RPR. Surtout, Morin et Borloo quittent le gouvernement amers et prennent déjà date pour la présidentielle. Lire la suite

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Qui mise sérieusement sur François Fillon?

Voilà-t-y pas, chers amis, que le soleil de mars aidant, certains esprits embués par le sommeil envisagent ouvertement la possibilité d’une mise sur orbite de François Fillon pour 2012. Traduction : l’actuel premier ministre, poussé par sa cote de popularité, par ses réseaux formidables au sein de l’UMP, et par la classe de sa mèche, pourrait envisager le meilleur, à savoir la présidence de la République. Et l’élection de dimanche? Lire la suite

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Siffler en travaillant

siffler1Eh non, je ne participerai pas à la Journée Nationale des Mécontents (JNM), rebaptisée parfois Journée Nationale de Tous Ceux qui ont une Bonne raison de Râler (JNTCBR). Après avoir été à deux doigts de faire gève aujourd’hui, la raison l’a finalement emporté : il est hors de question que je mêle ma voix à tout ce cortège anarchique de revendications. Lire la suite

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Et le dimanche, l’Etat gardera vos enfants…

J’insiste, j’enfonce la plaie dans le couteau, je rentre dans le lard. Le gouvernement va plus vite, plus loin, plus fort, peut-on lire dans le JDD sous la plume de du servile Claude Askolovitch, dont on peut s’interroger sur l’indépendance dans cette affaire (*). Alors qu’hier, la CGPME a exprimé ses inquiétudes au sujet de la libéralisation du travail dominical, et qu’aujourd’hui, Nicolas Sarkozy doit s’exprimer à son tour sur cette question, Xavier Bertrand propose d’ouvrir des crèches sept jours sur sept.

Et pourquoi pas, en effet?

« Les nouvelles crèches notamment, il faudra aussi qu’elles puissent être ouvertes sept jours sur sept quand il le faut. Parce que quand vous êtes commerçants, pourquoi vous n’auriez pas le droit d’avoir vos enfants à la crèche ? », a expliqué le bonhomme.

Et le livreur de lait de la nounou, lui aussi, pourra ouvrir le dimanche, au cas où. Le cordonnier du livreur, on ne sait jamais. Et puis l’assureur du cordonnier. Et le banquier de l’assureur. Et le magasin de vêtements du banquier?

« Il faut qu’on puisse se caler au rythme de vie et aussi au rythme de consommation des Français », nous explique Xavier Bertrand, l’homme dont les dents raient le parquet au point d’être ralenti dans sa course en avant et doublé par Jean-François Copé et Xavier Darcos, c’est dire… Voilà bien la preuve qu’il ne s’agit pas seulement, comme l’a prétendu Luc Chatel, de simplement toiletter la législation pour rationnaliser un système très compliqué (ce qui était est effectivement le cas). Je n’aime pas l’idée selon laquelle on envoie les gens au turbin pendant que l’Etat garde leurs enfants.

En réalité, on ne cherche pas tant à contenter les Français qu’à adapter de force leur mode de vie aux desiderata de quelques-uns, et notamment de lobbies de la grande distribution et des grandes enseignes du textile. Pour le secteur de l’ameublement, c’est déjà fait… Et tant pis pour les conséquences sociales/sociétales de la mesure! On se doute qu’une fois la brèche entamée, et une fois passé le moment de l’émotion du travailler plus pour gagner plus, le doublement du salaire n’existerait plus que dans les rêves les plus fous des employés. 

Et quand on regarde de plus près sur le sondage malhonnête publié par le JDD (merci à un commentateur de Koz de l’avoir signalé, j’étais passé à côté…) on se rend compte que ce ne sont pas « 67% des Français qui sont prêts à travailler le dimanche », comme on l’a entendu partout… Mais 17% des Français qui répondent « oui, toujours » à la question « Travailler le dimanche est payé davantage qu’en semaine. Si votre employeur vous proposait de travailler le dimanche, accepteriez-vous? », contre 33% qui répondent « non jamais » et « 50% « oui, de temps en temps », ce à quoi ils auraient aussi pu répondre « non, pas toujours »!

P.S : la photo illustre bien sûr ma promenade en forêt de dimanche dernier.  C’est un appel à la méditation, plus qu’à la consommation!

P.P.S : après avoir désigné Askolovitch de l’adjectif « servile », et en confrontant mon opinion avec celle de plusieurs commentateurs, je retire ce mot excessif issu d’un premier jet un brin énervé. Mea culpa. On peut néanmoins s’interroger et s’inquiéter au sujet de l’indépendance du JDD dans cette affaire. Un sondage manipulé et déformé, qui sort le jour même d’une interview accordée à un ministre qui le même jour, est en déplacement de promotion sur ce thème dans un centre commercial, ça fait beaucoup. Et ça fait surtout beaucoup les affaires du gouvernement, il me semble.

P.P.P.S. : lire aussi le point de vue gauchiste de Koz.

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Libéraliser le travail dominical, c’est fragiliser l’individu et la famille

« Le dimanche n’est pas un jour comme les autres, c’est vrai. Mais il faut aussi voir comment les choses évoluent. Nous ne pouvons pas refuser à des personnes qui souhaitent travailler le dimanche de le faire », a expliqué hier le ministre du Travail,  Xavier Bertrand, en déplacement avec le secrétaire d’Etat à la consommation, Luc Chatel, pour rappeler la mobilisation du gouvernement sur ce sujet.

On y est : le vote de la proposition de loi Maillé, repoussé plusieurs fois, et qui multiplie les dérogations, pourrait intervenir avant la fin de l’année.

Toujours le même raisonnement : le principe reste que le dimanche est un jour de repos, et qu’on ne va pas revenir dessus! Mais on va assouplir, avec le chantage à la création d’emplois et au retour de la croissance, pour protéger la liberté de ces gentils travailleurs qui veulent bosser plus pour gagner plus, et d’ailleurs, un sondage très opportun nous apprend que 67% des Français (je me demande qui?je n’en connais pas) sont prêts non pas à aller faire des courses le dernier jour de la semaine, mais bien à travailler ce jour-là! Il va falloir m’expliquer…

C’est la grande technique : assurer qu’on va respecter un principe, et dans le même temps, lui tordre le cou en appelant à briser les tabous et à sortir des carcans.

On a déjà examiné en détail la proposition de loi Richard Maillé, qui ne va pas très loin, il est vrai, mais écorne déjà sérieusement le principe du repos dominical. Ne soyons pas dupes : une fois que la brèche sera ouverte, les nouvelles exceptions passeront comme une lettre à la Poste. On a ici même beaucoup débattu des conséquences que pourraient avoir une libéralisation du travail du dimanche. Et beaucoup dénoncé l’hypocrisie de ceux qui ouvrent déjà chaque dimanche au mépris de la législation. Pas de radar pour eux.

Je ne vais pas aborder à nouveau les contours économiques de cette loi, même si je reste persuadé, d’une, que le portefeuille des Français n’étant pas extensible, l’ouverture des commerces le dimanche n’augmentera pas leur pouvoir d’achat, et de deux, que les grands perdants seront une nouvelle fois les commerces de ville, si l’on en reste là. Je reste aussi convaincu qu’une « pause commerciale » ne fait pas de mal pour l’Homme. Marre de voir des gens se promener en famille dans les centres commerciaux! Ils seraient aussi bien en forêt à cueillir des champignons.

Pour le reste, les syndicats me paraissent totalement hors-sujet en se focalisant uniquement sur la question du libre choix et du salaire. C’est bien sûr une revendication importante, mais il faut dépasser cet aspect : même payé double et choisi librement (mais ne rêvons pas), le travail dominical ne serait pas satisfaisant.

C’est en effet une véritable révolution de société qu’on risque de subir avec la généralisation du travail dominical. Je suis bien placé pour le dire : dans mon entreprise, on va bientôt devoir tous travailler par roulement le dimanche. Le journalisme ne s’arrête certes pas un jour par semaine. Mais je note que nous n’avons pas eu le choix, et qu’il n’y aura pas d’augmentation de salaire ce jour-là.

Politique de civilisation? Mon oeil! Si on voulait tuer la famille, si on voulait isoler encore plus l’individu, on n’agirait pas autrement. Car que va-t-il se passer? Pour ceux qui travailleront le dimanche, un décalage total par rapport à la société. Des périodes de travail de dix jours sans interruption, avec le jeu des repos hebdomadaires. Et si tout le monde prend ses repos de façon librement choisie, et donc différente, n’est-ce pas la mort de la convivialité?

L’avantage d’un repos identique pour tous saute aux yeux : cela permet à tous de se retrouver, amis, familles… Mariages, communions, bar mitzvah, repas familiaux, pendaisons de crémaillère…

Au lieu de cela, et si l’on s’oriente dans cette voie, certains prendront leurs repos le lundi, d’autres le mardi, etc. Avec parfois, au sein d’une même famille, un mari qui ne prend pas ses jours le même jour que son épouse! Et les enfants, dans tout ça?

On parle beaucoup en ce moment, évidemment, des origines de la crise financière actuelle, de la cupidité, de l’égoïsme des marchés, de leur absence de moralisation. Mais à quoi sert-il de se répandre en banalités et en grands mots, si ce n’est pour en retenir aucune leçon?

Car que fait-on, là, à part raisonner uniquement en termes économiques, et en oubliant tout le reste? En oubliant, tout simplement, l’homme?

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Travail dominical : le conseil économique et social ne se mouille pas

Alors que le Sénat puis la commission mixte paritaire ont bel et bien adopté, sans sourciller, l’amendement présenté au dernier moment et autorisant les magasins d’ameublement (on se demande au nom de quoi) à ouvrir le dimanche, le conseil économique et social a présenté de manière officielle son rapport sur le travail dominical, qui est en réalité le même que celui qui avait été élaboré en février 2007.

Ce rapport, vous pouvez le lire ici (faites défiler jusqu’à la page 33).

En revanche, si vous n’avez pas assez de temps et désirez avoir une vision quelque peu neutre de l’affaire, vous pouvez vous contentez de la dépêche AFP. Et pour une vision subjective mais qui me paraît correspondre à la réalité, allez voir par là.

Rapport prudent, en effet. Si on lit bien, on sent que le CES ménage la chèvre et le chou. Une extension généralisée du travail du dimanche serait odieuse, mais en rester à la situation actuelle serait tout aussi stupide. Conclusion : étendons, sans trop étendre. Exactement ce que disait au début du mois Xavier Bertrand, en somme! Sachant que la loi, elle, est prévue pour 2008. Et qu’elle pourrait ouvrir de nouvelles dérogations!

Le CES propose quoi? ouverture des commerces de détail alimentaire jusqu’à 13 heures le dimanche (contre 12h30 aujourdhui), ouverture de tous les commerces le dimanche en zones touristiques, ouverture pendant cinq dimanches de droit pour les commerces de détail (huit si l’impact est jugé positif, et selon les zones géographiques). Rien de bien révolutionnaire. Si on en restait là, ce ne serait pas si grave.

Je ne vais pas plus rentrer dans les détails, car je n’en ai pas le temps, d’abord et qu’ensuite, on a déjà beaucoup parlé ici de ce sujet. Brièvement. Ce qui m’inquiète, c’est le libre choix dont parle Jean-Paul Bailly, le président de la Poste et rapporteur du texte. ça veut dire, quoi, libre choix? Y aura-t-il d’autres secteurs que l’ameublement à bénéficier d’une dérogation totale? Comme dit le PS Bernard Dussaut, « ces mesures reviennent à légaliser des comportements illégaux ». C’est exactement mon sentiment. Balladez vous dans les grandes villes, depuis des années des commerces ouvrent en toute illégalité. Et après, on parle d’incivisme. On vous cartonne quand vous vous garez cinq minutes sans payer.

Challenges rapporte qu’en ce qui concerne le secteur de l’ameublement, « le secrétaire d’Etat à la Consommation, Luc Chatel, a estimé qu’il y avait « urgence » à légiférer dans ce secteur, où un certain nombre d’établissements avaient été condamnés pour avoir ouvert le dimanche. » Je ne vois pas trop bien où est la pédagogie là-dedans… Le bénéfice économique, lui, est très incertain à en croire le CES. Moralité : la loi qui sera prise en 2008 sera, si on poursuit sur cette voie, une loi clientéliste, qui ne défend absolument pas l’intérêt général.

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