Remaniement : une redistribution des cartes à droite

Le remaniement annoncé dimanche en début de soirée (liste complète ici) n’est pas en soi une surprise ni un événement important, mais il constitue un affichage symbolique et une étape sur la route vers 2012. L’équipe dite « resserrée » (30 ministres contre 37 précédemment) fait un tout petit peu de place aux quelques rescapés de l’ouverture et aux centristes-villepinistes, mais fait avant tout la part belle aux anciens du RPR. Surtout, Morin et Borloo quittent le gouvernement amers et prennent déjà date pour la présidentielle.

Hormis François Fillon, si l’on additionne Brice Hortefeux, MAM, Thierry Mariani, Patrick Ollier, Xavier Bertrand, Alain Juppé, François Baroin, Roselyne Bachelot, Valérie Pécresse, Nadine Morano, Pierre Lellouche, Benoist Apparu, Georges Tron, Frédéric Lefebvre, 14 ministres sur les trente nommés ce soir sont donc issus du RPR, soit près de la moitié du gouvernement . Comme disait Zemmour sur i>télé, c’est la « revanche totale » du RPR sur les centristes de l’UMP issus de l’ancienne UDF. C’est un signe, aussi, que Nicolas Sarkozy cherche sans doute à unir sa famille politique naturelle avant de chercher à s’élargir à d’autres tendances. D’ailleurs, c’en est fini de l’ouverture puisque Bernard Kouchner, Jean-Marie Bockel et Fadela Amara quittent le gouvernement. Seul Eric Besson jouera désormais le rôle d’idiot utile comme transfuge du PS. Exit aussi les ministres d’affichage à l’image de Rama Yade. Tant mieux.

Oh certes, on a bien quelques cautions centristes, avec Michel Mercier, Maurice Leroy et le président de la région Alsace, Philippe Richert, tous trois étant issus de l’UDF, quelques anciens Démocratie libérale, avec Chatel et Raincourt, et trois villepinistes mesurés, Bruno Le Maire, Marie-Anne Montchamp et Georges Tron. Mais on dirait plus des figurants que de réels leaders de leur sensibilité politique.

D’ailleurs, ces leaders, eux, ont choisi de sortir du gouvernement, avec Hervé Morin pour le Nouveau Centre et Jean-Louis Borloo pour les radicaux : l’un a déjà pris date pour 2012 et improbable clin d’oeil à tous les déçus du sarkozysme, appelle le centre à se rassembler autour de son parti, tandis que le second a dit quasiment la même chose en souhaitant préserver sa « liberté de parole ». S’agit-il de réelles déclarations de candidature ou ces deux hommes se préparent-ils à faire campagne pour rabattre des voix pour Sarkozy? Quoi qu’il en soit, si l’on ajoute Dominique de Villepin et François Bayrou, les ambitions commencent à être un peu nombreuses au centre-droit… Ces quatre-là peuvent-ils réussir à s’entendre? Unis ou séparés, ils représentent quoi qu’il en soit un grand danger pour Nicolas Sarkozy en vue du premier tour de l’élection présidentielle de 2012.

Autre enseignement de ce remaniement, le départ d’Eric Woerth sonne comme un aveu de l’usure politique d’un homme affaibli par l’affaire Bettencourt, malgré le vote de la réforme des retraites. Enfin, l’arrivée de Jean-François Copé à la tête de l’UMP achève de redessiner une carte politique, à droite, orientée vers le combat politique pour 2012. Copé, qui a refusé le poste de ministre de l’Intérieur, a assuré qu’il jouerait le jeu. Il a tout à gagner à tenter de faire gagner Sarkozy sans risquer de porter une part de l’échec gouvernemental en cas de victoire de la gauche. Et pour lui, en vue de 2017, « prendre le parti » était essentiel.

N.B : on notera qu’il n’y a plus de ministère de la Famille. De toute façon, comme celle-ci n’existe plus, pourquoi s’échiner à lui consacrer une administration?

12 Commentaires

Classé dans Politique

12 réponses à “Remaniement : une redistribution des cartes à droite

  1. Sarkozy a perdu la main. Il fait de grosses fautes stratégiques en laissant partir Borloo qui va remobiliser des centristes toujours plus humiliés. Les élections sénatoriales de 2011 risquent de virer à gauche.

    http://www.jeune-garde87.org/2010/11/14/remaniement-dernier-episode/

  2. Pierre Marot

    Pour les sénatoriales, c’est de toutes façons plié.
    Maintenant, il faudra voir ce que feront les poids-lourds anti sarko (villepin, bayrou, morin et borloo).

    Unis derrière une même candidature, ils feraient très mal à Sarkozy. Mais ça reste peu probable.
    – Villepin n’est pas du tout centriste
    – Bayrou est un solitaire
    – Morin est grillé auprès de la famille centriste
    – Borloo, je ne sais pas du tout.

  3. C’est vrai, Eric Woerth quitte le gouvernement. C’est dommage, on aurait pu lui créer un ministère des casseroles au cul !
    Autres Satires sur le sujet sur le Blog de JEAN PATRICK DOUILLON HUMORISTE…
    http://douillon.canalblog.com/
    Bons Sourires
    JEAN PATRICK

  4. Pingback: Oups (2) : Fillon III et alors ? « Thomas More

  5. Pingback: L’épuration qui passionne les médias et l’opposition « Le crépuscule des consentants

  6. @Pazmani

    « Les élections sénatoriales de 2011 risquent de virer à gauche. »

    Peut-être, mais je ne vois pas bien le rapport avec ce remaniement…

    Quant aux centristes, ils ne peuvent pas se plaindre d’être humiliés : ça fait trois ans qu’ils avalent tout sans broncher. Moralement, il est un peu facile, je trouve, de quitter le gouvernement avec fracas à quinze mois d’une présidentielle. Bref.

    @Pierre Marot

    Je ne crois pas non plus à l’alliance de tous ces égos…

  7. NM

    Finalement, la question pourrait devenir : quel est l’avenir de l’UMP ? L’échec (heureux sans doute) du partie unique de droite apparaît plus clairement aujourd’hui encore… Le petit jeux Bertrand/Copé me laisse dubitatif ; surtout si l’on pense que le patron de l’UMP pourrait être le candidat de 2017…

    @Pierre Marot Je ne mettrais pas Villepin dans l’équation mais certains Villepinistes comme Mariton (un peu trop libéral sans doute) pourraient en revanche y entrer pour déterminer le vote catho…

  8. Pierre Marot

    La meilleure solution( ou la pire, de mon point de vue… bref 😉 )serait de redessiner la carte politique à droite.

    Ce parti unique est débile – il force chaque sensibilité à soit avaler des couleuvres, soit s’isoler.
    ALors qu’une union des différentes sensibilités (cf. majorité plurielle, mais en mieux 😉 ) me semble plus souhaitable. Et plus au centre (ce qui ne m’emmerde pas du tout quand la droite est au pouvoir 😉 ).

    A la place, nous avons des godillots 😦

  9. Henry le Barde

    @ NM
    Je ne sais si le retour plausible de l’UMP à un périmètre proche de ce qu’était le RPR est heureux ou non.

    Ce que je sais, c’est que dans l’hypothèse où un parti « catho-compatible » verrait le jour entre l’UMP et le PS, la configuration bipolaire inhérente à toute démocratie amènerait à se poser la question des alliances… Par le passé, on a souvent vu l’UDF avaler nombre de couleuvres face au RPR…

    La question qui se pose à moyen terme : si le FN se pare d’une espèce de respectabilité façon Ligue du Nord, et si le centre-droit se fédère, l’UMP post-Sarkozy n’est-elle pas menacée de scission entre les tenants d’une droite populaire (qui a dit populiste ? 😉 et ceux d’une droite modérée… avec alliances ad hoc ?
    Bref, ne s’achemine-t-on pas naturellement vers deux droites (populiste et démocrate-chrétienne) au fur et à mesure où la référence au gaullisme se ternira ?

  10. Feriez-vous une chronique de l’ennui en politique?
    La seule nouvelle que j’attends est que le gouvernement ait une boussole, accompagnée d’une paire de c.

  11. Parental network Europe

    Etrangement pas de secrétaire d’état à la Famille alors que bientôt la défenseure de l’Enfant va disparaitre?

  12. Pingback: La question du centre | Pensées d'outre-politique

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