Les Français ne veulent pas travailler le dimanche

dimancheBeaucoup de travail, en ce moment : je serai très bref ce matin, juste un petit passage pour évoquer un sondage paru mardi dans Libération sur le travail dominical. Force est de constater que les Français semblent loin d’y être favorables! Désolé, je radote, mais le sujet est crucial et c’est maintenant qu’il faut se mobiliser. Après, il sera trop tard, le cheval de Troie sera dans nos murs. Alors députés de droite, réveillez-vous!

Jusqu’ici, les Français, on les avait soigneusement interrogés sur l’ouverture des commerces le dimanche : y êtes-vous favorable, ma bonne dame? Et celle-ci de répondre, « ben oui! », un peu comme un enfant à qui on demanderait s’il veut faire une nouvelle partie de Playstation. « Ben oui! » Et nos ministres, lors du dernier débat sur le travail dominical, avaient beau jeu de clamer sur tous les toits qu’une écrasante majorité de Français étaient favorables à leur projet. Que les esprits « évoluaient ». Forcément, les questions étaient très mal posées. Car à chaque fois qu’on a inversé la question et qu’on l’a orienté sur le travail plutôt que sur la consommation, les sondés ont à chaque fois répondu qu’ils étaient défavorables à la réforme!

Comme la liberté que brandissent nos chers amis de l’UMP n’est rien sans la responsabilité et la réflexion, Libération a eu l’intelligence d’inverser à nouveau la question, qui devient : « La majorité envisage de faciliter le travail du dimanche, notamment dans les grandes agglomérations et les zones touristiques. Etes-vous favorable ou défavorable à cette mesure? »

Une question honnête, qui a le mérite de poser le débat de façon neutre avant de recueillir la réponse. Et ils sont 55% à être contre, 42% à être pour. « Quand on leur demande s’ils aiment bien voir des magasins ouverts le dimanche, ils répondent oui. Quand on leur demande s’ils veulent travailler le dimanche, ils répondent non. Ce n’est ni de la versatilité, ni de la schizophrénie. Mais selon que l’on s’adresse au salarié ou au client, la préoccupation n’est pas la même », écrit François Wenz-Dumas dans Libé. 57% des sondés affirment qu’ils répondraient « non » à leur employeur si celui-ci leur demandait de travailler le dimanche.

Ils sont également 86% à juger que « le dimanche est un jour fondamental pour la vie de famille, sportive, culturelle ou spirituelle » et 85% à estimer que ce jour « doit rester un jour de repos pour le plus grand nombre ». On les comprend, car quand on travaille déjà tous les samedi, ce peut être sympa de voir ses enfants le dimanche. Mais si on refuse, on peut être licencié! Assurément, l’histoire du doublement de salaire et du consentement des salariés ne peut plus convaincre personne… L’analyse du texte, dont l’examen à l’Assemblée doit s’achever samedi, est disponible ici.

58% des personnes interrogées, enfin, estiment que ce texte n’aura pas d’impact en terme de créations d’emploi, contrairement à ce que la propagande gouvernementale essaie de nous faire croire. Même Laurence Parisot est d’accord pour dire que l’intérêt économique sera nul!

En revanche, notre nullissime ministre de la Famille, Nadine Morano, prépare déjà une extension du travail dominical, déjà évoquée l’an passé : l’ouverture des crèches, pour garder les enfants de ceux qui travailleront le dimanche… Avec un tel effet domino, on ose nous jurer qu’il n’y aura pas de généralisation?

Sarkozy, lui, estime que cette réforme sera « la marque d’une famille politique qui assume ses convictions ». C’est plutôt l’inverse : ce projet montre l’absence totale de convictions d’une majorité qui ne raisonne qu’en termes économiques, et pour faire plaisir à quelques puissants lobbies.

La politique de civilisation? Mon oeil!

N.B : continuez, si vous y êtes opposé, à signer la pétition contre le travail dominical.

7 Commentaires

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7 réponses à “Les Français ne veulent pas travailler le dimanche

  1. « “La majorité envisage de faciliter le travail du dimanche, notamment dans les grandes agglomérations et les zones touristiques. Etes-vous favorable ou défavorable à cette mesure?” »

    Comme question neutre, on fait mieux ! Il me semble que le sujet envisagé par la majorité est restreint à l’ouverture des commerces, et non à l’ensemble des secteurs d’activité. Là, ça laisse planer que tout le monde, même la compta, pourrait travailler le dimanche dans une grande agglomération.

    Après, que la majorité soit prêt à consommer mais pas à travailler n’est pas un vrai problème en soi. Si ceux de la minorité prêts à travailler le font, ils pourraient ouvrir à eux-seuls les magasins pour les consommateurs en congés.

    Là je m’exprime sur le principe, mais si le texte de loi ne préserve pas le libre choix et le double salaire, y compris dans les zones touristiques, on trouvera forcément moins de gens pour le défendre, moi le premier.

  2. do

    2 personnes déjà licenciées pour avoir refusé de travailler le dimanche: c’est ici et c’est maintenant: (extrait de Libé cité dans le billet, pour ceux qui ne seront pas allé voir): « Le dimanche, le collègue de madame Fernandes, licencié lui aussi, voyait son fils. Après leur séparation, son ex-femme et lui s’était mis d’accord : elle le gardait le samedi (il travaillait) et lui le dimanche. Madame Fernandes, elle, retrouvait son fils de 16 ans, en internat à 700 kilomètres de chez elle. »;
    la vie de famille le dimanche, ce n’est pas un argument en l’air: avec les couples séparés (pour le travail ou le divorce) et les enfants qui vivent loin, le dimanche est vraiment indispensable à un grand nombre de français, mais l’argent s’en fiche!

    Réponse sur ce point de ceux de la majorité (du PCD, en plus) qui sont restés le plus longtemps opposés au travail du dimanche:
    « Reste un point très important, qui nous a beaucoup préoccupés : la question du volontariat.
    Nous avons fait en sorte que la proposition de loi aille le plus loin possible dans ce sens, afin de
    protéger la liberté des salariés. Il nous semble qu’il est difficile de faire davantage. Cela étant, nous sommes conscients du fait que cette protection demeure fragile, et que pour certains salariés le volontariat pourra être contraint. Nous n’avons à ce stade pas de réponse à cette question, au-delà de ce qui a déjà été inscrit dans la proposition de loi. » (JF Poisson).

    Eh bien moi, je leur dis, comme le dirait un enfant de 5 ans: « quand on sait pas, on fait pas! »

  3. do

    donc c’est clair: la loi ne préserve PAS le double salaire NI le volontariat.

    alors, qu’est-ce qu’on fait, nous?
    si vous voyez quelque chose…

  4. @Xerbias

    « Là je m’exprime sur le principe, mais si le texte de loi ne préserve pas le libre choix et le double salaire, y compris dans les zones touristiques, on trouvera forcément moins de gens pour le défendre, moi le premier. »

    Ben lis le texte de loi, tu verras que ces conditions ne sont absolument pas remplies pour ce qui est des « zones touristiques »… Ce n’est le cas que pour les PUCE, qui sont déjà des zones touristiques! D’ailleurs comment pourrait-il en être autrement, alors même que 1/ la philosophie du texte est de dire au fond que le dimanche est un jour comme un autre et que 2/ tous ceux qui travaillent déjà le dimanche n’ont pas le choix et sont payés pareil qu’un autre jour?

    le pb de cette loi est donc que :
    -il y a un risque certain de généralisation : à partir du moment où on élargità en gros tous les commerces qui le souhaitent dans les villes le dimanche, on va aller aux crèches, puis aux livreurs, puis à plein d’autres professions pour finir aux banquiers, avocats et compagnie.
    -même sans ce risque, on arrive à une situation où des gens non volontaires vont être forcés à travailler. Et on sait très bien que ce ne seront pas les catégories les plus élevées de la population, hein. Plutôt le nouveau prolétariat, ces travailleurs « pauvres » obligés de cumuler plusieurs boulots pour s’en sortir.

    Sachant donc qu’on n’est pas capable d’assurer la réelle liberté, je pense qu’il vaut mieux s’abstenir…

    @do

    De fait, les exemples cités correspondent aux dérogations déjà existantes. Mais ça montre la domination de l’employeur sur le salarié : souvent, celui-ci est obligé de se la fermer et de se soumette, sinon c’est la porte.

    Mais en effet, je pense que Poisson, Le Fur, Meunier et compagnie se sont faits avoir dans les grandes largeurs et qu’ils auront du mal à le reconnaître et revenir en arrière…

    C’est le bon plaisir du Prince Sarkozy…

  5. s1ned

    « tous ceux qui travaillent déjà le dimanche n’ont pas le choix et sont payés pareil qu’un autre jour »

    Le pire est que s’ils refusent de travailler le dimanche, alors ils seront remplacés par d’autres qui ne pourront pas se payer le luxe de refuser cette offre. Donc, pour ceux qui refusent, ils peuvent toujours aller voir ailleurs, et ceux qui acceptent, c’est qu’ils n’ont aucun choix.

    Vive la démocratie.

    PS: très belle image

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