Archives mensuelles : décembre 2008

Bienvenue sur ce blog!

Voilà, c’est fait. Depuis plusieurs mois, avec les aimables conseils de Koz et Aymeric, je cherchais à changer de plate-forme pour mon blog : on y arrive enfin.

J’ai mis de longues heures à sélectionner un thème qui me plaisait sur wordpress, la plate-forme que je trouve la plus aboutie et la plus seyante. Tout n’est pas achevé : il faudra encore que j’installe le logiciel et que je crée un nom de domaine, car pour l’instant, je ne peux intégrer aucun code html, et donc aucun « bouton » ou widget. C’est du détail, mais la forme importe aussi. Il faudra aussi que je trouve un moyen de créer une newsletter, pour ceux qui n’utilisent pas d’agrégateurs.

J’ai mis également des journées à copier-coller les principaux articles de l’ancien blog (paix à son âme!), pour que tout le travail de ces deux dernières années ne s’évanouisse pas dans la nature. C’aurait été trop bête.

J’ai sélectionné les posts que je trouvais les plus emblématiques, ceux qui m’ont demandé le plus de temps, ou ceux qui évoquent des thèmes que je trouve fondamentaux, et notamment ceux qui touchent à l’humain. Avec le recul, d’ailleurs, on se rend compte qu’on peut éliminer beaucoup d’articles, dont on doute a posteriori de l’intérêt… ça aide à la modestie!

En revanche, et à mon grand regret, je n’ai pas pu importer les commentaires… C’est dommage, parce que c’est ce qui fait le sel d’un blog. Raison de plus pour vous approprier rapidement ce nouvel espace!

Alors allons-y. Zou. Fra-ter-ni-té! Ici, comme sur Overblog, on n’aimera pas Ségolène Royal, on se méfiera de Nicolas Sarkozy, on se battra pour le repos dominical, on parlera médias, on rejettera le tout-économique, et plus que tout, on tâchera de mettre l’Homme au centre de tout.

Sacré programme.

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Noël et l’espérance face à la crise

Je m’associe pleinement, sans arrière-pensée aucune, à l’appel publié hier dans douze quotidiens français, sur le thème « Noël dans la crise : un rendez-vous pour l’espérance ».

Signé par des personnalités telles que Eric-Emmanuel Schmitt, Michel Rocard, Alain Juppé, Jean-Claude Guillebaud, Xavier Emmanuelli, Jacques Delors ou François-Régis Hutin (Koz s’y est également retrouvé, et Toreador le publie également), ce texte nous invite à conserver espoir et courage face à la crise dans laquelle l’économie mondiale se trouve plongée, et qui aura des conséquences sur la vie de chacun d’entre nous. Ou presque.

Cette tribune n’est pas seulement un texte péremptoire qui se contenterait d’incantations et de grandes phrases. Elle constitue une vraie nouveauté, et un signe fort, en ce qu’elle cite carrément, en réponse à la crise, les grands principes de la doctrine sociale de l’Eglise, dont nous avons déjà parlé ici. Celle-ci n’est pas une alternative au régime politico-économique actuel, mais consiste plutôt en une série des recommandations qui lui permettraient d’allier efficacité et justice, ce qui n’est définitivement pas le cas aujourd’hui.

Ce n’est bien sûr pas un hasard si cette tribune est publiée à Noël, une fête qui célèbre l’arrivée d’un signe apparemment dérisoire comme réponse aux « ténèbres ». Qui célèbre l’humilité d’un Dieu, qui quoi qu’on en pense, a décidé d’incarner son infinité dans un petit bébé. Et a choisi de venir au monde comme le plus pauvre des humains, dans une étable. Hier, pendant la messe de minuit, le prêtre qui célébrait l’office nous invitait à chercher dans nos vies ces signes d’espoir, ces réponses à nos propres ténèbres. Elles y sont.

Ce n’est donc pas une crise qui va nous abattre : mais elle est une occasion pour essayer de révolutionner le système, de sortir de la folie, de revenir à un système dans lequel l’économie est au service de l’Homme. Et où l’Homme n’est pas seulement une « ressource ».

Mais j’arrête ici mes bavardages, et après vous avoir souhaité, à tous, de goûter à cette joie simple (mais tellement profonde) de Noël, je vous propose le fameux texte :

« Au moment où le monde entier se trouve engagé dans une crise économique qui frappera en priorité les plus démunis et dont personne ne peut mesurer la durée et la gravité, Noël demeure une espérance.
La naissance du Christ parmi les plus pauvres, dans une étable, autant dire presque dans la rue, mais aussi de nombreux textes bibliques et écrits sociaux des Églises chrétiennes, nous renvoient à des  références éthiques essentielles pour affronter la crise.
La pensée sociale chrétienne qui s’appuie sur ces références n’est pas une alternative à un quelconque système économique mais  un socle de réflexion qui a vocation à inspirer tout mode d’organisation durable de la société.

Ce socle repose sur deux priorités: celle de l’homme sur l’économie, l’économie est au service de l’homme et non l’inverse, et celle des pauvres sur les privilégiés, l’équité condamne une trop grande inégalité entre les revenus.

Ces deux priorités  définissent les six piliers fondateurs de la pensée sociale chrétienne: la destination universelle des biens  (la propriété privée est légitime si son détenteur en communique aussi les bienfaits à ceux qui en ont besoin) l’option préférentielle pour les pauvres, le combat pour la justice et la dignité, le devoir de solidarité, le bien commun et le principe de subsidiarité (faire confiance à ceux qui se trouvent au plus prés du terrain pour résoudre ensemble leurs difficultés).
Et, en leur temps, les Pères de l’Église n’y allaient pas par quatre chemins. Avec Saint Ambroise par exemple, qui affirmait: « Quand tu fais l’aumône à un pauvre, tu ne fais que lui rendre ce à quoi il a droit, car voici que ce qui était destiné à l’usage de tous, tu te l’es arrogé pour toi tout seul ».
Aussi surprenant que cela puisse paraître, Jaurès, ou Gorbatchev plus près de nous, prétendaient trouver, le premier dans les textes du pape Léon XIII sur la question ouvrière, le second dans ceux de Jean Paul II, des références qui pouvaient fonder une société plus juste. 
Dans leur session consacrée à « l’argent » en 2003, les Semaines Sociales de France, lieu de réflexion des chrétiens sur les problèmes de société  depuis plus d’un siècle, critiquaient le système des stock-options en ce qu’il risque de négliger la vision à long terme de l’économie.
Ce faisant, les chrétiens ne condamnent pas l’économie de marché sous toutes ses formes. Ils rappellent –  et sur ce point, ils sont d’accord avec l’économiste Adam Smith – que: ce type d’économie ne peut fonctionner que dans des sociétés basées sur  les valeurs morales que sont le respect des autres et une certaine sobriété dans l’usage des biens matériels. Il ne s’agit donc pas de récuser ni le profit, ni les investisseurs qui prennent des risques dans l’entreprise , mais d’appeler à une indispensable régulation de leur fonctionnement par les autorités publiques et par l’action de corps intermédiaires tels que les organisations non gouvernementales et les syndicats, notamment.
Les chrétiens ont des valeurs à faire progresser avec d’autres qui ne partagent pas nécessairement leur foi. Et les plus privilégiés d’entre-eux sont  appelés à se comporter en citoyens vigilants par leurs choix politiques, à refuser  « le toujours plus », à s’engager notamment au niveau local, à accepter un niveau d’impôts volontariste pour une solidarité active, à respecter un mode de consommation  plus équitable  et soutenu par une « sobriété heureuse». Dans leurs lieux de vie, ils auront toujours le souci d’y faire entendre la voix des plus exclus.

La célébration de Noël nous invite à réactualiser le sens que nous donnons à l’économie et à choisir la voie de la solidarité.

Cela devient plus qu’urgent. Impératif. « 

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Luc Mandret veut consommer le dimanche

Le brillantissime blogueur politique Luc Mandret, au sujet du repos dominical, illustre bien le consumérisme qui se cache derrière la volonté de « libérer les énergies » et d’ « enfin permettre aux gens de travailler le dimanche » (je maintiens que je n’en ai jamais croisé un seul, personnellement…) :

« Pourquoi cette hypocrisie ? Personne ne sembler outré que l’on puisse se rendre dans un café, dans un restaurant ou même dans un musée un dimanche. On pourrait me suggérer de faire mes achats de Noël un autre jour qu’un dimanche. Que ceux-ci me jettent la première pierre et avouent n’avoir jamais mangé ailleurs que chez eux un dimanche. En quoi le dimanche devrait-il obligatoirement être chômé ? Oui au repos hebdomadaire après six jours d’activité. Non à l’obligation que ce jour chômé soit le dimanche. Au non de quel principe ? La tradition ? »

Je passe sur les fautes d’orthographe, ça peut arriver à tout le monde, même aux premiers du classement wikio. Après tout, celui-ci n’est pas un gage d’excellence! (ok, j’arrête) En revanche, ce que j’ai du mal à comprendre, c’est comment on peut militer dans un parti politique en ayant aussi peu d’idées. En simplifiant autant un problème complexe, en l’expédiant ainsi en dix lignes.

Le raisonnement est aussi simple que creux : c’est sympa de faire des courses – j’ai pas eu le temps de les faire le jeudi – alors je les ai faites le dimanche – et après tout, les églises et musées sont bien ouverts le dimanche, alors? Pourquoi les gentils commerces n’auraient pas le droit d’ouvrir le dimanche, hmmmm?
Allez, Luc. Pose toi deux secondes, la tête entre les mains. Oui, c’est ça. Rends toi compte que la phrase « en quoi le dimanche devrait-il obligatoirement être chômé », typiquement péremptoire, peut aisément être remplacée par « en quoi les travailleurs devraient -ils être payés au Smic? » ou je ne sais pas, moi, « en quoi les enfants n’auraient-ils pas le droit de bosser, hein, s’ils en ont envie? ». Et puis, tu sais, c’est plus simple quand tout le monde a les mêmes jours de repos, peu ou prou, non? ça permet à la vie sociale d’être mieux organisée. Oui, c’est ça. Tu vois, quand tu veux? Un de tes commentateurs te l’a dit : ton raisonnement n’est valable que pour un célibataire sans enfant.

Alors voilà. Je voulais te le dire : La politique, ça consiste à réfléchir aux conséquences sur la société des mesures que l’on veut prendre. Ce ne doit pas, jamais, être la résultante de nos désirs individuels.

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Julien Dray : à qui profite le crime?

En ces jours dépourvus d’actualité, la mise en cause du socialiste Julien Dray dans une affaire financière a fait du bruit, à l’occasion d’une perquisition à son domicile et son bureau de l’Assemblée nationale, vendredi dernier. Avec un écho que décidément, on a bien du mal à interpréter…

Nous ne reviendrons pas ici sur le volet pénal et en tout cas la genèse juridique de cette histoire : d’autres s’en sont chargés, avec bonheur. Non, ici c’est le volet politique qui nous intéresse. Et avec un peu de recul, une fois qu’on a dit que Julien Dray était présumé innocent, on se pose plusieurs questions. Un tryptique qui débouche sur une idée un peu folle… 

Pourquoi cette affaire fuite-t-elle dans la presse, avec des détails aussi précis? Nous ne sommes qu’au stade de l’enquête préliminaire, et par exemple, sur une autre affaire similaire et récente de présumés détournements de fonds à Henin-Beaumont, là aussi en terres socialistes, on  n’en a pas fait autant. Et surtout, on n’a pas eu droit à autant d’infos…

Rue89 vous les résume à merveille, en deux temps, trois mouvements : « Tracfin, la cellule antiblanchiment d’argent du ministère des Finances, aurait observé des mouvements de fonds suspects sur les comptes des deux associations (fidl et sos-racisme, ndc) depuis janvier 2006. Au total, 351 027 euros auraient été évacués de ces comptes, dont 127 377 euros par chèque au bénéfice des deux proches du député de l’Essonne. Lesquels auraient ensuite reversé 102 985 euros à Julien Dray. 94 350 euros de retraits en liquide et 113 890 euros provenant de « particuliers membres de la sphère économique » auraient aussi profité au responsable socialiste, militant depuis ses quatorze ans, co-fondateur de la FIDL et de SOS Racisme. »

Alors certes, vu le contexte des manifestations lycéennes, on a avancé l’hypothèse d’un complot destiné à assombrir l’image d’un des deux syndicats lycéens, la Fidl (confondée par Dray) qui est citée dans cette affaire. Une telle conclusion est-elle pertinente, alors que le mouvement était de toutes façons destiné à hiberner pendant les vacances de Noël?

Notons que cette « fuite » n’est pas un hasard, ni le fruit d’un travail d’enquête journalistique. Je ne crois plus trop aux qualités d’investigations de nos journalistes. Les autorités judiciaires, policières peuvent décider de donner ou pas l’info, mais le plus probable, dans ce genre d’affaires, c’est une fuite organisée au niveau de l’exécutif, éventuellement via la direction générale de la police nationale. D’ailleurs, n’est-ce pas ce que tente de faire comprendre Julien Dray, qui a annoncé hier avoir déposé plainte contre X, pour essayer d’identifier la source qui a « balancé » son nom aux médias?

Pourquoi les socialistes sont-ils si discrets sur le sujet? Evidemment, comme le notent Authueil et Jules, les dommages collatéraux, au niveau de l’image, sont énormes dans ce genre d’affaire, a fortiori quand il s’agit d’un élu, et spécifiquement si celui-ci est socialiste. Les rapports entre gauche et argent ont été, sont et resteront tabous.

Il est cependant étonnant de voir la direction du PS, et le PS lui-même, aussi discrets dans le soutien apporté à Julien Dray. Aubry, Hamon et les principaux leaders socialistes n’ont pas bougé la moitié du petit doigt pour prendre sa défense. En d’autres circonstances, on les entend ruer dans les brancards, au nom de la sacro-sainte présomption d’innocence chère à Elizabeth Guigou. Là, rien, ou si peu. Jack Lang qui fait le guignol. Moscovici aussi, mais sans son bouc. Ségolène Royal, François Hollande (à savoir l’actuelle et l’ancien mentor de Dray) qui lui ont « envoyé un SMS » de soutien. Malek Boutih, un de ses proches, a été le plus offensif dans la contre-attaque, parlant carrément de « lynchage ».

Hormis ces rares soutiens, c’est le désert : un autre ancien leader étudiant, Bruno Julliard, aujourd’hui au conseil national du PS, a même semblé accabler son prédécesseur, hier sur BFM-TV.« La question n’est pas de soutenir ou de ne pas soutenir, c’est une affaire qui ne concerne pas le Parti socialiste, c’est une affaire privée qui concerne Julien Dray », a-t-il crânement affirmé. On rêve, ou c’est un croc-en-jambe? Débrouille-toi, camarade! Ce n’est pas notre affaire! Cambadélis n’a pas dit mieux, lorsqu’il a prétendu qu’il ne fallait « pas politiser les choses ». Ben voyons! Et pour les saboteurs de caténaires non plus?

Le fond du problème, c’est que la direction actuelle du PS n’a pas l’air décidée à soutenir un membre du clan Royal. Les haches de guerre s’enterreront-elles, d’ici à 2012?

– Pourquoi l’UMP a-t-elle pris à ce point la défense de Dray? Troisième étape de la réflexion, la réaction de la droite. On aurait pu s’attendre à des commentaires ironiques, acerbes, satisfaits. Mais non. Frédéric Lefebvre, pourtant habitué aux provocations, a pris tout le monde à contre-pied, hier, en entonnant un vibrant plaidoyer en faveur de Julien Dray : « La présomption d’innocence, ça compte. Il n’est pas très agréable de voir ce déchaînement aujourd’hui sur Julien Dray alors même que personne ne connaît la réalité et que des juges font leur travail. Je m’abstiendrai de tout commentaire négatif à un moment où ce parlementaire que je connais bien est en train de vivre des moments difficiles. La justice dira s’il a des choses à se reprocher ou non. En tout cas pour moi, tant que la justice ne s’est pas prononcée, Julien Dray est innocent. »

Authueil y voit une pique à l’adresse du PS, et une façon d’occuper le terrain dont n’ont pas profité Aubry et son équipe : « ce communiqué sur le respect de la présomption d’innocence, c’est Martine Aubry qui aurait du le faire, dès ce week-end ! Que ce soit Frédéric Lefebvre qui l’ait fait le premier, c’est véritablement du sel jeté sur une plaie à vif ».

Sauf que Frédéric Lefebvre est du même bord, en l’occurrence, que ceux qu’on peut légitimement soupçonner d’avoir fait fuiter l’info. Qui, à gauche, aurait intérêt à faire « sortir » une affaire comme celle-là, qui risque d’éclabousser tout le monde si elle explose?

Ajoutons à cela le fait que Dray est fréquemment cité parmi ceux qui à gauche, pourraient être visés par un nouveau raid d’ouverture de Nicolas Sarkozy… Que le même Dray estime aujourd’hui être « mort politiquement », du moins à gauche… Autrement dit : à qui profite le crime, en l’occurrence? Qui tire les marrons du feu des deux côtés? Qui peut relancer la carrière de l’ancien leader de SOS-racisme?

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Décidément, on aura tout vu!


Moi, je dis qu’une fois qu’on a vu ça, on peut mourir tranquille… Un journal communiste défendant le repos dominical, c’est tellement étrange, quand on y pense. Quasi inespéré. Vraiment. Cela peut paraître très classique aujourd’hui, mais après tout, qui nous aurait cru s’il y a trente ans, on aurait dit que la droite allait pilonner le repos dominical et la gauche, s’y arc-bouter?

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Classé dans Humour, Société

Travail dominical : je ne vois pas trop où est le recul?

Je ne comprends pas pourquoi la fronde s’arrêterait à l’UMP sur le travail dominical. Hier, les députés rebelles ont été reçus à l’Elysée, où ils ont visiblement été achetés rassurés par le président de la République : il n’y aura pas de généralisation du travail dominical. Décidément, on recule plus facilement face aux lycéens que face à ses députés!

Et là, on sursaute : parce qu’il y avait une généralisation prévue? Pourtant, on entend les ministres Xavier Bertrand et Luc Chatel clamer, depuis le départ, qu’il n’en était pas question? Passons.

Pour ceux qui ne suivent pas, au fond de la classe, rappelons le résultat de l’entretien. D’abord, chaque maire pourra décider d’autoriser jusqu’à dix dimanche travaillés dans sa commune, contre cinq actuellement. Sans que les commerces alimentaires soient concernés. Ce qui nous promet de toutes façons quelque chose de comique : soit il y aura une belle inégalité entre les commerçants ou les clients, selon la couleur politique de la ville en question, soit on se prépare à de beaux retournements de veste schyzophrènes au PS. J’attends avec impatience, par exemple, de voir ce que ferait Martine Aubry à Lille, si la loi passe en l’état : hier, au conseil municipal, elle a fait voter une motion de principe refusant l’extension du travail dominical.

Pour moi, il ne s’agit pas là d’un recul, mais d’une extension. Le texte initial ne prévoyait pas de passer de 5 à 52 dimanche ouvrés, si je ne m’abuse? Conclusion : on prend cette disposition pour que les centre-villes ne soient pas trop défavorisés par rapport aux zones commerciales. Une course à l’échalote qui ne me dit rien qui vaille.

Deuxième modification : justement, à propos de Lille, les magasins seront autorisés à ouvrir chaque dimanche sans restriction « dans les agglomérations des « zones frontalières » d’un pays ouvrant lui-même le dimanche ». Tiens tiens, coucou Martine Aubry!  La Belgique laisse ses commerces ouvrir tous les dimanche, donc le Nord me paraît être le seul concerné par cette disposition. Disposition qui semble aussi un brin inégalitaire, puisque le salarié lyonnais aura droit au repos dominical mais pas le Lillois. Le conseil constitutionnel sera-t-il d’accord?

Là encore, à part faire plaisir aux élus de la droite lyonnaise, je ne vois pas où est le recul. Car en même temps, on veut « étendre le champ de l’ouverture dominicale » dans les zones dites touristiques, dont le périmètre sera élargi. Il y en a, à Lyon! Que recouvre exactement la notion de zone touristique? Qui décidera de leur définition? Peut-elle subrepticement se substituer à la notion initialement défendue de « zone d’attraction commerciale exceptionnelle »Pour ce qui est du Nord, en tout cas, c’est pire qu’avant cet entretien à l’Elysée. Là, il y aura bel et bien généralisation.

Là encore, où est le recul?

Concernant Marseille, on marche sur la tête : on propose d’entériner législativement un « usage constaté » pour autoriser l’ouverture aujourd’hui illégale des centres commerciaux tels que Plan-de-Campagne (Bouches-du-Rhône). Et ça, c’est pour contenter l’auteur du texte, Richard Mallié (lui-même député dans le 13), et pour ne pas compromettre sa réélection. Et le petit dealer du coin, qui vend du cannabis, il a droit à un « usage constaté », lui, ou pas?

« La feuille de route est tracée. Le dialogue va se faire. On s’est complètement éloigné de la généralisation du travail du dimanche. Il existe des avancées notoires, nous avons été entendus, je m’y retrouve », a expliqué un député frondeur. Un autre l’avoue franchement : « Si ces avancées sont maintenues, on est en mesure de voter le texte sans difficulté ».

Mais quelles avancées notoires? Le fond du sujet n’était-il pas le risque pour la cohésion sociale et la vie de famille, messieurs les députés UMP? Le fond du débat, était-ce Lyon, ou était-ce le principe d’extension du travail dominical? Ne disiez-vous pas qu’il fallait arrêter de tout voir par « le bout de la lorgnette » de l’économie?

Au final, si l’on en reste là, seule la gauche se battrait donc contre ce texte, dont l’examen doit commencer aujourd’hui ou demain à l’assemblée nationale. 4 000 amendements ont été déposés pour le moment : de quoi promettre une vraie bataille parlementaire!

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Quand vont-ils se mettre à bien voter, ces idiots d’Irlandais?

Et voilà, ça y est. Je pensais que nos dirigeants auraient la décence de s’abstenir d’une telle ineptie, d’une telle hérésie démocratique. Je pensais que c’était une blague, une incantation. Mais non : on pense bien à faire revoter les Irlandais sur le Traité de Lisbonne, qu’ils ont rejeté en juin à 53,4%. Et ce, jusqu’à temps qu’ils donnent la bonne réponse!

Je ne m’étendrais pas sur les raisons objectives qui peuvent justifier qu’on sorte du marasme dans lequel l’Union européenne se trouve. Et qu’on abandonne les règles étouffantes du traité de Nice, valables pour une Europe à 15 et non à 27. Car cela, c’est le problème de ceux qui depuis Maastricht, construisent une Europe envers et contre tout bon sens. Elargissent à gogo avant d’approfondir, et après, se plaignent que les traités ne soient plus applicables. L’Union est devenue un monstre, il faudra bien s’en apercevoir, tôt ou tard.

Après le double refus français et néerlandais, en 2005, elle était au fond du gouffre, condamnée à une existence a minima. Et il a fallu concocter un nouveau traité. On a repris le même, un brin retouché, « retoiletté » comme on dit, et en moins formel. On a fait avaler cette couleuvre aux Français, aux Néerlandais, qui n’ont pas bronché ou si peu. Chez nous, on aurait déjà pu trouver scandaleux qu’on nous fasse voter de nouveau : même pas! On a ratifié le traité par voie parlementaire. Mais puisqu’on te dit que la constitution l’autorise, coco! C’est dé-mo-cra-tique.

Face au refus Irlandais, et alors que 25 des 27 Etats (moins, donc, l’Irlande et la République Tchèque) ont ratifié ce traité, les Européens ont beau jeu de pointer du doigt les incohérences irlandaises : soit vous quittez l’Union, soit vous votez de nouveau. On a évidemment incité Brian Cowen, le premier ministre irlandais, à choisir la première seconde solution, en entourant ce nouveau dispositif référendaire de précautions en béton pour être sûr que cettes fois, ces paysans arriérés votent enfin dans le bon sens. On va abandonner le principe selon lequel il y aurait moins de commissaires européens que d’Etats (l’idée de cette réforme étant de considérer qu’un commissaire représente l’Union, et pas son Etat d’origine), alors que celui-ci est inscrit noir sur blanc dans le traité. On va également rédiger des dispositions annexes au traité où on rassurera les Irlandais sur certains thèmes qui leur sont chers, tels que le droit à la vie ou la fiscalité. Dispositions qui ne serviront à rien d’autre, bien entendu, qu’à illusionner nos amis irlandais.

Et hop! le paquet sera emballé. Brian Cowen fait encore mine de réserver sa décision, mais de fait, on s’oriente vers un vote en octobre 2009. Et pour amuser la galerie, le premier ministre irlandais feint encore de réclamer des garanties d’ici le mois de juin.

Elle est pas belle, la vie?

Pour conclure, et au-delà du scandale démocratique que représente un nouveau vote, Jean Quatremer fait bien de pointer du doigt le risque d’une telle manoeuvre et la « jurisprudence » que cela peut créer : « Les citoyens auront désormais la tentation de toujours voter non pour obtenir ce que leurs représentants n’ont pu négocier. L’Union risque donc de devenir ingouvernable: par exemple, entre le refus irlandais de toute harmonisation fiscale et sociale et la volonté française de parvenir à une telle harmonisation, on se demande sur quelle base pourra se faire un compromis, compromis qui sera toujours jugé insuffisant. Bref, le prix à payer pour un hypothétique oui irlandais risque d’être très lourd. »

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Un Villepiniste au gouvernement!

Bruno Le Maire, 39 ans, succèdera donc à Jean-Pierre Jouyet au titre de secrétaire d’Etat aux affaires européennes. Nul n’ignore que le député UMP de l’Eure fait partie du carré de fidèles de Dominique de Villepin, dont l’avenir politique est de plus en plus compromis, avec en plus l’épée de Damoclès de Clearstream au-dessus de la tête…

Bruno Le Maire, c’était le conseiller politique de Villepin au quay d’Orsay, place Beauvau, puis son directeur de cabinet à Matignon. C’est lui qui est réputé avoir écrit son fameux discours devant le Conseil de sécurité de l’ONU au sujet des projets d’invasion américaine en Irak, en 2003. C’est également l’auteur d’un livre passionnant qui avait été ici chroniqué, Des Hommes d’Etat, qui racontait très finement, de l’intérieur, le quotidien du pouvoir et des rivalités entre Chirac, Villepin et Sarkozy de 2005 à 2007, avec en toile de fond, notamment, le CPE et la crise des banlieues. Un livre qui ne ménageait pas Sarkozy…

Il est d’ailleurs comique de voir l’ancien bras droit de Villepin (qui n’a plus le droit de le voir en vertu du contrôle judiciaire de DDV) rejoindre Sarkozy au moment où l’ex-leader de l’UNEF aujourd’hui membre de la direction du PS (comme tous les anciens leaders de l’Unef, non?), Bruno Julliard, se répète en racontant que Sarkozy l’avait assuré de son soutien au moment de la lutte estudiantine et lycéenne contre le contrat première embauche, qui avait scellé les ambitions du premier ministre de l’époque.

Pendant que le PS n’en finit plus de se déchirer, pendant qu’Aubry et Royal continuent de règler leurs comptes, Sarkozy organise donc sa propre opposition, en maintenant sa politique d’ouverture. On le voit sur le travail dominical, où le débat a de fait lieu au sein de la majorité, la gauche n’étant plus que l’ombre d’elle-même. L’objectif est de faire croire que toutes les sensibilités politiques sont dan sle gouvernement alors qu’on voit bien que sur certains dossiers, tels que le travail dominical, l’exécutif est prêt à passer en force et à ignorer les oppositions internes.

La prise de Bruno Le Maire est des plus belles pour le chef de l’Etat, mais ne nous y trompons pas : elle ne doit pas nous cacher les tentatives de déstabilisations d’autres députés villepinistes, tels que l’élu de l’Hérault, Jean-Pierre Grand, dont la circonscription pourrait être coupée en deux afin de l’éjecter en douceur.

Elle ne doit pas nous cacher l’entreprise de cadenassage de l’UMP, dont les clefs ont été confiées au « chouchou » Xavier Bertrand, qui aura pour mission de faire taire les mécontents, ce que Devedjian n’avait pas réussi (ou pas voulu) à faire. Et ce que Jean-François Copé ne fait pas non plus au sein du groupe à l’assemblée. Sarkozy peut compter sur Bertrand pour contrer Copé, sachant que les deux rivaux « quadras » de la droite tournent tous deux leurs ambitions vers 2017.

Tout se joue donc, de fait, à droite. On ne peut décidément que compter sur les rivalités, pour que vive le débat dans notre pays?

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Classé dans Europe, International, Politique

L’Union européenne fait tout pour qu’on la déteste

On avait envie d’évoquer le cadeau empoisonné de Nicolas Sarkozy à Patrick Devedjian, qui hérite d’un hochet pour mieux se faire dépouiller de la direction de l’UMP. Envie également de railler la constitution du nouveau bureau national du PS, dont la composition « moitié femmes moitié hommes, et 20% de membres « aux couleurs de la France » est d’un ridicule sans nom : on ouvre la porte aux gadgets politiquement corrects, mais on la ferme aux sensibilités différentes, à savoir les proches de Royal.

Mais un sujet plus grave nous préoccupe, dont la Lettre volée s’est fait l’écho à la suite de Backchich : l’Europe continue avec obstination à vouloir périodiquement se tirer de nouvelles balles dans le pied, histoire de bien freiner sa marche en avant. Histoire d’être sûre de ne servir à rien. Bref, l’Union européenne fait tout pour qu’on la déteste et qu’on cesse de croire en elle, si ce n’était pas déjà fait.

De quoi s’agit-il, cette fois? Un rapport des services du commissaire européen à l’élargissement, publié début novembre, préconise d’accélérer le processus d’adhésion de nouveaux Etats membres, dans le but de parvenir rapidement à une Europe à 35. Huit pays sont visés : la Turquie, bien sûr, la Macédoine, la Croatie, la Serbie, l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, et pourquoi pas le Kosovo!

Il y a encore cinq ans, avant l’élargissement de mai 2004, l’Europe comptait 15 pays membres. On a englobé dix Etats de l’est d’un coup en 2004, d’un seul, avant d’en intégrer deux autres autres (Roumanie-Bulgarie) en 2007. Entretemps, l’Union européenne a montré ses limites : faut de réussir à définir ensemble un objectif commun, c’est la zizanie. Les échecs du TCE puis du mini-traité en sont la preuve. L’union européenne a cessé de faire rêver en-dehors du cénacle des élites bienpensantes. Et on voudrait persévérer dans cette voie suicidaire? Continuer de privilégier le nombre à la qualité, alors que l’expérience montre que c’est un désastre?

Une seule chose compte pour les auteurs du rapport : s’élargir pour s’élargir, avec un fond de bisounoursisme en arrière-plan. « Enlargement is one of the EU’s most powerful policy tools. It serves the EU’s strategic interests in stability, security, and conflict prevention », écrit-on. Ainsi donc, élargissons-nous aux Balkans, pour assurer la paix et la stabilité dans cette région. Etendons-nous à la Turquie pour ancrer ce pays dans l’Occident. Et demain, proposons cela aux pays du Caucase, pourquoi pas? A l’Arménie, à la Géorgie? Et en Afrique, pourquoi pas le Maghreb? Et soyons fous, tentons notre chance au Proche-Orient! Après tout, cela pourrait empêcher les méchantes guerres de prospérer…

Au-delà de cet emportement romantique qui sert de prétexte officiel, Backchich voit une autre justification plus terre-à-terre à cette fuite en avant : « Les auteurs du rapport soulignent aussi l’aubaine économique et commerciale que représente un élargissement de l’Europe à huit nouveaux pays. Intégrer les Balkans et la Turquie, c’est repousser très loin les frontières du supermarché intérieur et du libéralisme… Peu importe de savoir comment articuler le fonctionnement politique d’une Europe à 35. Ce n’est pas le propos de la Commission à l’élargissement. Quant au fait que le traité de Lisbonne censé garantir le bon fonctionnement d’une Europe à 27 ne soit pas encore validé par tous les États membres, cela figure comme le cadet de ses soucis. »

Sans compter les quelque 7,5 milliards d’euros gaspillés distribuées généreusement à ces pays, entre 2007 et 2001, afin de les aider à se préparer à nous rejoindre!

Quelle entreprise accepterait de nouvelles commandes avant d’être certaine de disposer d’une gestion correcte de son activité présente? C ommençons par définir convenablement le cadre avant de vouloir élargir la famille!

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Jean Leonetti rend un rapport défavorable à l’exception d’euthanasie

Le rapport de la mission conduite par Jean Lenoetti préconise donc (merci Oscar) de ne pas modifier la loi Leonetti d’avril 2005 sur la fin de vie. Il est urgent d’attendre. Il n’y aura pas d’exception d’euthanasie, comme il n’y aura pas de légalisation de l’assistance au suicide. Il y a donc aussi des bonnes nouvelles, parfois!

Cette étude avait été commandée par François Fillon afin de réfléchir sereinement sur cette question suite aux revendications nées des polémiques autour de la mort de Chantal Sébire, au mois de mars dernier, orchestrées comme on s’en souvient, en coulisses, par l’ADMD.

La mission menée par le député UMP s’est heurtée à l’impossibilité d’introduire une exception à la législation actuelle, car selon Jean Leonetti, le comité qui serait chargé de trancher les litiges n’aurait « pas de légitimité à se placer au-dessus des lois ». Dans un entretien au Figaro, qu’il faut lire pour prendre en compte la compexité du problème, il précise très justement qu’il a adopté cette position « parce que [la dépénalisaiton et l’assistance au suicide] posent plus de problèmes hu­mains et juridiques qu’elles n’en résolvent ». Certes.

Selon lui, les situations peuvent se règler d’elles-mêmes : pour les personnes en fin de vie, la loi d’avril 2005 « résout l’immense majorité des problèmes rencontrés ». Il propose néanmoins la nomination d’un médécin référent en soins palliatifs pour jouer un rôle de médiateur des cas difficiles. Et d’un observatoire de la fin de vie, afin de déterminer quels sont les manques et démontrer que « nous avons besoin de moyens, de changer nos modes de pensées et de fonctionnement vis-à-vis des plus fragiles et des plus vulnérables ». Pour ceux qui ne sont pas en fin de vie, en revanche, « nous avons constaté que la loi française n’interdit pas formellement cette démarche mais évite, en interdisant la manipulation des personnes vulnérables et la provocation au suicide, les dérives que la Suisse constate et tente en vain de juguler ».

Une position qui semble équilibrée : on rejette une nouvelle fois l’acharnement thérapeutique, en arguant qu’en médecine, « la technique performante doit s’accompagner d’une dimension humaine équivalente », mais on refuse aussi d’introduire une brèche reconnaissant aux yeux de tous que certaines vies valent moins que d’autres. Et on s’engage à mettre le paquet sur les soins palliatifs, pour marcher sur les pas de la Grande-Bretagne, plutôt que d’empreinter la voie choisie par la Suisse, la Belgique ou les Pays-Bas, où les dérives constatées nous montrent l’écueil à éviter. Au passage, on propose également d’introduire des congés-fin de vie pour les proches des personnes en fin de vie.

D’aucuns crieront à l’hypocrisie, mais la politique, c’est cela. C’est prendre des décicisions, et en assumer les conséquences, plutôt que de céder à la panique et à la dictature du sentiment. C’est défendre l’intérêt général, plutôt que celui de quelques-uns. C’est raisonner en toute indépendance, plutôt que d’écouter les groupes de pression de la « culture de mort ».

La mission refuse également  contrairement à ce qu’il avait dit au mois de mars, la dépénalisation des homicides par compassion, jugeant que les juges ou le parquet ont la possibilité de tenir compte de cette circonstance particulière. Seul bémol : on propose aussi d’en finir avec les agonies douloureuses, en autorisant la « sédation terminale » pour les patients dont on a arrêté le traitement et qui sont inconscients. N’est-ce pas la limite entre aide active et passive? Tout dépend, au final, si le but recherché est de soigner, quitte à ce que la conséquence indirecte de l’injection soit la mort, ou si le but recherché est la mort. La nuance semble ténue, mais elle est de taille!

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