Ils représentent ce qu’il y a de plus moche dans notre système. Leur seule existence est une des causes du désamour des Français pour la politique. Ils donnent la nausée. Et pourtant, ils continuent de jouer un rôle dans notre pays, d’être élus, conseillers, car ils tablent sur l’amnésie collective avec l’aide, le coup de pouce, voire la complicité des médias. Ce sont les traîtres, les opportunistes, les arrivistes, les faux-jetons… Ceux qui retournent leur veste sans l’user, on ne sait plus comment les nommer sans devenir impoli.
Le plus beau, le plus grand, le meilleur, et le premier de tous les traîtres, c’est bien sûr l’inénarrable Philippe Douste-Blazy. Douste-blabla. La gaffe ambulante. La risée du tout-Paris. Celui qui a poignardé Bayrou dans le dos pour rejoindre l’UMP au mépris de ses convictions continue de séduire la droite. Après le ministère de la santé, il a rejoint celui des ministères étrangères. La risée du monde entier, désormais. On imagine la tête de Villepin quand Chirac le lui a imposé. « Non, Jacques, tu peux pas me faire ça ». Il faut toujours le recaser ce fourbe. Pourquoi? Il a de précieux soutiens. Et même s’il fait plus rire que pleurer, il est rageant de voir le traître n°1 être nommé à chaque fois à des postes clefs. Douste aurait dû rester maire de Lourdes.
Juste derrière, on pourrait parler de Borloo. Sacré Jean-Louis. S’il a abandonné les affaires pour la politique, c’est qu’il avait un sacré talent à revendre. Et notamment celui de l’esbrouffe. Contrairement à son collègue Douste, Borloo a des qualités autres que la lèche et la caméléonite. C’est pourquoi on peut hésiter à la ranger dans cette catégorie des arrivistes. Mais à voir les dépêches AFP de ce soir, il n’y a pas le choix. Comment? Borloo rejoint Sarko? En quel honneur, si ce n’est celui de rester au pouvoir coûte que coûte? Lui, l’ex-UDF, passé comme tous les faibles d’esprit à l’UMP, là où le vent soufflait, lui qui a une réelle popularité, lui qui incarne une droite sociale, rejoint Sarko et pas Bayrou? Il mise ainsi sur la grosse cote, plutôt que de servir des convictions. A moins que Jean-Louis ne souhaite se ranger derrière celui qu’il croit le mieux placé pour pouvoir influer sur lui. Mais tout cela, cela sent quand même l’appel de Matignon à plein nez.
Fabius. Ce cher Laurent. Quel fourbe. Cet homme a été premier ministre réformiste sous Mitterrand. Chargé de revenir à une politique « censée » après le « à gauche toute » de Mauroy au début des années 80. D’éviter la claque que Mitterrand se prendra quand même en 86. Cet homme a été de toutes les sauteries de DSK dans les médias du type Nouvel économiste. Ce gars-là a incarné pendant des années l’aile droite du PS, social-libérale. L’alter-ego de Blair et Schröder. Le hérault du modèle Danois. Et en 2005, parce qu’il peut espérer ainsi mettre la main sur le PS (il faut avouer qu’il a fait alors le bon calcul, contesté par le despotisme des leaders de ce parti qui risque d’imploser d’ici quelques mois), le même revêt les habits de l’anti-libéralisme lors du référendum sur la constitution européenne! Et ça marche… Et les médias l’ont oublié… Et on y va, Laurent le nouveau rouge n’a pas de problème de conscience.
Fillon, ce brave François Fillon. Cet homme qui, vexé de ne pas être reconduit comme ministre dans le gouvernement Villepin après la chute de Raffarin, se jette dans les bras de Sarkozy. Ce Séguiniste de toujours, converti au Chiraquisme, qui avait pourtant eu le courage de réformer les retraites dès 2002, n’a pas ressenti de scrupule à épouser du jour au lendemain les idées de Sarko. A passer au « camp d’en face ». Comme beaucoup de ses pairs. Comme Sarko lui-même en 1994, qui a « lâché » Chirac pour Balladur.
Le cas Besson. On peut le trouver courageux. J’ai longtemps hésité là-dessus. On peut se dire qu’il a eu au moins l’honnêteté de critiquer Royal. De l’abandonner en cours de route parce qu’il ne croyait plus en elle. Mais est-ce vraiment ce qui s’est passé? Des clash ont eu lieu entre sa démission de son poste de « Mr économie » de Royal et sa sortie houleuse du PS. Et entre celle-ci et la publication de son bouquin « Qui connaît madame Royal? », qu’il faudrait lire en détails pour se faire une idée précise de l’agitation qui doit règner dans la tête du bonhomme. Après mûre réflexion, il semble qu’Eric Besson savait ce qu’il faisait en s’engageant aux côtés de Ségolène Royal. On ne peut pas être éternellement adolescent. Laisser la place à ses émotions, à ses pulsions. On sait qui est Eric Besson, ce n’est pas un débutant (cf un article du mois de février). Ses états d’âme, on n’y croit pas. Cet homme a-t-il cru servir Jospin? A-t-il voulu se venger d’éventuelles attaques personnelles dont on nous a parlé pendant des semaines? Mystère. Mais tout semble revanchard chez lui, comme le titre de son bouquin « qui connaît madame royal? », en référence à la phrase pour une fois très intelligente qu’avait émise Ségolène Royal lorsque les journalistes la questionnaient sur son départ de son staff : en déplacement dans une entreprise, elle avait répondu : « qui connaît, ici, M. Besson? » Le Eric s’est vengé. Et ses propos dans le Figaro de lundi confirment son rôle de traître : Besson y clame que « sarkozy est plus préparé et plus qualifié pour gouverner la France » que Royal. Incroyable. Tout est dit. Celui qui il y a deux mois, publiait un document pour le compte du PS pour expliquer pourquoi Nicolas Sarkozy était un fasciste, retourne sa veste sans aucun problème, et sans d’ailleurs que le journaliste du Figaro y trouve à redire.
LISTE NON EXHAUSTIVE. MERCI DE ME FAIRE PART DE VOS SUGGESTIONS POUR ALLONGER LA LISTE DES « WANTED »;)