Archives de Tag: suicide assisté

Manifeste contre le suicide assisté et pause sur le blog

Alors que ce blog va entrer en sommeil pendant quelques semaines en raison d’une indisponibilité à l’alimenter, je signale à votre attention le manifeste publié par le collectif Plus belle digne la vie, qui a pour objet de rappeler que « tout dispositif législatif visant à reconnaître un droit à une injection létale et/ou à un suicide assisté constituerait un contresens grave faisant courir des risques aux plus vulnérables et aux plus démunis d’entre nous ». Ce manifeste est publié alors que va être examiné au Sénat le 25 janvier prochain une proposition de loi visant à instaurer une aide active à mourir, qui n’est autre qu’une reconnaissance du droit au suicide assisté. La commission des affaires sociales du Sénat a d’ailleurs voté cette proposition de loi aujourd’hui. Chacun de vous peut signer ce manifeste. Lire la suite

7 Commentaires

Classé dans Société

Neuf idiots utiles à l’UMP

admdObjectivement, l’idiot utile est celui qui par aveuglement, déni de la réalité ou tout simplement sottise, fait le jeu de l’ennemi, de qui il se fait l’allié de circonstance.

Dans le temps, un certain nombre d’intellectuels occidentaux, tels Aragon, ont joué ce rôle en applaudissant à la « modernité » de l’URSS tout en taisant ses crimes. Fameuse époque.

Notons que l’idiot utile peut parfaitement être de bonne foi. Il peut être trompé par le romantisme de sa cause, ou par le souci de paraître « in ». Ce qui est peut-être le cas de ces députés UMP qui signent une proposition de loi visant à légaliser l’euthanasie, ou plutôt, puisqu’aujourd’hui tout est euphémisme, visant à « autoriser le fait de mourir dans la dignité ». Tout un programme. Lire la suite

11 Commentaires

Classé dans Société

Jour des Morts : la provocation de l’ADMD

La dernière lubie de l’ADMD, l’association pour le droit à mourir dans la dignité – qu’on pourrait rebaptiser l’association pour le droit au laisser mourir ou au suicide assisté? Faire du 2 novembre, jour où traditionnellement, on célèbre nos morts,  une journée mondiale pour la légalisation de l’euthanasie. Stupéfiant!

Comme l’alliance pour les droits de la vie (ADV) le fait remarquer, on peut parler de cette démarche non seulement comme une provocation – l’association en est habituée, elle qui ne fonctionne que par la stratégie du coup médiatique – mais de façon plus forte, comme d’une quasi-profanation. Quand on en est arrivé à ce niveau, c’est peut-être qu’on n’a plus d’arguments : s’il faut être dans le trash pour faire parler de soi et véhiculer son message, c’est très triste.

Le 2 novembre, dans la tradition catholique, et donc fatalement, nationale, c’est une date où on se recueille, où on essaie tant bien que mal d’honorer ses morts, et Dieu sait si pour beaucoup de gens, il s’agit d’une journée difficile à vivre. Comme dit l’ADV, ce n’est sûrement pas le bon moment pour introduire la « revendication » et le « ressentiment ». Voire la polémique. Surtout sur un sujet aussi délicat, sur lequel on a du mal à discuter sereinement, et qui nécessite une réflexion qui sorte un peu du manichéisme auquel nous a habitués l’association présidée par Jean-Luc Romero.

A l’instar de Jean Leonetti, dont la mission approche de son terme (ce qui peut expliquer la colère de l’ADMD), je pense que « le « prendre soin » est la véritable attitude de modernité ». Et que l’urgence, aujourd’hui, est de développer les soins palliatifs. Il s’agit d’une solution d’espoir, contrairement à l’euthanasie, qui est un aveu d’échec consistant à dire ou penser que la mort est la seule solution face à la souffrance. A-t-on, franchement, tout tenté à ce niveau? J’en doute.

Jean Leonetti effectue d’ailleurs une séparation nette (contrairement à l’ADMD qui introduit volontairement la confusion entre les deux notions) entre les malades en fin de vie, qui n’ont plus d’espoir et dont les jours sont comptés, et les malades incurables dont la mort n’est pas d’actualité. Dans la première hypothèse, dit-il, la fameuse loi du 22 avril 2005 « répond à quasiment toutes les situations ». Dans la seconde, « la personne peut se suicider, c’est un « droit liberté », mais pas un « droit créance » vis-à-vis de la société. En d’autres termes, la société n’a pas à assumer ce geste pour elle ».

Dominique Quinio, éditorialiste à La Croix, résume très bien au final l’alternative qui s’offre à nous, et qu’il ne faut pas perdre de vue dans ce débat : « Veut-on une société individualiste où chacun disposerait d’un droit à tout maîtriser de la vie, de la naissance à la mort et où le devoir de la collectivité serait de leur permettre d’exercer cette succession de droits ? Ou bien veut-on une société solidaire où la communauté humaine se donne pour mission d’accompagner, de soutenir, de soigner les plus faibles, avec le souci de leur dignité et de leur bien-être, sans croire, ou surtout sans leur laisser croire, que la seule solution serait la mort ? »

Lire aussi Koz.

11 Commentaires

Classé dans Société

On paiera pour votre suicide, mais pas pour votre chimio

Petit à petit, on se rend compte que ceux qui criaient au loup, aux prémices du débat sur l’euthanasie et le suicide assisté, en alertant l’opinion sur le fait que des considérations autres que la compassion pouvaient entrer en ligne de compte (et notamment économiques), avaient bien raison de s’inquiéter. Les faits le démontrent fréquemment.

Exemple récent (après la maison de retraite néerlandaise) dans l’Etat américain de l’Oregon, où le suicide assisté est permis par la loi. Là-bas, la caisse d’assurance-maladie refuse le remboursement de la chimiothérapie aux patients atteints de cancer, dont les chances de survie pour les cinq prochaines années n’excèdent pas 5%. A la place, elle leur propose le recours au suicide assisté, et bonne âme, finance l’opération. Deux patients au moins ont reçu un courrier leur indiquant que la chimo ne serait plus remboursée, mais que le suicide, si. 

“I think it’s messed up,” 64-year-old Barbara Wagner told the Register-Guard newspaper. “To say to someone, we’ll pay for you to die, but not pay for you to live, it’s cruel.” And 53-year-old Randy Stroup received the same response when he was denied medication for his prostate cancer. « It dropped my chin to the floor, » Mr Stroup said. « [How could they] not pay for medication that would help my life, and yet offer to pay to end my life? »

On aimerait savoir ce qu’auraient pensé les partisans français du suicide assisté si le gouvernement avait persisté dans sa volonté de ne pas rembourser les affections de longue durée, et avait proposé à la place la mort pure et simple pour les malheureux patients. Jean-Luc Romero et consorts, merci d’y réfléchir.

Comme dit Le Conservateur, « les conséquences de la création d’un droit de se faire tuer par autrui, sous le prétexte d’une expertise médicale, d’une décision de justice, d’une décision gouvernementale, ou d’une « preuve de consentement » sont trop nombreuses, imprévisibles et dangereuses pour réduire ce débat difficile à un déballage d’émotions consécutives à la découverte d’un cas personnel forcément touchant pour qui est un peu humain. »

Derrière la compassion et le désir de respecter la volonté des malades, le débat sur le suicide assisté cache aussi une pression qui va aller en s’acroissant sur les malades et les personnes âgées, face à l’augmentation de l’espérance de vie, de la qualité des soins et de la pression démographique. Que répond la caisse à Barbara Wagner? « We do need to point out the options available to her under the Oregon Health Plan » (nous devons lui fournir les difftentes options possibles conformément au plan santé de l’Oregon).

Le plan santé de l’Oregon, plus important que la vie d’une personne. Il y a un certain collectivisme derrière le libéralisme, en fait. Le Serment d’Hippocrate est pourtant clair, malgré ses variantes : « Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. »

Le problème, c’est que derrière les médecins, il y a des bureaucrates.

3 Commentaires

Classé dans Société

Suicide assisté : débattre jusqu’à y être tous favorables!

Il est des affaires qui reviennent à intervalles de temps régulier, comme pour entretenir un débat jusqu’à temps qu’il mène à la conclusion souhaitée. C’est le cas de celle du suicide de Rémy Salvat, ce jeune homme de 24 ans, atteint d’une maladie orpheline dégénérative, qui a vainement demandé au président de la République le droit de mourir assisté.

Pendant que certains, toujours les mêmes, manient l’émotion et revendiquent des droits, Koz met le doigt sur un élément qui paraît essentiel : le fait qu’une fois encore, on réclame à corps et à cri un « débat public ». Comme si on l’empêchait de se tenir.

« Nous avons tous entendu sa mère réclamer un débat public, pour qu’”enfin un débat se tienne en France“. Il ne me semblait pas, à en juger par mon propre blog, que le débat soit occulté. Mais, à chaque occasion, on réclame un nouveau débat, façon de considérer que la réponse apportée aujourd’hui n’est toujours pas légitime. A ce débat, l’euthanasie est ainsi vue comme la seule réponse légitime. Toute autre réponse est rejetée. »

Qu’écrit Rémy Salvat dans sa lettre au président? « Moi, Rémy Salvat, je vous demande de laisser de côté votre avis personnel et d’arrêter d’être sourd. » Etre contre le fait de commettre un acte positif conduisant à la mort d’une personne, c’est être sourd. C’est n’avoir rien compris au film. C’est être du mauvais côté de l’humanité.

Ce n’est pas un hasard si les médias s’emparent de l’affaire. Une avocate a été désignée, et a reçu pour mission d’alerter la presse, la télé, les radios. Et en cette période de vache maigre estivale, celles-ci se jettent dessus sans nuance. Avec comme d’habitude, ces mêmes journalistes en empathie totale avec leur sujet. Ces mêmes journalistes unanimes pour prendre parti, pour se ranger résolument dans le camp du soi-disant « progrès ». Une belle bande de moutons de Panurge, en vérité!

Que titre le Figaro, par exemple? « Un nouveau drame relance le débat sur l’euthanasie ». Mais en quoi, on se le demande, le débat est-il relancé? En quoi a-t-on apporté des éléments nouveaux nous permettant de nous déterminer, dans un sens ou dans un autre? Je vois plutôt une manière d’enfoncer le clou de l’émotion. Allez, un nouvel exemple, vous voyez bien, ma petite dame, que ce pays est réactionnaire et maltraite ses malades. L’accroche de cet article est déjà élogieuse : « Son suicide a été mûrement réfléchi ». Le journaliste en est-il sûr, a-t-il constaté les faits, les a-t-il recoupés, a-t-il assisté à cette réflexion mûre et de longue date?

Et on parle de débat? La légitime émotion causée par ce genre de situation inextricable rend inaudible toute tentative d’essayer de prendre de la distance et de réfléchir sereinement. La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, peut bien dire que la loi sur la fin de vie est équilibrée mais trop méconnue, que l’Etat va investir 230 millions d’euros supplémentaires pour doubler le nombre d’unités de soins palliatifs d’ici à 2012, cette information n’est pas celle choisie pour l’accroche des papiers.

Une opinion publique, ça se construit pas à pas, ça se travaille au corps, ça se relance, ça se bichonne, ça se bouscule. Et en la matière, les partisans du suicide assisté, qui se cachent derrière le droit à l’euthanasie, marquent des points à tous les coups. A nous de ne pas tomber dans le panneau!

3 Commentaires

Classé dans Société

Dérives euthanasiques (2) : l’étouffement dans un sac plastique

Alors que passé l’épisode tibétain, les médias recommencent leur matraquage pro-euthanasie, voici une nouvelle preuve des dérives possibles dans le monde merveilleux des Etats modernes, progressistes, révolutionnaires et avant-gardistes qui offrent enfin l’accès à une mort digne.

Après la proposition de loi déposée en Belgique, proposant d’étendre, comme aux Pays-Bas, l’euthanasie aux vieillards déments et aux mineurs âgés de plus de sept ans, c’est au tour de la Suisse de faire parler d’elle. Merci à un brillant commentateur pour l’info, que j’avais laissée passer. Il est vrai que nos médias se sont gardé d’en faire leur une.

La macabre association Dignitas, celle dont le métier est d’assister les candidats au suicide (et donc de les tuer sans crainte de poursuites), propose désormais un étouffement à l’aide d’un sac rempli d’hélium. Relançant ainsi le débat sur ce thème en Suisse, où l’initiative n’a pas été du goût de tout le monde.

Voici ce qu’en dit le quotidien Le Temps :  » Ces pratiques sont filmées pour attester d’un acte libre effectué par le patient et les images sont transmises à la police. Quatre décès ont été enregistrés de cette manière depuis la mi-février, a rapporté hier le procureur djoint de Zurich Jürg Vollenweider. Contrairement au natrium pentobarbital (NAP) utilisé jusqu’ici, l’hélium ne doit pas être prescrit par un médecin. «Le patient met lui-même un sac en plastique sur sa tête et étouffe», explique encore Jürg Vollenweider. «Pendant plusieurs minutes le corps des mourants continue de bouger. C’est difficile.»  »

Alors que la polémique enfle en Suisse, l’association est montrée du doigt au sujet de ses méthodes. « Elle s’est vu interdire de pratiquer successivement dans deux appartements zurichois, dans des locaux industriels, dans un hôtel et dans la villa de son fondateur. L’association avait fini par aider à mourir deux Allemands dans des véhicules à l’orée d’une forêt », écrit Le Temps. Selon rue89, le président de l’ordre des médecins zurichois, Urs Stoffel, estime que cette méthode est digne de « celles du troisième Reich ».

Du coup, des voix s’élèvent pour demander au gouvernement fédéral de légiférer sur cette question. Celui-ci s’y était refusé à l’automne dernier, pour ne pas donner l’impression d’inciter à un quelconque « tourisme de la mort ».

Voilà qui devrait nous faire réfléchir, puisqu’en France nous avons encore le luxe de débattre de ces questions. Au fond, qu’est-ce qui est choquant, la méthode utilisée ou le fait de tuer? L’acte, ou son moyen? Une chose est sûre : on voit mal comment l’adjectif digne peut être accolé à une mort de ce genre. Et dire, encore une fois, que ce pays et cette association font partie des exemples à suivre, à écouter l’ADMD!

1 commentaire

Classé dans Société

Affaire Sébire : il est urgent d’attendre

Voilà, Chantal Sébire est décédée hier soir à son domicile situé près de Dijon. Qu’elle soit en paix. Désormais, puisqu’elle est devenue un symbole, l’ADMD n’aura de cesse de se servir de cette femme afin de réclamer à cor et à cri une nouvelle loi.

Les médias soutiennent ce « mouvement » de manière totalement partiale. Regardez Le Monde par exemple. Ce n’est pas du journalisme, mais du parti pris. Ces gens-là n’ont aucune éthique, ils vont là où le vent souffle, sans se poser de question, ni réfléchir. Ils ne prennent aucun recul sur les choses. Ils sont en complète empathie avec le sujet dont ils parlent.

Ainsi, dans l’article susvisé, on est surpris d’apprendre ceci :

 

Ces spécialistes ne cachent pas leur très vif étonnement au vu de l’absence, durant six ans, de prise en charge médicale adaptée de la malade. Ils indiquent que la maladie dont souffrait Mme Sébire (un esthesioneuroblastome ou neuroblastome olfactif) ne peut être qualifiée d’incurable, notamment si elle est traitée de façon précoce. Les taux de survie sont de l’ordre de 70 % cinq ans après une intervention, quand les troubles sont pris en charge assez tôt, affirment ces experts.

D’autant que le même journaliste, auteur du même article, écrit quelques lignes plus tard :

Le cas de Chantal Sébire, soutenu par l’Association pour le droit à mourir dans la dignité, a relancé le débat sur l’euthanasie en illustrant les limites de la loi Leonetti de 2005 sur la fin de vie. Celle-ci ne permet pas de répondre aux personnes en situation d’incurabilité qui réclament le droit de mourir en toute conscience.

Alors, schyzophrénie? Panurgisme, plutôt. Cette phrase signifie, en fait : la loi Leonetti de permet pas de solution à ceux qui refusent de profiter des mesures qu’elle propose… De la même façon que le Code de la route n’offre pas de solution à celui qui veut griller les feux rouges!

Pourquoi parle-t-on de fin de vie? Pourquoi parle-t-on de maladie incurable? Pourquoi établit-on un lien avec la loi Leonetti? Pourquoi cherche-t-on à distiller la confusion dans les esprits, en jettant volontairement le flou sur les notions d’euthanasie, d’acharnement thérapeutique et de suicide? Le gouvernement temporise pour le moment, en demandant à Jean Leonetti de faire le bilan de la loi portant son nom et votée à l’unanimité à l’Assemblée nationale. Il y a eu unanimité il y a moins de trois ans, et il faudrait modifier ce texte excellent, qui établit une distinction entre euthanasie et arrêt de l’acharnement thérapeutique? Non. Il est probable que l’exécutif soit plutôt en train de gagner du temps.

Moi, j’attends toujours qu’on nous explique ce qu’est une mort digne. Qui peut juger de la dignité d’une mort, plus que d’une autre. Et si la tyrannie de la volonté individuelle, érigée, en norme suprême, doit s’imposer à la collectivité.

Sur cette affaire, il faut encore une fois lire Authueil, car tout est dans ce paragraphe :

Sur ce sujet, il faut que les parlementaires sachent résister aux pressions médiatiquement bien organisées. Chantal Sébire, c’est une très belle opération de lobbying, parfaitement orchestrée par l’ADMD, qui, comme par hasard, vient de lancer une grande campagne auprès de ses adhérents, pour qu’ils envoient tous à leur député un petit carton pré-rempli, façon « contribuables associés ». On légifère pas sous le coup de la pression de l’émotion provoquée par des images choc au JT.

Poster un commentaire

Classé dans Société

La troisième étape du plan com’ en faveur du suicide assisté

L’ADMD sait y faire, c’est sûr. Concernant Chantal Sébire, l’association militante en est aujourd’hui à la troisième étape de son plan com’. Après le premier pas, la conquête des médias au moyen de plusieurs interventions visant à provoquer l’émotion du public, il y avait eu la lettre au président, un peu comme pour Vincent Humbert, à l’époque.

Aujourd’hui, c’est une supplique publique qui est adressée au président du tribunal de Dijon :

Dans le texte de sa requête, rendu public par son avocat Gilles Antonowicz, ce dernier souligne « le caractère volontaire, réfléchi, réitéré, sincère et déterminé de la demande présentée par Mme Sébire, le caractère grave et incurable de la situation médicale dans laquelle elle se trouve, les souffrances physiques et psychiques constantes et insupportables, l’avis des enfants de Mme Sébire ». Il demande très directement au juge d’autoriser le médecin de famille à « prescrire à Mme Sébire dix grammes de thiopental sodique, à se faire remettre cette substance dans la pharmacie de son choix, à la stocker et la remettre à Mme Sébire de telle sorte que cette dernière puisse l’absorber sous sa surveillance ».

C’est clair : l’ADMD ne demande plus simplement le droit au laisser mourir. Elle ne demande plus simplement l’intervention médicale pour des cas où le patient ne peut pas lui-même mettre fin à ses jours (come Vincent Humbert). Elle demande tout simplement le droit au suicide assisté, pour toute personne dont la situation médicale est « grave et incurable », qui « souffre physiquement ou psychiquement de façon intolérable », et qui en a fait la demande de manière volontaire, réfléchie et réitérée et déterminée ».

Et ce, de façon totalement provocatrice, étant donné que cette requête n’a bien évidemment aucune chance d’aboutir. Le seul objectif est donc de faire avancer l’idée dans l’opinion publique, avec en étendard un cas pratique émouvant et à même d’ébranler les consciences.

Et qui ne le serait d’ailleurs pas, ému et touché, en écoutant Chantal Sébire parler? En imaginant sa souffrance, celle de ses proches? A 52 ans, elle est atteinte depuis huit ans d’une tumeur qui peu à peu, lui a déformé le visage. Sa particularité : elle pourrait aller en Suisse, mais ne le veut pas parce qu’elle veut mourir auprès de ses trois enfants.  Elle pourrait se tuer elle-même, mais elle ne veut pas parce qu’elle veut être accompagnée.

On l’a vu récemment sur ce blog et sur d’autres : cette souffrance sera l’argument unique et central de la réthorique des supporters du droit au suicide assisté. Quiconque osera le remettre en cause, quiconque y sera opposé sera systématiquement taxé de froideur, d’intégrisme et d’inhumanité. Jean-Luc Roméro, ce tartuffe, l’a déjà fait en (dis)qualifiant Christine Boutin de « représentante d’une droite méprisante, insensible à la détresse des hommes et des femmes de ce pays et à leur douleur ».

Alors que c’est précisément le contraire : si je suis personnellement opposé au fait de céder à ce que j’appelerais un chantage à l’affectif, c’est justement parce que je suis un homme, pas un animal. Que je suis un être qui réfléchit, qui s’inquiète, qui raisonne. Qui pèse le pour et le contre. Qui pense que la vie n’a pas de prix, qu’on ne peut y toucher. Et en même temps, qui a trop peur des dérives que cela pourrait engendrer…

Poster un commentaire

Classé dans Société

Droit au laisser mourir : toujours la même rengaine

Laurent Gloaguen, d’Embruns, se fait le relais du cas d’une personne atteinte d’une tumeur très rare, qui lui déforme le visage, et qui demande à mourir. A partir librement. Sereinement. Un cas très poignant, diffusé sur Soir 3 et restitué avec beaucoup d’humanité par Laurent. Qui en fait cependant l’étendard d’une cause.

La vie de cette dame ne doit pas être rose. Elle ne se sent pas bien… Mais pourquoi devrait-on changer la loi, qui se veut générale, pour un cas particulier, comme cet appel semble implicitement le réclamer? Si ses proches l’aiment, comme ils disent, si son médecin est si sûr que sa « conscience » le pousse à l’aider, pourquoi ne le font-ils pas? Pourquoi n’assument-ils pas? Pourquoi veulent-ils le soutien de la loi, en bref, le beurre et l’argent du beurre? Cette dame refuse de choisir entre l’agonie et le suicide. Veut une « mort accompagnée »… Rappelons que ce cas n’a rien à voir avec celui de Vincent Humbert, déjà sujet à débat : elle n’est pas dans l’impossibilité physique de mettre fin à ses jours.

Au-delà de ce cas terrible, il y a, comme le rappelle Authueil, le risque de généralisation. Je préfère voir les proches de cette dame condamnés après coup, même symboliquement, plutôt que des innocents liquidés à cause d’une loi qui sera forcément générale. C’est en substance ce que dit Authueil :

Légaliser l’euthanasie, c’est faire sauter une digue, et prendre le risque de se retrouver avec des comportements abominables. Imaginez, dans les maisons de retraite, la « toute vieille, qu’en finit plus de vibrer, et qu’on attend qu’elle crève, vu que c’est elle qui a l’oseille », qu’on pousse à « choisir » de partir sereinement. Parce qu’elle gêne, parce que la maison de retraite, ça coute cher et qu’il ne va rien rester en héritage. C’est sordide, mais des situations comme celle-là sont bien plus fréquentes qu’on ne le pense. Il y a aussi ces malades, qui sont parfois touchés par des passages à vide où la souffrance donne envie d’en finir définitivement, et qui finalement, surmontent la maladie et guérissent. Si l’euthanasie est légale, et même si elle est encadrée strictement, il y aura des dérives.

Je ne veux pas comparer des situations différentes. Mais pendant ce temps, certains souffrent en silence. Avec courage, dignité. Il y a un moment où la médiatisation de sa douleur a des limites. Faire de la douleur un argument de la volonté de mourir, c’est entrer dans un engrenage dont on ne connaît pas les limites…

EDIT : à lire, pour comprendre le risque de généralisation, ce témoignage d’une cancérologue atteinte d’un cancer de la moelle osseuse, et qui clame ceci : « Avant cela, je considérais l’euthanasie comme un droit. Depuis que je suis malade, je suis absolument contre. » (merci à Polydamas pour le lien)

Poster un commentaire

Classé dans Société

Le débat sur l’euthanasie approche-t-il de sa dernière ligne droite?

L’occasion était trop belle à quelques jours de la diffusion d’un téléfilm racontant l’histoire de Vincent Humbert et de sa mort, et largement inspiré par le témoignage de sa mère, Marie Humbert, qui a bénéficié d’un non-lieu à la suite de ce drame. Un kiné du jeune homme donne sa vision de l’histoire dans une vidéo diffusée par l’association sos fin de vie et envoyée à tous les médias et chacun des députés. Vidéo reproduite ci-dessus.

Que vaut-elle? Sur le site de l’association, un texte précise plus longuement la thèse du kinésithérapeute :  Selon lui, Vincent Humbert n’aurait pas voulu de lui-même mourir, mais aurait été influencé par sa mère. « Profondément, je ne crois pas qu’il avait envie de mourir. On l’a forcé » , prétend-il dans une interview au Parisien, faisant éclater – à dessein? – un nouveau débat sur ce qu’on doit malheureusement appeler l’affaire Humbert.

Plus troublant encore, il assure que  « Vincent était en excellente santé et aurait pu vivre longtemps dans cet état ». Selon lui, Humbert n’était pas tétraplégique, mais souffrait d’une double hémiplégie. Il n’aurait pas été aveugle, mais mal voyant. Il assure ne pas vouloir s’immiscer dans le du débat sur l’euthanasie, mais juste rétablir « sa » vérité sur les derniers mois de Vincent Humbert, érigé selon lui en faux symbole.

Le kiné parle de « désinformation » et affirme que les médias ont été trompés, créant ainsi un courant d’opinion sur un sujet qui ne concernait pas Vincent :
 

« Ce qui m’a le plus révolté dans l’avalanche médiatique, c’est la répétition en boucle d’une multitude de mensonges. Tous les médias ont repris ces inepties comme s’ils n’avaient aucun souci de vérifier la vérité. Vincent n’était pas tétraplégique. Aucun médecin n’a dit à Marie que son fils avait une lésion de la moelle épinière. Vincent n’était pas aveugle même s’il ne voyait pas bien. Vincent n’avait pas de perfusion. Il avait juste une gastrostomie parce qu’il ne pouvait déglutir correctement. (C’est d’ailleurs par là que sa mère mettra le Phénorbital. S’il avait été injecté dans une perfusion, Vincent serait mort en une heure. Dans l’estomac, il faut beaucoup plus de temps…) »


Sa conclusion est sans appel :

 
« On ferait un film qui aurait lieu à Marseille avec un gamin qui s’appelle Paul, je ne dirais rien. Là, on lance, à grand renfort médiatique un téléfilm avec les vrais noms du patient et de sa mère. La scène se passe à Berck. On veut donc faire croire au bon peuple que tout ce qui est dans le film est une réalité. Manque de pot, le film, comme le bouquin, ce n’est pas la vérité. Je peux vous certifier que Vincent n’a rien écrit de son livre, il ne pouvait pas. Marie prenait des notes, les donnait au journaliste qui faisait à sa sauce, dans le sens où il voulait emmener l’opinion. Le film comme le livre, ce n’est pas de l’information, c’est de la déformation, c’est même ni plus ni moins de la désinformation.
La disparition de Vincent Humbert, ce n’est pas l’histoire d’une souffrance insoutenable, ce n’est pas l’histoire d’une mort dans la dignité, ce n’est même pas l’histoire d’une euthanasie…
Au nom de la vérité et de l’amitié, j’ose vous dire que Vincent avait encore plein de choses à vivre. Il y a aujourd’hui, dans nos hôpitaux, beaucoup de Vincent qui sont dans des situations dix fois pire que lui. Et les familles veulent que leur proche continue à vivre. Même le patient, quand il peut s’exprimer, veut continuer l’aventure de la vie. Il y a certes, des jours, des moments de dépression. A nous, personnel soignant, de les soutenir, on est là pour cela. Mais il nous faut un climat de confiance. »

Que penser de telles accusations… C’est si loin, septembre 2003. Pourquoi ne pas avoir parlé plus tôt? Si la vérité s’exprime dans ces lignes, pourquoi avoir gardé cette version pour lui tout ce temps? Cet « oubli » est un élément fragilisant terriblement cette thèse.

Mais ce qui est troublant dans l’autre sens, c’est que Marie Humbert, dans les interviews qu’elle a accordés pour contrer ce témoignage, ne répond pas directement, sur le fond, à ce qui fait la consistance du message du kinésithérapeute. A savoir les contre-vérités soupçonnées sur un certain nombre de points et surtout sur l’état de Vincent Humbert. A l’éventuelle manipulation de Vincent, qui n’aurait pas lui-même choisi de mourir. Autant dire que les accusations portées par le kinésithérapeute sont très graves.

Elle, de son côté, rétorque que « lorsqu’il me disait qu’il voulait mourir, il savait ce qu’il disait« . Déplaçant le débat sur le caractère consentant ou non de Vincent Humbert. Insistant sur le fait que c’était bien lui qui avait écrit le livre. Reste qu’elle contre-attaque sans épargner le moins du monde le kiné :

« Nous sommes démolis par tant de méchanceté gratuite. Ce n’est pas la première fois que ce kinésithérapeute cherche à m’atteindre. Il a toujours eu envie que l’on parle de lui. Et, derrière lui, l’association catholique SOS Fin de vie, qui est contre l’euthanasie, essaie par tous les moyens de me déstabiliser. Ces gens charitables ont financé le DVD qu’espère diffuser Hervé Messager. Peut-être, aussi, veulent-ils réduire l’impact du film de lundi*. Ont-ils peur de ses conséquences sur l’opinion ? Je ne sais pas quoi penser… (…)
Et, à l’époque où il l’a pris en charge, Titi n’avait plus droit qu’à une ou deux heures maximum de kinésithérapie par semaine ! Je suis outrée qu’il prétende l’avoir massé une heure par jour et cinq jours par semaine ! (…)
Avant de lui donner la parole, on aurait pu interroger ses médecins, les professeurs de Paris, Lille et Rouen qui le suivaient. On aurait pu demander aux experts dépêchés par M. Jacques Chirac s’ils pensaient, après avoir longuement examiné mon fils et échangé avec lui, que Vincent souhaitait vivre. »


Certes! On se demande pourquoi les médecins, les dirigeants du centre de Berck, ne prennent pas la parole pour infirmer ou confirmer les accusations portées par Hervé Messager. Cela ne fait pour l’instant que donner du poids à ce témoignage qui, rappelons-le, peut très bien être une invention pure et simple.

En attendant, on ne peut nier que la concommittence de ces révélations avec la diffusion du téléfilm n’est sûrement pas dûe au hasard. Si cette vidéo se révèle être une manipulation, ce que j’espère ne pas être le cas, il faudrait avoir honte du côté de sos fin de vie. Parce que ça voudrait dire qu’une association clairement revendiquée comme catholique se permet d’utiliser des méthodes douteuses et surtout, très peu compatible avec l’esprit qui anime l’Evangile. On rejoint là le débat suscité par la dénonciation récente par Koz, au sujet de l’exploitation de la disparition tragique de la victime du RER D, Anne-Lorraine, de la dérive de certains catholiques qualifiés d’identitaires. Peut-on utiliser des moyens immoraux pour défendre la moralité?

Il faut que l’opinion sache néanmoins si ce kiné dit vrai, même si cela semble a priori peu crédible. Le rapporteur de la précédente loi (éponyme) sur la fin de vie, le député Jean Leonetti a bien martelé que la question de la vérité de cette affaire n’était de toutes façons pas de nature à même de remettre en cause la législation adoptée à l’hiver 2004 et promulguée en avril 2005.

Ce qui est pourtant bien dans les intentions et les rêves de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), rejointe dans son lobbying en faveur de la dépénalisation de l’euthanasie par Marie Humbert. Nul n’a oublié les déclarations pour le moins floues de Nicolas Sarkozy – à l’instar de ses contradicteurs – sur ce sujet pendant la campagne présidentielle. On peut donc se demander si le combat entre les « antis » et les « pros » euthanasie ne viendrait pas, par hasard, de rentrer dans sa dernière ligne droite. Supporters de la loi Leonetti contre défenseurs de la liberté totale des corps à disposer d’eux-mêmes.

Poster un commentaire

Classé dans Société