Expo Larry Clark : tout ça pour ça…

Je suis allé voir la fameuse exposition de Larry Clark, au sujet de laquelle le journal Libération a donc décidé la semaine dernière de faire son beurre à peu de frais, prenant des accents de résistance – ça devient une habitude… – quand absolument rien n’est menacé. Certains auraient dû attendre de voir avant de juger. Résultat, de mon côté : une ambiance très très malsaine à peine compensée par la qualité artistique des photos, sabotée par un manque criant de contextualisation des clichés.

Des seringues, du sexe, des visages défigurées par la douleur. Voilà ce que je retiendrai de cette rétrospective de Larry Clark, celle dont tout le monde parle en raison d’un dommage collatéral : l’interdiction par la mairie de Paris de l’exposition aux moins de 18 ans.

Je ne m’étendrai pas longtemps sur le ridicule de cette « polémique ». Koz a fort bien expliqué que contrairement à ce que feint de craindre le journal Libération, qui s’est lancé dans une croisade s’indignant à bon compte de cette interdiction, nous ne vivons pas dans une société puritaine au milieu de laquelle les photos de Clark représenteraient une oasis de respiration, un souffle de liberté. Non, nous vivons dans une société ultra-érotisée, où les nichons et les fesses sont partout, même dans les pubs pour aspirateur. Le sexe, ça n’est plus vraiment une marque de rebellitude. J’ajouterais que les membres de ce journal révolutionnaire, qui ont saisi où se situaient les combats de notre époque, n’ont même pas attendu de voir l’exposition avant de la juger. Larry Clark, c’est forcément cool, on vous dit! Tous ceux qui prétendront le contraire ne sont que des réacs bornés.

Les photos qui ont suscité cette réserve de la Ville de Paris, peu suspecte de pudibonderie, appartiennent à une série représentant des membres de la jeunesse paumée de la ville de Tulsa (Oklahoma), aux Etats-Unis, dans les années 60-70. C’est simple : sur les photos, ils passent leur temps à batifoler et à se piquer. Mais pas de manière artistique : ils le font vraiment, à l’arrache, et Clark ne fait que saisir une réalité très crue. Rien à voir avec la photo publiée en « Une » de Libé, qui recèle tout de même un vague côté poétique.

C’est là que l’on peut se sentir agressé par les images. Mineur ou pas. Et s’interroger sur les limites de l’art. Hier matin sur Europe 1, Guy Carlier comparait cette exposition à l’Origine du monde de Courbet. Sauf que Courbet représentait un sexe féminin, quand Clark montre une femme enceinte en train de se piquer, des partouzes et des adolescents en train de découvrir leurs corps.

C’est là que se situe le malaise : à l’époque où il prend ces photos, Clark a une vingtaine d’années. Qu’est-ce qu’il fabrique dans l’alcôve d’adolescents, à les prendre en photo dans leur intimité? Lorsque Le Monde lui pose la question, Larry Clark dément tout « désir » pour les sujets représentés, tout en reconnaissant que ces photos sont « dérangeantes ». Mais il relativise immédiatement : « l’art est dérangeant ». C’est justement ce que, de mon côté, je regrette. Qu’on veuille déranger. Que ça puisse être ne serait-ce qu’une des multiples ambitions d’un artiste. Pourquoi ne se contente-t-il pas de chercher à nous émouvoir, de chercher à créer du beau? Pourquoi vouloir nous déranger? Quelle curieuse obsession.

Remarquez, « déranger » aura au moins permis cela : faire de la pub à une expo dont personne n’aurait parlé sans cette interdiction. Et franchement, à part la série sur Tulsa, la rétrospective n’a qu’un intérêt proche de zéro. Mais ça, ce sont les goûts et les couleurs.

 

31 Commentaires

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31 réponses à “Expo Larry Clark : tout ça pour ça…

  1. Yogi

    « Déranger », n’est-ce pas la définition de « faire réfléchir », là où « émouvoir » et « créer du beau » ne font que nous conforter dans nos opinions ?

  2. Pierre Marot

    Un peu d’accord avec Yogi.
    Je ne dis pas que déranger doit être l’objectif de l’artiste, mais ça peut légitimement en être un.

    Guernica, ça me dérange, par exemple…

  3. Une femme enceinte qui se pique, je trouve ça dégueulasse, et ma première réaction est de me demander si le photographe est intervenu pour y mettre le holà. Par contre, je ne vois pas du tout en quoi c’est de l’art.

  4. Pour imaginer Larry Clark « cool », il faut ne pas connaître Larry Clark. Larry Clark, c’est glauque, triste et amer, et le sexe est tout, chez lui, sauf érotique.
    (Juste un détail, Xerbias : empêcher une droguée en manque de se piquer, c’est souvent faire plus de mal que de bien. Particulièrement si elle est enceinte.)

  5. undessinparjour

    « En voir partout, en parler nulle part », tout l’art du politiquement correct.

  6. Bashô

    La comparaison avec l’origine du monde ne me paraît pas si mauvaise que cela. L’oeuvre de Courbet dérangeait énormément de monde et c’est un peintre considéré comme laid. A ce propos, il est toujours instructif de lire ce qu’on disait de Monet, Courbet, Rousseau, Van Gogh, Picasso etc. Stendhal qui était l’un des critiques les plus pénétrants trouvait Caravage laid. Ce n’est d’ailleurs qu’à partir de la fin du XIXème siècle que ce dernier est revenu en grâce.

    La question n’est donc pas de savoir d’abord si c’est beau ou non mais si ça nous parle.

  7. Obi-Wan Kenobi

    Ah, ça fait plaisir de voir que tu as su rester réac, malgré les années 😉 (de jeune réac, tu vas bientôt pouvoir passer à vieux réac’, la consécration).

    A un moment dans ton billet, tu évoques à la fois le sexe et les aspirateurs. Ne me dis pas que tu… Oh non… Pas ça… Pas toi…

    Bon, OK, je sors. Juste avant, je trouve que ton billet était aussi prévisible que la réaction de Libé. Un peu d’originalité que diable !

    A +

  8. Baron Krank

    Cela fait belle lurette que les publicistes de tous poils ont repris le slogan « sex, drug & rock n’ roll ». Un artiste qui se veut original aujourd’hui (je ne pense pas spécialement à Larry Clark dont les photos présentées sont anciennes) n’est certes pas obligé de jouer là-dessus, surtout si « vendre » n’est pas son ambition première. (Mais sans doute l’art a-t-il toujours voulu « vendre », i.e. être diffusé.)

    Quant à l’expo Larry Clark, l’interdire aux mineurs est la meilleure façon de faire parler d’elle : pub gratuite. Ceux qui y ont vu une atteinte à la liberté de l’art comme ceux qui veulent protéger les mineurs sont les dindons de la farce. Ils en arrivent même à disserter de ce que devrait ou pas être l’art… sujet à laisser aux artistes, qui souvent s’en moquent d’ailleurs. Moi, je me dis : que le Système est bien rodé !

  9. Gwynfrid

    Ce billet a en effet le défaut d’être très, très prévisible. Toutefois, le Chafouin a un énorme avantage sur la plupart des gens qui ont donné leur avis sur ce micro-événement: il est allé voir les photos en question. Son point de vue est donc basé sur plus qu’un simple et banal préjugé.

  10. « Déranger, n’est-ce pas la définition de faire réfléchir ? » => non, pas tout à fait.
    Je rejoins le Chafouin pour dire que « déranger » ne peut être le but d’un artiste. L’artiste n’est jamais dans la provocation. Si son œuvre dérange, ce n’est pas qu’il voulait sciemment « déranger », c’est qu’il a saisi une vérité qui est dérangeante. C’est dérangeant parce que c’est vrai, non pas parce que ça « provoque » ou ça se veut « imprévisible ». La provocation est toujours une posture. Elle est adoptée par ceux qui justement n’ont pas de véritable propos, de vérité à énoncer. C’est une contenance.
    Pour revenir à l’expo, cette « polémique » est évidemment une publicité déguisée. Qui s’est senti vraiment exclu de cette interdiction ? Quel jeune de moins de 18 ans s’est plaint de ne pouvoir aller à cette expo ? Aucun. La polémique vient du « monde de la culture » lui-même, qui se choque tout seul, s’interdit tout seul, se réhabilite tout seul.
    Je me permets d’adresser 2 liens en rapport avec le sujet « art et provocation » :

    Ces oeuvres d’art qui ont choqué

    Artistes et artistes

  11. Merci, l’œil, de cette définition sur les buts de l’art, et de l’art contemporain.

  12. Je ne crois pas que Larry Clark veuille être « original ». Et si son art dérange, c’est effectivement parce que ce qu’il montre dérange : une jeunesse paumée, morne, triste et solitaire. « No Future », sans espérance. C’est ça qui dérange chez Clark, bien plus que les corps dénudés et les sexes en érection.

  13. legambrinus

    Pour avoir déjà vu un de ses films « Ken Park », je dois reconnaître que Larry Clark a un réel talent pour faire sombrer le spectateur dans un malaise et un dégoût pour l’homme. Au delà du caractère inutilement choquant et cru des images, il y a une progression irréversible vers l’horreur et le néant. L’homme devient une bête, un corps sans esprit.
    Pour moi l’art est une invitation à l’élévation de l’esprit ici c’est plutôt l’élimination de l’esprit humain dont il est question.
    En ce qui concerne l’expo, si vous voulez déprimer un bon coup allez-y mais sinon évitez, Libé serait trop content de voir que son coup de pub sous couvert de polémique a fonctionné…

  14. Obi-Wan Kenobi

    @ Gwynfrid :
    « Ce billet a en effet le défaut d’être très, très prévisible. Toutefois, le Chafouin a un énorme avantage sur la plupart des gens qui ont donné leur avis sur ce micro-événement: il est allé voir les photos en question. » J’ai toujours su que c’était un pervers. Il a sauté sur l’occasion pour aller se rincer l’oeil.
    « Son point de vue est donc basé sur plus qu’un simple et banal préjugé. » Et pourtant, il arrive à se prendre une belle porte en pleine tronche : « Mais pourquoi un artiste veut-il déranger ? » Quelle drôle d’idée, en effet !

    Bref, j’ai surtout réagi histoire de me replonger dans la prose du Chafouin (ça faisait longtemps, hein, Chafouin !), mais je dois dire que je rangerais volontiers ce billet dans la catégorie « tarte à la crème » ou comment palabrer sur le sujet qui fait le buzz en ce moment sans faire avancer le schmill d’un quart de poil. Désolé !

  15. @Yogi

    « « Déranger », n’est-ce pas la définition de « faire réfléchir »? »

    Peut-être, mais ce n’est pas ce qu’il dit. Et d’ailleurs, l’expo n’est pas accompagnée d’une réflexion qui permettrait d’avancer dans cette direction. Déranger pour déranger, ça n’a aucun sens. Faire de l’art quitte à déranger, je veux bien. Là, l’art consiste à déranger.

    @Xerbias

    « ma première réaction est de me demander si le photographe est intervenu pour y mettre le holà »

    Je ne crois pas, non 🙂

    @Lambertine

    Je voulais simplement dire que Larry Clark fait partie de ces icônes à qui on ne doit pas toucher. Il est parfait, génial, et quiconque prétend le contraire est un débile inculte.

    « ce qu’il montre dérange : une jeunesse paumée, morne, triste et solitaire »

    Mais cette jeunesse ne me dérange pas : elle m’attriste. Que sont devenus tous ces pauvres gars qui passaient leur temps, sur ces photos, à se shooter chez leurs parents? J’aimerais le savoir.

    Ce qui me dérange, c’est qu’on exhibe ça et qu’on dise que n’importe qui peut regarder une photo de partouze. Et que ça va le faire réfléchir. A chaque spectacle son public! Et ceux qui ne sont pas contents peuvent demander que la loi change.

    @undessinparjour

    « En voir partout, en parler nulle part »

    Tu parles sérieusement, là?

    @Bashô

    Chacun sa conception de l’art. Le fait que ça nous parle ou pas, ce n’est pas la mienne. En tout état de cause, je suis plus sensible à ton argument sur le regard négatif ou très critique que portaient les contemporains d’autres artistes aujourd’hui adulés.

    Sauf que… Clark est adulé lui aussi. La mairie de Paris interdit l’expo aux moins de 18 ans, mais l’adjoint à la Culture de la Ville continue de dire tout le bien qu’il pense de l’artiste… Donc bon, la ressemblance s’arrête là je trouve.

    @Obi-Wan

    Si je dois prendre le contre-pied de mes idées uniquement pour ne pas être prévisible, ça va être gai. A vrai dire, je me fiche de faire avancer le débat. Je suis allé voir l’expo parce que j’étais à Paris et que Monet, c’était bouclé. Et j’ai trouvé que cette expo allait bien plus loin que les quelques photos qu’on avait vues dans Libé. J’ai voulu le partager.

    @Baron Krank

    Éternel argument! A partir du moment où un sujet est sur la table, qu’il est brandi par l’habituelle bande des Libé/Télérama/machin truc, on ne va pas se priver d’en discuter, hein. Reste qu’il est évident que l’expo bénéficie d’une pub incroyable.

    @Gwynfrid

    Ah, merci!

    @Gambrinus

    « Pour moi l’art est une invitation à l’élévation de l’esprit »

    Tu sais que je t’aime bien, toi?

  16. Timothée Gérardin

    Bonjour, pour moi cette histoire est parfaitement symptomatique des névroses de la gauche, et de son essentielle contradiction. A la fois apotres de la révolution sexuelle et garants de l’ordre moral, ils ne savent plus où donner de la tête… Un petit avis à ce propos:
    http://encoreunefois.net/2010/10/13/larry-et-les-tetes-a-clark/

  17. Timothée Gérardin

    Mais attention tout de même à ne pas aller dans le puritanisme @Gambrinus. Que faites vous de la défense de Baudelaire par Barbey d’Aurevilly? Et de Lautréamont par Léon Bloy? Elever l’âme, c’est aussi parfois nous mettre le nez dans la « misère de l’homme sans Dieu ».

  18. Yogi

    @ Timothée Gérardin :

    « L’Oklahoma fait partie de la Bible Belt, littéralement la « ceinture de la Bible », une région du Sud des États-Unis dans laquelle vivent un pourcentage élevé de personnes se réclamant d’un protestantisme rigoriste. L’université Oral Roberts de Tulsa est considérée comme l’épicentre du renouveau charismatique et du fondamentalisme protestant dans l’État. La population de Bible Belt se caractérise par son conservatisme sur les questions de société et de politique : condamnation de l’homosexualité, de l’avortement, de la théorie de l’évolution, etc. D’après le Pew Research Center, plus de 80 % des habitants de l’Oklahoma sont chrétiens. »

    En l’occurrence, il s’agit donc plutôt de la « misère de l’homme avec Dieu ».

  19. Bonjour,

    Merci au Chafouin pour l’avis expérimenté sur l’expo, qui dans mon entourage-qui-n’a-vu-que-les-photos-de-Tulsa fait débat (dès qu’il est question de cul, de toute façon…).

    Le débat est large et tendu (aucune allusion) :
    – sur l’art et sa fonction
    – sur l’amnistie a priori des artistes
    – sur l’interdiction ou pas de diffuser la pornographie aux mineurs (ou à tous)
    – sur l’interdiction ou pas de produire de la pédopornographie
    – sur le consentement possible ou pas des adolescents
    – sur la maturité sexuelle
    – etc…
    Faudrait presque un billet sur chaque question.

    Mais par pitié, Yogui, ne mêlez pas Dieu à cette histoire. Merci ! (et désolé, quand j’ai l’estomac qui se soulève à cause de telle ou telle horreur, j’ai une fâcheuse tendance à devenir beaucoup moins courtois et agréable).

  20. Yogi

    @ Pneumatis : Cé pas moi M’sieur, cé Timothée !

  21. Timothée Gérardin

    Han la balance… 😉
    Ce que je voulais dire en citant Pascal (et en réponse @Gambrinus), c’est que pour élever l’âme, on n’est pas forcer de ne regarder que les étoiles.

  22. Adrien M.

    Je balance : l’opinion compléte de Timothée : http://encoreunefois.net/2010/10/13/larry-et-les-tetes-a-clark/
    !!!

  23. Chafouin,

    Je n’ai pas voulu dire que cette jeunesse dérangeait. Je crois que ce qui dérange, ce qui met mal à l’aise, (ce qui attriste, bien sûr, aussi) c’est que cette jeunesse soit aux antipodes de ce que devrait être « la » jeunesse. Pas révoltée, ça on l’admet. Pas seulement mal dans sa peau. Mais profondément désespérée, sans futur, sans accroche dans le réel. désanchantée et désoeuvrée. On ne se pique pas à l’héro par hasard. On ne participe pas à des partouzes, et on se laisse encore moins photographier participant à des partouzes, par hasard non plus. Il faut en être arrivé très très bas, pour ça.
    Les photos de Clark, en elles-mêmes, ne me dérangent pas. La réalité qu’elles montrent, même mise en scène, si. Peut-être parce que je l’ai vue de trop près. Peut-être aussi parce que je sais trop bien que les gamins comme ceux représentés sur ces photos, dans la vraie vie, n’intéressent personne.

  24. Baron Krank

    @ Chafouin
    « Chacun sa conception de l’art » : euh… non, ou alors, pour être gentil : chacun a le droit d’avoir sa conception de l’art, mais ça ne signifie pas que l’art doive en avoir quoi que ce soit à carrer de l’opinion des gens sur l’art (et je vous prie d’excuser ma vulgarité). S’il y a un domaine – j’ai honte de le dire – qui n’est pas démocratique, c’est bien l’art. Les créateurs pensent souvent : que le bon peuple fasse ce qu’il veut de la politique, de l’économie, de la société et même de la « culture », mais qu’ils nous laisse tranquilles avec ce qu’on fait… Là où on en arrive, c’est : qui sont ces « créateurs » ? Est-ce, p. ex., Larry Clark ? Question ardue. Elément de réponse : ce sont généralement des gens qui ont sacrifié tout le reste, « comme on entre en religion »…

  25. Baron Krank

    Quant à mon « éternel argument », il touche, lui, à ce que signifie le journalisme (cf. Karl Kraus), càd. aujourd’hui « les médias », et le problème – physique à l’origine – de la modification des conditions d’observation par l’observateur.
    Alors là, je suis radical : les médias ont tué un certain art, en parlant sans cesse, en bien ou en mal, et en agitant des considérations stupides (morales p. ex.), de l’ennemi héréditaire de l’art, qui paradoxalement est aussi de l’art. (Je simplifie : l’art contre la « Culture » à la Jack Lang, c’est ça le combat.) « Satantango » de Bela Tarr, p. ex., est un chef-d’oeuvre, mais peu de gens se « taperont » ce film qui dure 7H40 sur une communauté de paysans hongrois… Tant pis pour eux…

  26. @Yogi
    Ton idée sur le dérangement, comme contraire
    du beau me parait obéissant à une pensée formatée. Je crois que l’art est le fruit de la croyance de l’artiste en un absolu. L’art est de montrer la transcendance,dans la vision des choses les plus simples.
    Et ceci peut être dérangeant, dans la mesure où l’art montre que le monde ne s’arrête pas au visible et détrône la mort comme étant l’absolu.

  27. Guidé

    Après avoir visualisé les photos de ce photographe que je ne connaissais pas, j’avoue avoir été choquée. Je suis loin d’être pudibonde et je suis même la première à blaguer, mais dans cette expo. je trouve carrément ces photos pornographiques. Quant aux drogués, alors là, je ne cautionne pas du tout. Il y a assez de tristesse dans la réalité pour en rajouter. Pour moi ce n’est pas de l’art. Où alors, je ne suis pas dans le coup. D’ailleurs, je vais peut-être me mettre à la photo et photographier mon chien, je me ferais certainement de l’argent, pourquoi pas ?

  28. Thérèse Monniaux

    D’accord avec Le Chafouin. J’ajouterais que l’on omprend mieux ce qui se passe avec cette expo quand on a étudié -ce qui est mon cas- l’idéologie surréaliste : pour le surréalistes, l’art n’est qu’un prétexte à une subversion des valeurs. « Voici la machine à chavirer l’esprit » clamaient Aragon et Breton ! Aujourd’hui on croit que le surréalisme c’est du passé : le mot oui, l’école ainsi nommée oui, mais l’esprit surréaliste est bien là, et ce que fait Clark avec ses photos, d’autres le font avec des scultpures et des peintures, consciemment ou non. Le nihilisme et la désespérance ont gagné tellement de terrain dans nos sociétés que certains artistes, meêm s’ils ne sont pas directement subversifs, n’ont rien à dire, ou n’ont à dire que leur moi habité de noir et de glauque. Mais on n’est jamais obligé d’aller dans le sens du courant : le grand sculpteur Jean Fréour qui vient de mourir, a sculpté toute sa vie de belles statues et il a vécu de son art. Sans bruit.

  29. Yogi

    @ Thérèse Monniaux : « Mais on n’est jamais obligé d’aller dans le sens du courant » : n’est-ce pas là un excellent résumé de la position des surréalistes ?

    Et certains artistes « subversifs » ne visent-ils pas justement à dénoncer le noir et le glauque qu’ils perçoivent sous les dehors patelins d’un certain art de bon aloi ?

  30. @ Thérèse Monniaux : « Mais on n’est jamais obligé d’aller dans le sens du courant » : n’est-ce pas là un excellent résumé de la position des surréalistes ?

    Cette position appartient à tout artiste qui suit d’abord son sentiment, et non quelqu’un d’autre. Cette liberté prise par les surréalistes, a été aujourd’hui transformée en système dominant, avec école, Etat, et subventions…

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