Les Lefebvristes devraient être les seuls à qui l’Eglise ne tendrait pas la main?

stpiev1Il y a de quoi s’agacer à la lecture des commentaires au sujet de la possible levée de l’excommunication concernant les quatre évêques dirigeant la Fraternité Saint Pie X, que d’aucuns appellent lefebvristes, et que d’autres nomment intégristes. L’oecuménisme devrait donc se pratiquer en-dehors de l’Eglise, mais surtout pas en interne!

Pour commencer, un bref rappel historique qui ne fait pas de mal : Mgr Marcel Lefebvre, un des principaux opposants à Vatican II, a fondé en 1970 la Fraternité St Pie X, avec comme objectif de renouer avec la Tradition de l’Eglise. Il n’y a pas que la question du rite, mais aussi celle de l’ouverture de l’Eglise aux autres religions, par exemple, et en gros, la critique du « modernisme » dans lequel elle aurait plongé. En 1976, il ordonne 13 prêtres sans autorisation, et écope d’un suspense, une des sanctions canoniques avant l’excommunication. En 1988, au terme d’une longue lutte avec Rome, il décide d’ordonner (malgré l’interdiction de Jean-Paul II) les quatre évêques dont on parle : Mgrs Fellay, Tissier de Mallerais, Williamson et de Galarreta. Son but, alors, était de perpétuer son « oeuvre ». Sans évêques, pas d’ordination de prêtres, et donc sa Fraternité aurait disparu avec lui.

Cette ordination entraîne une excommunication dite latae sententiae (autrement dit : automatique), à l’encontre de Mgr Lefebvre mais aussi des quatre nouveaux évêques, qui sont aujourd’hui à la tête de la Fraternité. D’où le « schisme » de fait qui déchire l’Eglise depuis 1988, essentiellement en France d’ailleurs. Sur les 480 prêtres de la communauté, 130 exercent dans l’Hexagone.

Moins d’un mois après les ordinations, Jean-Paul II publie un motu proprio invitant les évêques à organiser dans leurs diocèses des messes selon le rite dit tridentin (messe en latin, dos aux fidèles, appelée aussi messe de Saint Pie V). Nombre d’entre eux resteront sourds à cet appel, rejettant de facto dans les bras de Lefebvristes de nombreux catholiques souhaitant rester fidèles au Vatican, mais également désireux de conserver, tout simplement, le rite auquel ils étaient attachés.

C’est notamment à cause de ce blocage que Benoît XVI a décidé, en juillet 2007, de transformer l’essai avec le motu proprio Summorum Pontificum. L’autorisation sans équivoque du rtite tridentin était l’un des préalables aux discussions d’apaisement, avec la levée des excommunications. A l’époque, ce motu proprio avait fait déjà grincer des dents, avec des commentaires totalement à côté de la plaque dans les médias, qui osaient pour certains prétendre qu’on allait imposer le latin à tous.

Les commentaires ne sont pas plus heureux, au lendemain de la révélation, hier, par le quotidien italien Il Giornale, de la réintégration prochaine dans l’Eglise des quatre évêques dirigeant la Fraternité Saint Pie X. Révélation qui intervient au moment même, qui plus est, où l’un d’eux, Mgr Williamson, a fait scandale en niant l’existence de la Shoah dans une émission de télé suédoise, le 21 janvier.

Dans un éditorial au vitriol, titré « un pardon contestable » (de quoi je me mêle?), Le Monde mélange tout. Analyse les faits et gestes de Benoît XVI comme s’ils étaient ceux d’un dirigeant politique. Parle du motu proprio comme d’une « autorisation donnée aux 480 prêtres de la Fraternité » de célébrer le rite Saint Pie V, quand ce texte s’adressait à toute l’Eglise. Benoît XVI est vertement critiqué, pour faire des concessions unilatérales, sans attendre de « retour » de la part de l’autre partie au litige. Mais faut-il attendre plus intelligent de la part de ce journal anti-Vatican?

Plusieurs commentaires peuvent être faits.

– Il est assez comique de voir les observateurs défendre, au fond, le principe de l’excommunication, souvent considéré comme la preuve de l’obscurantisme, de l’autoritarisme du Vatican. Lorsque Mgr Gaillot avait été non pas excommunié, mais déplacé de diocèse, les réactions avaient été légèrement différentes.

– Il est un peu moins comique de constater que ceux qui parlent de l’Eglise et lui donnent des leçons ne sont même pas catholiques et sont largement ignorants de ce qu’est le catholicisme. Je veux dire, en-dehors des poncifs habituels qu’on entend à son endroit.

– On s’interroge sur l’oecuménisme. Quoi, on applaudit quand Benoît XVI dialogue avec les Juifs, les Musulmans, les Protestants, les Orthodoxes, et on crie à l’infâmie quand il tend la main aux Lefebvristes? On se félicite quand le pape veut faire avancer le dialogue interreligieux, mais on le fustige quand il souhaite faire l’unité dans sa propre famille? Pas très logique, je trouve. Le deux poids, deux mesures, n’en est que plus flagrant.

Au fond, ceux qui s’inquiètent de cette possible réintégration craignent qu’au final, les Lefebvristes influent sur la ligne de l’Eglise. Peut-on vraiment le croire?

– Au sujet des Lefebvristes, je suis assez mitigé. J’ai tendance à penser que la schisme a été causé par leur jusqu’au-boutisme, et que leurs positions anti-modernistes sont suicidaires. Mais il est certain qu’une certaine intransigeance à leur égard, au sein de l’Eglise, voire un rejet injuste, n’a pas été étranger à la crise. Je ne vois pas trop au nom de quoi on interdirait à tel ou tel de pratiquer selon le rite qui lui plaît, même si personnellement, je goûte peu au rite Tridentin, n’ayant pas été éduqué dans cette tradition. Et que je trouve étrange de se focaliser sur ce qui n’est que de la forme. Cependant, on ne peut pas parler de tolérance quand il s’agit de Mgr Gaillot, et hurler au scandale quand il s’agit des traditionnalistes. Ceci dit, les propos des dirigeants Lefebvristes à l’égards de l’Eglise sont souvent provocateurs, insultants et injustes.

– Au sujet de Mgr Williamson et de son négationnisme, ce sujet doit être clairement disjoint de la levée de l’excommunication. Ses propos, s’ils sont confirmés, sont scandaleux. Mais la Fraternité s’en est clairement désolidarisée.

Màj : la mesure, effective, a été annoncée samedi par le Vatican :  « Par cet acte, on désire consolider les relations réciproques de confiance, intensifier et stabiliser les rapports de la Fraternité Saint Pie X avec le Siège Apostolique. Ce don de paix, au terme des célébrations de Noël, veut être aussi un signe pour promouvoir l’unité dans la charité de l’Eglise universelle et arriver à supprimer le scandale de la division », dit le décret de la Congrégation romaine pour les évêques.

Elle a été accueillie visiblement avec joie par les Lefebvristes et Mgr Fellay lui-même.

Lire également la réaction de Koz, qui est plus réticent que moi et parle d’une « joie mesurée ». Il considère, grosso modo, que ce décret est tout à l’honneur du pape, tout en regrettant que les Lefebvristes n’aient pas fait plus de gestes de leur côté. De fait, il rappelle que les Lefebvristes ne sont pas canoniquement revenus pour autant dans le giron de l’Eglise, et qu’il leur faudra répondre à la main tendue du pape pour cela.

Mise à jour (2) : Benoît XVI a condamné ce matin la négation de la Shoah, au cours de son audience générale hebdomadaire à Rome, rappelé sa « pleine et indiscutable solidarité avec les juifs », et souligné que « la Shoah doit être pour tous un avertissement contre l’oubli, la négation et le réductionnisme ».

Au sujet de la levée des excommunications, qu’il qualifie de « geste de miséricorde paternelle », le pape a précisé qu’il souhaitait que cela « soit suivi de leur engagement à faire les pas nécessaires à leur pleine communion avec l’Eglise » en reconnaissant « le magistère et l’autorité du pape et du concile Vatican II ».

31 Commentaires

Classé dans Religion

31 réponses à “Les Lefebvristes devraient être les seuls à qui l’Eglise ne tendrait pas la main?

  1. J’ignorais que la Fraternité Pie X s’était désolidarisée. Pour ma part, je pense surtout que si Benoit XVI le réintègre, cela ternira le succès de l’opération.

  2. Oui, c’est sur, mais c’est un épiphénomène par rapport au fond du sujet. C’est juste un prétexte permettant à certains de s’indigner à bon compte!

    S’il n’y avait pas ça, il y aurait autre chose.

  3. cilia

    Chafouin,

    En quoi le motu proprio de JP II était-il équivoque ?
    En quoi interdisait-il d’être fidèle au rite tridentin pour ceux qui le souhaitaient ?

  4. koz

    Il « faudra » bien que je donne également mon sentiment… qui sera moins indulgent que le tien. Certes oui, l’unité, mais j’aimerais voir des signes d’une telle volonté d’unité chez les lefebvristes.

  5. @cilia

    Jp II recommandait de laisser le rite tridentin être pratiqué, de le faciliter, mais il n’y avait aucune obligation, si j’ai bien compris. Benoît XVI, lui, a autorisé les prêtres à le célébrer comme ils l’entendent, sans demander à l’évêque. Là encore, si j’ai bien compris.

    @koz

    je considère également que les lefebvristes devraient manifester un peu plus de « désir » de revenir dans le giron de l’Eglise, et arrêter de traiter le pape comme le visage du mal. Mais bon. Je me dis aussi que c’est peut-être au pape de montrer l’exemple.

  6. Cher ami, vous qui cherchiez des preuves de la posture de Williamson, allez ici: http://snipurl.com/aol2p
    Vous constaterez que (sauf si cette vidéo est truquée) que Mgr Williamson, Lefebvriste ou pas, n’est absolument pas négationniste. En effet, il pense juste que les chambre à gaz n’ont pas existé…

  7. Pingback: Koztoujours, tu m’intéresses ! » Levée des excommunications : plus tendue, la main… tu meurs.

  8. @ Cilia:

    Parce que JP II parlait d’une ouverture large et généreuse de l’épiscopat au rite tridentin. C’est bien simple, j’en rigole encore, les évêques ont tout fait pour mettre des bâtons dans les roues des tradis.

  9. Antoine

    Bonne analyse, ! Effectivement ce n’est pas tout à fait le même angle que celui choisi par Koz !
    Mais il était temps d’écrire quelque part que tous ceux qui gueulent contre la levée de cette excommunication sont les mêmes qui avaient abreuvé l’Eglise d’injures en tous genres pour la condamnation de Galilée par exemple…
    Il est admirable de constater combien tous les journalistes du Monde, Nouvel Obs, Express et autres sont doté d’un sensus ecclesiae profond qui leur permet de juger de la valeur des décisions prises par le Siège Apostolique ! Leur comportement n’est cependant pas très différent de celui des membres de la FSSPX qui leur ont en qq sorte montré le bon exemple…

  10. @erwood

    Il me paraît évident que ce prélat est négationniste. Meric pour la vidéo, je ne l’avais pas vue. Il prend toutes les précautions oratoires pour que son propos ne paraisse pas choquant, mais il l’est.

    Mais je persiste à ne pas voir de lien avec le sujet qui nous préoccupe.

    @Antoine

    Je ne pense pas que mon propos s’oppose à celui de Koz. Ce dernier est d’accord avec moi pour dire qu’il est admirable que ce soit le Vatican qui fasse le premier pas, que c’était à lui de le faire, et qu’en effet, il faut se battre pour l’unité de l’Eglise.

    Et je suis d’accord avec lui pour digérer difficilement les positions très tranchées et souvent à la limite de l’insulte des Lefebvristes vis à vis du pape et de l’Eglise.

    Simplement, je pense que quand on prêche l’amour, on peut essayer de passer au-dessus de ça.

    Ceci dit, je suis assez d’accord avec vous pour dire qu’il est ridicule que les médias en viennent à défendre une excommunication! C’est désopilant à souhait.

    @Polydamas

    Certes. C’est ce que j’ai voulu dire en parlant d’une certaine intransigeance…

  11. Adrien

    Au risque de passer pour un idiot (mais je reconnais mon ignorance sur cette question) : il m’avait semblé comprendre que la forme de la messe avait, chez les catholique, une importance voisine de celle du fond. Je m’explique.

    On peut voir, à travers de nombreux films ou documentaires sur les US, des églises où les cérémonies sont toutes différentes (et parfois farfelues, m’est avis), du télé-évangélisme aux messes gospel, en passant par tous les intermédiaires. Les protestants n’ont donc manifestement pas ce problème.

    A l’inverse, toutes les messes auxquelles j’ai pu assister en France se ressemble. Les chants sont traditionnels, l’organisation et l’ambiance sont identiques. Et ceux qui voulaient faire autrement, à savoir la messe en latin, se sont fait excommunier.

    Alors justement, est ce que la forme de la messe n’est pas une chose qui doit faire l’unité chez les catholiques ? Quelle est la marge de manœuvre des prêtres sur le sujet ? Autoriser le retour de la messe en latin, n’est-ce pas ouvrir la voie vers d’autres types de cérémonies ?

    Si je peux me permettre une remarque en lien avec le débat sur la publicité litigieuse : si, comme vous le déplorez, les églises se vident, peut-être n’est-ce pas sans lien avec le fait que les messes soient toutes similaires ? Les protestants aux US n’ont pas ce problème, peut-être est-ce justement parce que chacun peu trouver une cérémonie dont la forme lui convient, tout en conservant une unité de fond ?

  12. @Adrien

    J’ai du mal m’exprimer, excusez-moi. Je ne pense pas que la forme n’ait pas d’importance : justement, je suis personnellement attaché à ce que la forme soit respectée par les clercs, c’est-à-dire qu’ils suivent le déroulé de la messe sans se croire obligés d’apporter leur touche personnelle dans ce qui touche au fond : le message, les paroles, etc.

    En revanche, la forme peut changer en ce qui concerne les chants, l’ambiance, les instruments de musique, même le public qui assiste à l’office. Si vous regardez bien, il est rare de voir deux messes qui se ressemblent. Mais en effet, si on compare avec les évangélistes, chez eux, la différence est bien plus grande! J’ai même vu récemment une vidéo où on voyait les fidèles danser sur de la techno… 😉

    Ceci étant dit, si je ne dis pas de bêtises, Vatican II a recommandé la messe dite « Paul VI », qui est un rite, mais pas une langue. C’est-à-dire que certains disent la messe Paul VI en français (90% des messes en France), et d’autres en latin.

    D’autres encore utilisent l’ancien rite (qui n’a pas été interdit) et ne sont pas excommuniés pour autant : c’est le cas par exemple de nombreuses abbayes bénédictines, comme Notre-Dame de Fontgombault, ou Randol.

    Le problème est qu’en France, on a eu une situation très tendue après le concile, et que l’épiscopat a longtemps fait en sorte de réduire au maximum les possibilités d’assister à des messes selon l’ancien rite. Personnellement, je n’aime pas trop ce rite car je ne comprends rien, mais je ne vois pas pourquoi ceux qui l’aiment ne pourraient pas s’y rendre, puisque c’est autorisé par Rome.

    C’est cette intransigeance, pour faire vite, qui a poussé certains catholiques à aller vers les Lefebvristes. D’où l’intérêt du motu proprio de l’été dernier, pour que cette raison n’existe plus.

    Donc l’unité de rite ne serait possible que si on n’en conservait plus qu’un, ce qui n’est pas le cas! Mais le Vatican considère qu’il s’agit d’un seul et même rite, qui prend plusieurs formes. Subtil, n’est-ce pas? 😉

    Sur la marge des manoeuvres des prêtres : par défaut, ils choisissent la messe Paul VI en français (qui est la « forme ordinaire » de la liturgie), mais s’ils veulent la dire en latin, ils font ce qu’ils veulent, mais cela risque de heurter leurs fidèles.

    Souvent, ceux qui célèbrent selon « l’ancien rite » (dit de St Pie V) appartiennent à des communautés et visent un public averti.

    Un prêtre qui célèbre seul peut choisir le rite qu’il veut. Dans un lieu privé, il peut célébrer l’ancien rite et y acueillir des fidèles.

    Une communauté constituée (un groupe de croyants attachés à la messe St Pie V, par exemple) peut demander à son curé d’avoir une messe de ce type. En principe, celui-ci est prié d’accepter mais cela peut se discuter en lien avec l’évêque. La grande différence avec le motu proprio de JP II, c’est que l’autorisation de l’évêque n’est plus nécessaire.

    En revanche, un prêtre qui voudrait imposer dans sa paroisse le rite ancien, sans que ses fidèles en soient d’accord, ne pourrait pas le faire. Je ne sais pas si je suis clair 😉

    Le texte du motu proprio est ici si ça vous intéresse : http://www.motuproprio.fr/viewtopic.php?t=15

    Et ici, l’explication de B XVI : http://www.motuproprio.fr/viewtopic.php?t=16

  13. Adrien

    Justement, en lien avec ces messes « où on danse sur de la musique techno », justement … N’est-ce pas une chose que l’on ne trouve que chez les protestants ?

    C’est bien là tout le sens de la question. Les rites « ancien » ou « nouveaux » peuvent être choisis. Certes. Mais ne fait-on pas de messe où on joue du rock ou de la techno ? Où on danse ? Plus ou moins participatives, plus ou moins joyeuses ?

    Très honnêtement, absolument toutes les messes que j’ai pu voir m’ont paru similaires. Et, il me semble, c’est bien ça qui fait l’unité des catholiques, contrairement aux protestants.

    Mais encore une fois, je peux me tromper, et ne demande qu’à en apprendre davantage sur la question.

  14. C’est vrai que d’un point de vue extérieur cela paraît similaire, mais je vous assure q’une messe st pie V ou une messe paul VI sont très différentes! Peut-être qu’on s’en rend mieux compte lorsqu’on voit ça de l’intérieur.

    Quel est le sens de votre comparaison, au final? Vous trouvez que la diversité est plsu adaptée que l’unité?

    P.S : chez les protestants, on trouve souvent une vision « marketing » des choses. Il y a quelques années, j’avais rencontré, pour un article, un pasteur d’une nouvelle paroisse évangéliste qui venait d’ouvrir à Lille. Il m’avait clairement signifié qu’en étant installé dans cet endroit, avec telle façon de célébrer, il allait pouvoir toucher telle ou telle cible, il parlait des fidèles comme de parts de marché! 😉

  15. Adrien

    Je n’ai du voir qu’un seul des deux types de messes… Mais ce que je voulais dire, c’est bien qu’il n’y a que 2 types de messes !

    Je ne dis pas que la diversité est plus adaptée que l’unité. Les deux choix se justifient pleinement, chacun ont leurs arguments pour et contre.

    Le problème de la comparaison avec le protestantisme (arrêtez moi si je me trompe), c’est qu’à peu près chaque pasteur peut faire sa propre interprétation des écritures, et j’ai l’impression (mais je peux me tromper) qu’il n’y a pas de véritable unité sur le fond (à l’exception du texte stricto sensu). Je dis ça à cause des nombreux films et séries télévisées qui peuvent faire le parallèle entre des églises « progressistes » et d’autres « conservatrices » (mais encore une fois, c’est très biaisé, considérant la nature de la source d’information, nécessairement peu objective).Dès lors, il n’y a pas de raison spéciale qu’il y ai d’unité sur la forme.

    En revanche, il y a une interprétation officielle des textes chez les catholique. Mais aussi une (enfin, 2) formes officiels.

    La question est donc de savoir si il y a des possibilités de dissocier, chez les catholique, la forme du fond, et de transmettre le même message, mais avec des formes de messes « non officielles » ?

    Concernant « l’approche marketing » des protestants, je suis tout à fait d’accord. C’est justement ce qu’un athée comme moi craint et admire à la fois : je crains ainsi un grand retour de la religion, mais ne peux qu’être admiratif de l’efficacité de la méthode.

    Même, à l’époque où j’étais croyant et allais régulièrement à la messe, c’est très précisément ce que je reprochais à la messe catholique. Chaque personnalité est différente, et je pense qu’une présentation différente du même message permet de s’adapter à toutes les personnalités. J’ai, par exemple, toujours trouvé les messes tristes, ennuyeuses, limite glauques (désolé, ce n’est que mon ressenti). Peut-être ne me serais-je pas éloigné de la foi (ou peut être que si, qui peut le dire ?) si les messes avaient été plus joyeuses (type gospel par exemple) ou plus interactives (danse & co). Et faire des messes adaptées à chacun dans la forme (mais véhiculant le même fond, la même interprétation des textes) permettrait surement d’attirer plus de gens.

    Mais Rome impose le choix parmis 2 types de messes, alors …

    Utiliser la diversité ou l’unité pour se renforcer, choix difficile. Le vatican a fait le sien … mais je ne suis pas persuadé que ce soit le meilleur, s’il espère « reconquérir » des fidèles …

  16. Je vous assure qu’au-delà de la question de la forme stricto sensu (c’est-à-dire le déroulé de la messe dans tel ordre, avec telles paroles à dire à tel moment, etc…), il y a mille types de messes différents. Telle messe ne me plaira pas, alors que telle autre me conviendra parfaitement.

    Ce que vous dites sur les messes « ch… à mourir » m’attriste mais je dois bien en convenir : quand la chorale chante faux, que le message transmis par le prêtre est quasi nul et qu’on en sent aucune foi ou aucun entrain dans l’assistance, on se dit qu’on serait aussi bien devant Téléfoot! 😉

    Ceci dit la comparaison avec l’évangélisme fait en effet très mal à l’Eglise, il paraît plus jeune, plus dynamique, etc. Mais les catholiques (du moins en France, car à mon avis, si vous allez en afrique ou aux philippines, ce ne sera plus vrai) ont du mal à briser la glace. Mais il existe de plus en plus de communautés nouvelles (l’Emmanuel par exemple, pour ne citer que celle-ci) qui essaient d’apporter un renouveau. Le résultat est vraiment à la hauteur des espérances, et les célébrations sont vraiment différentes.

    Enfin, je crois que si l’évangélisation est un objectif très clair de l’Eglise, je ne crois pas qu’elle souhaite faire du nombre « pour faire du nombre ».

  17. Adrien

    Au temps pour moi, alors.

    Merci pour ces informations.

  18. Oscar

    @Adrien
    Au fait, les très grandes diversités de célébrations chez les protestants sont aussi le fait de très grandes diversités au niveau de la foi!

  19. Après la béatification de Pie XII, la réintégration d’un évêque négationniste. Le brave membre de la jeunesse hitlérienne Josef Ratzinger n’en rate pas une. Pourquoi pas encore un Carmel en Baviére ? Un site prédestiné: DACHAU !

  20. Oscar

    @ Axel
    Remarque particulièrement intéressante et constructive, dénotant un esprit critique très développé, une intelligence percutante, un esprit de synthèse très personnel. Merci.
    Simple imprécision : il y a déjà des Carmels et Bavière, et il y en a même déjà eu un à Auschwitz

  21. certes je suis d’accord les propos de Williamson doivent être disjoints de l’excommunication…mais quelle est la valeur pastorale de cet homme qui va être amené à jouer un rôle dans l’église catholique? C’est un souci.

  22. Mise à jour (2) : Benoît XVI a condamné ce matin la négation de la Shoah, au cours de son audience générale hebdomadaire à Rome, rappelé sa « pleine et indiscutable solidarité avec les juifs », et souligné que « la Shoah doit être pour tous un avertissement contre l’oubli, la négation et le réductionnisme ».

    Au sujet de la levée des excommunications, qu’il qualifie de « geste de miséricorde paternelle », le pape a précisé qu’il souhaitait que cela « soit suivi de leur engagement à faire les pas nécessaires à leur pleine communion avec l’Eglise » en reconnaissant « le magistère et l’autorité du pape et du concile Vatican II ».

    @Romain Blachier : justement, une fois réintégré à l’Eglise, Mgr Williamson ne l’engage pas quand il tient des propos purement personnels, qui sortent du domaine spirituel, et sont, en l’occurrence, clairement opposés au message du Christ. En revanche, il s’expose à l’autorité du Vatican et à d’éventuelles sanctions.

    @Axel Vincent

    J’aime que ce genre de propos péremptoire soit étayé.

  23. @le chafouin:on est d’accord sauf que pour l’instant la personne a un role pastoral…Il conviendrait de lui en retirer la charge

  24. @Romain

    Non! Mgr Williamson, comme ses collègues, n’a pas réintégré l’Eglise. Ils sont toujours « suspens a divinis », et n’ont donc pas accès aux églises et leurs sacrements ne sont pas valides pour la plupart (je connais mal cette question).

    Donc concrètement, son rôle pastoral n’a pas été modifié par la levée de l’excommunication : il est réduit à la Fraternité St Pie X.

  25. Sur le même sujet, permettez-moi d’attirer votre attention sur le très juste texte de Patrick Rougevin-Bâville que je viens de publier, avec son autorisation, sur Montours.

  26. je voudrais apporter ici une vision personnelle de politique managériale.
    je trouve que globalement, le pape avait ici une splendide (et, au regard de l’histoire, facile) occasion de montrer la force de ses convictions dans ses rapports avec le monde juif. et qu’il ne l’a pas saisie. meme sans virer cet abruti de williamson (c’est pas une marque de mauvais whisky écossais ca?), la communication de benito a été déplorable sur cette affaire.
    d’autre part, j’imagine que la « carriere » de willi a pris du plomb dans l’aile, là. le révoquer aurait été sans doute plus franc du collier.
    enfin, certes, le pape a surement voulu préserver l’unité de l’église (et ne pas irriter d’autres de ses factions antisémites) en prenant cette décision, mais je continuer à trouver ca super flippant. si willi s’est écarté dans une communauté déjà elle aussi écartée du chemin de rome, pourquoi ne pas le condamner plus clairement … sans tomber dans la stratégie du bouc emissaire qui soude le reste d’un groupe par le mal, en pur terme communicationel, politique et même de stratégie managériale (je réalise ce que j’écris) ca aurait surement renforcé l’identité de l’église et l’union des catholiques non-intégristes (le milliard d’individu dont on parle plus haut) derriere leur leader… par les temps qui courent et après avoir connu ce dont l’homme est capable au nom de principes raciaux et religieux, on est en droit d’attendre une réponse plus claire du chef de l’église. on ne risque pas de se mettre à dos l’opinion (judéo-chrétienne) mondiale pour un illuminé et ses trois copains fachos. je pense que bi-sixteen a perdu plus qu’il n’a gagné sur ce coup là.
    quant à citer l’évangile pour dire que l’on doit conserver l’unité de l’église à tout prix, je réponds bêtement que ces écrits, aussi divins et inspirés soient ils, sont bien antérieurs à l’holocauste, que l’on a aussi surnommé l’inimaginable ou l’irreprésentable.
    sale histoire.

  27. @Thom

    Sur la forme, je suis entièrement d’accord. La communication du Vatican a été très mauvaise, mais il ne faut pas oublier qu’il fait face à une désinformation énorme.

    Ceci dit, je crois que ce n’est pas dans la culture du vatican de nommer directement un ennemi, de le condamner en tant que personne. Certes, d’un point de vue marketing, tu as raison, et en mêmetemps, l’eglise a d’autres valeurs. Lorsque JP II avait sanctionné Mgr Gaillot, il ne l’avait pas admonesté publiquement, par exemple.

    Ici, B XVI a dit clairement qu’il condamnait le négationnisme, je regrette qu’il n’ait pas été un totu petit peu plus loin mais il ne faut pas attendre du pape qu’il dise « williamson est un pauvre type ». ça ne collerait pas.

    Je pense que le peuple catholique est assez intelligent pour comprendre que le vatican, à l’évidence, n’est pas dans le camp de williamson. Il n’y a que les médias pour croire l’inverse.

  28. @thom:

    c’est vrai qu’on aurait pu attendre plus de clarté ou de force dans le message de « benedetto dixi seis » 🙂 (pas mal le bilinguisme 😉

    En revanche, citer l’Evangile est plus que nécessaire pour comprendre les actions de l’Eglise et du Vatican, car l’Eglise s’est construite dessus. Ce passage sur l’unité (Jean, 17, 20-26) montre que l’Eglise recherche et désire l’unité. Cependant pas « à n’importe quel prix », pour preuve les dialogues avec les juifs, les protestants, etc . durent depuis des siècles…

    L’Eglise est patiente et prudente.

    @chafouin: c’est vrai que l’eglise ne fonctionne pas comme une institution classique (business ou ONG). On ne peut pas attendre d’elle qu’elle calque son fonctionnement sur ces entités…

    En revanche je penche pour une amélioration des communiqués afin que les médias cessent de déformer ses messages!

    (car je pense qu’il n’y a pas de doute, les médias sont déterminés à relayer de façon claire et vraie les informations qui parviennent du Vatican, quitte à ce que l’info parraissent moins scandaleuse …
    Me tromperai-je ? 🙂

  29. Petit complément : B XVI vient de demander à Williamson de renier ses propos sur la Shoah :
    http://fr.news.yahoo.com/2/20090204/twl-le-vatican-demande-l-eveque-williams-c99dde2.html

    Les précisions de Zénit :

    http://www.zenit.org/article-20066?l=french

  30. Pingback: Pour en finir avec l’affaire Williamson « Pensées d’outre-politique

  31. Pingback: L’épilogue de l’affaire brésilienne « Pensées d’outre-politique

Un petit commentaire?