Shootez-vous peinards et laissez-nous tranquilles

Merci à Xerbias de rappeler ce qui devrait être une évidence pour tous :

D’une part, les médias se font l’échos d’une « déclaration de Vienne », dans laquelle certains scientifiques se prononcent contre la « criminalisation » des drogues, pour la mauvaise hygiène que celle-ci engendrerait parmi les toxicomanes. D’autre part, la ministre de la santé Roselyne Bachelot étudierait la possibilité d’ouvrir des salles de consommations de drogues, où les toxicomanes pourraient continuer en toute sécurité à s’injecter des produits hautement dangereux pour leur organisme. Nous sommes donc en présence d’un mouvement souhaitant banaliser l’usage de la drogue pour que les drogués aient une meilleure hygiène. Or c’est oublier un point fondamental : la meilleure hygiène de vie commence par ne pas consommer de drogues ! Les toxicomanes n’ont pas besoin qu’on les aide à prolonger leur descente aux enfers, ils doivent être aidés à arrêter de consommer des produits si dangereux.

Notre époque, plutôt que de lutter contre la drogue, fléau de l’humanité, baisse les bras et choisit d’accepter la toxicomanie et de lui donner les moyens de s’exercer sans risques. C’est avec le même raisonnement, d’ailleurs, que certains justifient la légalisation du cannabis : elle permettrait d’obtenir des produits « de bonne qualité », et « d’origine contrôlée ». Tu parles!

L’argument est typiquement libéral, et manifestement nuisible : on préfère accepter un mal pour le réguler, plutôt que de lutter contre ce mal. Il en va ainsi de la tolérance de la prostitution, du trafic de drogue, mais aussi, pourquoi pas, de la légalisation des jeux en ligne! On a bien vu ce qui se passait depuis cet été : un matraquage publicitaire incroyable, mais avec la mention du numéro alertant contre l’addiction. A quand la prostitution dans des salles publiques et chauffées?

Hypocrisie quand tu nous tiens. Et tout ça, dans le pays du principe de précaution? Il est plutôt rassurant de voir qu’a priori, le gouvernement semble plutôt opposé à l’idée.

Interdire, c’est préserver la frontière entre bien et mal. Sanctionner, c’est éviter la banalisation. Autoriser sous conditions, c’est affaiblir le discours d’autorité. Etienne Apaire, le président de la Mildt (mission interministérielle de lutte contre la dépendance et la toxicomanie)  estime ainsi que la priorité est « de faire de la prévention et de sortir les usagers de la drogue, pas d’accompagner les gens dans leur dépendance sans qu’on voie le bout de celle-ci ».

Ce type de proposition irresponsable, en définitive, me rappelle le discours qu’on tient trop souvent sur la sexualité : baisez sans contrainte,autant que vous voulez, mais avec une capote. A aucun moment on n’essaie d’éduquer sur ce que pourrait être une sexualité responsable, respectueuse de l’autre et de soi-même.

Mais il est vrai que nos sociétés ont peut-être parfois intérêt à pousser les gens au suicide, en leur offrant des salles sécurisées pour se shooter. Une population qui plane est plutôt conciliante : du caviar pour le pouvoir politique. Doit-on rappeler que dans les cités qu’il convient de qualifier de « sensibles », les jeunes passent leur temps à tirer sur leur joint? Enlevez-leur, et vous verrez.

Tout ça me rappelle le Meilleur des Mondes, et les pastilles de soma distribuées chaque matin à certaines « classes » de population : « Tout le monde dans l’État mondial utilise du « Soma ». Le Soma est une substance apparemment sans danger qui peut, à forte dose, plonger celui qui en prend dans un sommeil paradisiaque. Le Soma n’a aucun des inconvénients des drogues que nous connaissons aujourd’hui. Il se consomme sous forme de comprimés distribués au travail en fin de journée. Cette substance est le secret de la cohésion de cette société : grâce à elle, chaque élément de la société est heureux et ne revendique rien ».

63 Commentaires

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63 réponses à “Shootez-vous peinards et laissez-nous tranquilles

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  2. NM

    C’est toujours le même problème effectivement. Le manque de courage venant au soutien du relativisme et de l’individualisme, il n’y a que gestion utilitariste là où l’on a besoin de politique. On confond gérer et gouverner. Je sais que c’est une marotte mais on retrouve à nouveau l’alliance libérale et libertaire qui caractérise tellement la mentalité politique contemporaine.

  3. Bonjour Chafouin,
    Très bon billet, et je te rejoins sur le scandale absolu véhiculé par cette nouvelle polémique.

    Deux points de divergence, cependant.
    Le premier, sans doute purement sémantique. Je ne vois pas en quoi cette mesure serait libérale. Tous les libéraux (et Dieu sait s’ils divergent !) soulignent la nécessité de sociétés où les individus sont libres, certes, mais responsables. En l’occurrence, faire financer par la collectivité des salles de shoot n’est pas à proprement parler du libéralisme.
    Quand on est libéral, on dérégule ce qui est bien, on combat ce qui est mal. Là on parle de réguler un mal. En fait d’idéologie, j’appelle ça tout simplement de la lâcheté.

    J’en viens à mon second bémol : je ne sais pas si l’abêtissement des masses est réellement le fruit d’une stratégie, même inconsciente, de nos décideurs… Honnêtement, je ne les crois pas assez machiavéliques pour cela, car pour être machiavélique, il faut déjà faire preuve d’un minimum d’intelligence. Je suis néanmoins tout à fait d’accord avec toi sur l’idée de bombe nucléaire que représenterait l’arrêt de la consommation (et du trafic) de stupéfiants dans les banlieues.

  4. J’avais vu cette info , il y a quelques jours et pensait comme toi a propos de ce projet bachelot. Jusqu’a voir un reportage sur un centre en Suisse, Berne je crois, ouvert depuis 25ans: et mon opinion a changé du tout au tout
    -diminution de moitié des contaminations de sida chez les drogués de cette ville
    – disparition quasi totale des « injections sauvages » dans la rue
    – la moitié des drogués accueillis adoptaient un programme de substitution
    – le centre améliorait l’hygiène des drogés par acces libre a des sanitaires et fournitures de seringues saines…
    – connaissance impeccable du milieu des drogués
    et j’en oublie !

    Alors oui lutter contre la drogue est une chose, accueillir les drogués pour les aider à s’en sortir c’est pas mal non plus. Non ?

  5. On me dit libéral, je suis pourtant opposé à la dépénalisation du cannabis, drogue dite douce, mais qui peut causer des ravages. Idem pour les séances de shoot collectives. Je ne me reconnaitrai pas dans une société assurant la logistique de substances toxiques, c’est effoyable.

  6. frantztoussaint

    Pour apporter d’autres éléments à la réflexion Mgr Marc AILLET, évêque de Bayonne a réagit dans un communiqué où il évoque aussi bien l’avortement que les salles de shooting en se demandant la politique de santé dont la France a besoin : http://www.diocese-bayonne.org/spip.php?article2002
    Intéressant de voir la vision que nous propose nos gouvernants pour notre société.

  7. Cela revient à mettre sur pied des structures d’accueil pour des gens consommant des produits qu’ils ne sont pas censés pouvoir se procurer, puisqu’ils sont interdits.

    D’un autre côté, ce que dit Corto à propos de la Suisse mérite qu’on y réfléchisse…

  8. legambrinus

    Un très bon billet bien argumenté. Je me demandais d’ailleurs l’autre jour qui allait écrire là dessus…

    Je me suis demandé en te lisant ce que l’état fait des associations ou médecins spécialisés dans la prévention et la lutte contre la drogue (et autres addictions d’ailleurs). Où sont les aides et les subventions ?

  9. Kern

    La prostitution dans les salles publiques et chauffées, c’est finalement ce que veulent ceux qui défendent la réouverture des maisons closes.

    Et on en revient toujours au même problème de savoir si il faut contrôler un mal qu’on sait impossible à faire disparaitre ou uniquement se battre pour sa disparition (à la Don Quichotte)

    Pour reprendre l’exemple des préservatifs, je pense que les associations ou congrégations catholiques qui agissent en Afrique ont fait le choix de faire les deux, en éduquant et en distribuant quand même des préservatifs.

    Dans le cas de la drogue, que penser de cette voie?

  10. Bashô

    Tss, tss, tss. Il ne vous est jamais venu à l’idée que la déclaration de Vienne a été émise à l’occasion du Congrès sur le VIH? Lorsque quelqu’un émet une idée qui paraît choquante, avant de monter sur nos grands chevaux, il faut d’abord essayer de comprendre ce qu’il voulait vraiment dire, et pourquoi. Saint Ignace de Loyola le considérait comme un préalable indispensable à tout exercice spirituel. Et c’était ce que j’avais rappelé à l’occasion de la note sur l’article du New York Times.

    Donc au Congrès de Vienne, il y a un problème autour de la drogue ET du Sida (le « ET » est important). Si on criminalise la prise de drogue, alors les toxicomanes vont prendre leurs doses dans des conditions déplorables, dont l’échange de seringues usagées, et donc transmission du sida. Donc si on veut diminuer le taux de prévalence du sida dans ce groupe, il faut d’une part faciliter l’accès aux soins, et d’autre part encourager l’utilisation en une seule fois des seringues neuves.

    Par ailleurs, où y-t-il tolérance du trafic de drogue (qui est autre chose que la consommation)? C’est du pur n’importe quoi que d’affirmer le contraire.

    Et pour la tolérance de la prostitution. Comment faire autrement? Brûler les prostituées comme Saint Pie V? Saint Louis avait essayé de résoudre une fois pour toute le problème et il s’était cassé les dents. Il y eut donc une « tolérance » de la prostitution depuis le Moyen-Âge. Toute société doit vivre avec ces marges, cf la note d’un sociologue : Je vous invite à lire la note sur la sociologie de la déviance : http://uneheuredepeine.blogspot.com/2009/08/orelsan-le-voile-integral-et-la.html

    Une société qui n’admet aucune marginalité s’effondrerait très vite. C’est un fait que beaucoup de catholiques contemporains oublient.

  11. Carine

    « C’est avec le même raisonnement, d’ailleurs, que certains justifient la légalisation du cannabis : elle permettrait d’obtenir des produits « de bonne qualité », et « d’origine contrôlée ». Tu parles! »
    De cette façon, il serait commercialisé par l’état, comme le tabac. D’abord les salles de consommation, puis le label contrôlé dans une prochaine étape. Attendons pour voir…

  12. Cité & Culture

    @Frantztoussaint,
    Excellent communiqué que nous avons mis en ligne aussitôt !
    En écho ou en harmonie à ce communiqué de Mgr Aillet, ce coup de gueule http://www.citeetculture.com/article-les-faux-porteurs-d-humanisme-44434067.html

  13. @Carine

    Les Pays-Bas font marche arrière… Les imiter serait de la folie.

    @Bashô

    J’avais bien fait le lien avec le congrès sur le Sida. Des distributeurs de seringues propres existent depuis longtemps, je ne vois pas en quoi le shoot encadré apporterait quoi que ce soit de plus à ce niveau…

    Et puis, ces scientifiques demandent bel et bien qu’on cesse de « criminaliser » la prise de stupéfiants. C’est cela que je trouve idiot : essayer de prendre en compte l’existence d’un mal, pour lutter contre ses conséquences, d’accord, mais cesser de dire qu’il est un mal est incohérent.

    C’est à ce titre que Xerbias a placé dos à dos les deux propositions, qui participent du même phénomène.

    Par ailleurs si des types se shootent avec des seringues usagées, j’en suis bien désolé. Mais c’est un problème particulier, auquel il convient d’apporter une solution particulière. Inutile de dépénaliser quoi que ce soit!

    Quant au trafic de drogue, on ne lutte pas vraiment contre, vous le savez bien. On fait deux-trois prises de temps à autre mais la lutte n’est pas très offensive.

    Sur la prostitution, je ne vois pas très bien où vous voyez ici qui que ce soit demander le rétablissement des bûchers? Pour moi, la prostituée est comme le consommateur de drogue : la victime. Le proxénète et le client sont les responsables, ce sont à eux de payer. Mais là encore, on ne fait pas grand-chose. Donc au bout du bout, apparaît une solution : et si on les mettait dans des maisons closes?

    Sauf qu’encore une fois, c’est accepter le mal. Et donc lui donner une légitimité. J’admets que des sales types brutaux et immatures aillent voir des prostituées, mais je n’admets pas que la société l’accepte en l’encadrant.

    @Kern

    Je dois être un Don Quichotte, ce doit être ça 🙂 Pour moi, on ne doit pas transiger avec certains principes.

    L’Eglise, en Afrique, fait avec le préservatif mais elle le considère comme un moindre mal. Et surtout, elle continue de proposer une autre voie, une autre forme de sexualité.

    @legambrinus

    Les assos sont nombreuses et reçoivent d’importants subsides de l’Etat… Mais elles n’ont pas toujours le même objectif. Sur les salles de shoot, j’ai vu qu’un des soutiens de cette idée est l’asso Act-Up, dont on connaît la philosophie.

    @NM

    « On confond gérer et gouverner. Je sais que c’est une marotte mais on retrouve à nouveau l’alliance libérale et libertaire qui caractérise tellement la mentalité politique contemporaine. »

    Bien dit!

    @HenryleBarde

    « Je ne vois pas en quoi cette mesure serait libérale. Tous les libéraux (et Dieu sait s’ils divergent !) soulignent la nécessité de sociétés où les individus sont libres, certes, mais responsables. En l’occurrence, faire financer par la collectivité des salles de shoot n’est pas à proprement parler du libéralisme. »

    Ils sont donc libres de consommer de la drogue, non? De même qu’ils sont libres de parier en ligne. On postule qu’ils sont beaux, grands, forts, et responsables, et que pour les aider en cas de défaillance, une ligne verte suffira en cas d’addiction…

    Je ne te suis pas : je vois souvent des libéraux prôner la régulation de choses qui ne sont pas objectivement « bonnes », et l’exemple du jeu en ligne est assez révélateur. On se moque des conséquences. Les libéraux purs et durs ne sont-ils pas pour la légalisation des drogues?

    « Je ne sais pas si l’abêtissement des masses est réellement le fruit d’une stratégie, même inconsciente, de nos décideurs… »

    Non bien sûr, c’est inconscient. Je ne crois pas non plus aux complots 🙂

    @Corto et Didier

    Les fameux centres suisses qu’on voit dans tous les reportages! Faudrait que j’aille lire un peu à ce sujet. Mais les résultats peuvent être très bons, ce qui m’inquiète c’est qu’on les obtienne en cautionnant la toxicomanie des personnes. ça revient plus ou moins à l’inciter! Les conséquences que tu cites ne sont pas si formidables, et peuvent être obtenues autrement, non?

    @Frantz

    Merci pour la référence, je vais aller lire ça…

  14. Adrien

    @Chafouin

    « Il en va ainsi de la tolérance de la prostitution »

    La prostitution n’est pas tolérée. Elle est autorisée.
    Seuls le racolage et le proxénétisme sont interdits en France.

  15. NM

    @HenryleBarde : le libéral moderne est relativiste pour l’essentiel (pas tous sans doute) et utilitariste par construction ; la référence au bien et au mal n’a guère de sens pour la plupart de nos amis libéraux. La détermination du bien et du mal est un acte de volonté : dès lors que la volonté n’est pas entravée, on est libre et c’est bien ainsi (V. la critique de W. Cavanaugh sur cette conception de la liberté).

    @Bashô : il ne s’agit pas de tenter d’éradiquer la marginalité mais de ne pas la gérer comme si c’était normal. La marginalité ne peut faire l’objet d’une politique.

  16. @Adrien

    Tu joues sur les mots 🙂

  17. Adrien

    @Chafouin

    « Tu joues sur les mots 🙂 »

    Absolument pas. Il s’agit très certainement d’une dépénalisation du même type que celle réclamée par les pro-drogue. Le phénomène ne peut être enrayé, autant que ça se passe relativement bien pour tout le monde : interdiction du racolage (possibilité pour l’individu lambda de ne pas voir que ça se passe, protection des mœurs, maintien de la morale…) et du proxénétisme (que l’argent de la prostitution revienne à ceux qui la pratique, empêchement de « l’esclavage sexuel » …).

    Finalement, dépénaliser l’usage du canabis (par exemple) et limiter sa vente aux petits producteurs (production par une seule personne, aucun intermédiaire) reviendrait a peu près a la situation de la prostitution (légalement parlant).

  18. Kern

    @le chafouin:

    Sur les prostituées, malheureusement il n’y pas que des types brutaux et immatures … (ça me fait d’ailleurs penser aux « bons pères de familles » versaillais qui ramènent des garçons dans leur appartement l’été pendant que le reste de la famille est en vacances ^^ )

    Après, je n’ai rien contre les Don Quichotte 🙂 On a souvent le débat sur la prostitution encadrée avec deux amis et si je penche plutôt vers un refus du mal dans son ensemble, mon pragmatisme me ramène souvent au moindre mal.

    Ainsi, est ce que garder le caractère illégal des drogues tout en ouvrant des centres qui permettrait de limiter l’usage sauvage et d’amener progressivement les consommateurs à arrêter, ne serait pas ce moindre mal?

    (Pour Act Up, cette association a beau me rebuter franchement, laissons leur la possibilité de se positionner convenablement parfois, non? :-p )

  19. Aujourd’hui on tolère la prostitution puisque la victime du délit de proxénétisme poursuit son activité bien que limitée par les lois sur le racolage (si peu appliquées, d’ailleurs…). Mais dans le même temps il y a quand même des enquêtes.

    Si on acceptait de dépénaliser le cannabis, les trafics seraient forcément réduits, au moins sur cette drogue. A moins que les coffees ne se ravitaillent chez des trafiquants, mais ça c’est autre chose…

  20. cilia

    Bashô,

    Vous écriviez « Une société qui n’admet aucune marginalité s’effondrerait très vite ».
    NM vous répondait « il ne s’agit pas de tenter d’éradiquer la marginalité mais de ne pas la gérer comme si c’était normal ».

    J’irai un peu plus loin. Il me semble que notre société est confrontée à une problématique nouvelle (ça me semble d’autant plus clair après la lecture de votre très intéressant lien).

    Il ne s’agit plus d’admettre ou non que toute société comporte des marginaux. Il y a comme une création d’un devoir d’apprécier, d’aimer même ce qui est marginal.
    Or, n’est-ce pas trop demander à des hommes ?
    Et pensez-vous que la classe dirigeante (médiatique également en grande partie) de notre société travaille à admettre et à faire admettre que la marginalité est inévitable ?

    J’ai plutôt l’impression qu’elle œuvre à démontrer qu’avec de l’argent et des moyens humains, toute marginalité disparaîtrait ; contredisant de fait votre fort sage «toute société doit vivre avec ces marges ».

  21. Bashô

    Le Chafouin> Ce sont des scientifiques, et non des juristes. C’est-à-dire qu’ils raisonnent en tant que médecins et non en politiques ou juristes. Autrement dit, il faut comprendre ce qu’ils voulaient dire et non ce qu’ils ont dit. Sinon, pourquoi n’aurais-je pas cité Saint Ignace de Loyola tout à l’heure.

    Par ailleurs, c’est une déclaration venant de personnalités du congrès mondiale, ils s’adressent donc au monde entier et non à la seule France. Je copie-colle un extrait significatif (les numéros renvoient à la bibliographie.)

     »
    Face à la réalité des preuves accablantes que les efforts d’exécution de la loi ont échoué par rapport à leurs objectifs déclarés, il est important de reconnaître et d’aborder les conséquences nuisibles. Ces dernières comprennent entre autres les points suivants :

    * Une épidémie de VIH alimentée par la criminalisation des personnes qui consomment des drogues illicites et les prohibitions relatives à l’offre de seringues stériles et de traitements de substitution à base d’opioïdes.9, 10

    * Des flambées de VIH parmi les utilisateurs de drogues incarcérés et asilaires, causées par des lois et politiques punitives et un manque de services de prévention du VIH dans ces milieux.11-13

    * L’affaiblissement des régimes de santé publique lorsque les efforts d’application de la loi poussent les utilisateurs de drogues illicites à ne pas se prévaloir des services de prévention et de soins et à se tourner plutôt vers des milieux où le risque de transmission de maladies infectieuses (p. ex., VIH, hépatites B et C, tuberculose) et d’autres préjudices est plus élevé.14-16

    * Une crise dans les systèmes de justice pénale, découlant de taux d’incarcération records dans plusieurs pays.17, 18 Cette réalité a eu des répercussions négatives sur le tissu social de collectivités entières. Bien que les disparités raciales dans les taux d’incarcération pour infractions liées aux drogues soient évidentes dans bon nombre de pays, l’impact s’est avéré particulièrement grave aux États-Unis, où environ un Afro-Américain sur neuf parmi les hommes âgés de 20 à 34 ans est incarcéré en tout temps, principalement en raison des efforts d’exécution des lois antidrogue.19

    * La stigmatisation des personnes qui utilisent des drogues illicites, ce qui renforce l’attrait politique de la criminalisation des utilisateurs de drogues et mine les efforts de prévention du VIH et de promotion de la santé.20, 21

    * De graves violations des droits de la personne, y compris la torture, le travail forcé, les traitements inhumains et dégradants et, dans un nombre de pays, l’exécution de personnes condamnées pour infractions liées aux drogues.22, 23

    * Un énorme marché des drogues illicites d’une valeur annuelle estimée à 320 milliards de dollars américains.4 Ces profits demeurent entièrement en dehors du contrôle gouvernemental. Ils alimentent la criminalité, la violence et la corruption dans d’innombrables communautés urbaines et ont déstabilisé des pays entiers, par exemple la Colombie, le Mexique et l’Afghanistan.4

    * Le gaspillage de milliards de dollars des contribuables sur une « guerre contre la drogue » qui n’atteint pas ses objectifs déclarés et contribue plutôt directement ou indirectement aux préjudices décrits ci-dessus.24″

    Pour ceux qui veulent consulter l’intégralité, je renvoie à http://www.dianova.ca/fr/opinion-201006-declaration-vienne.html

    Donc lisez cette déclaration et dites-moi en quoi ils disent que la prise de drogue n’est plus un mal. C’est tout le contraire! Ils affirment que la politique (ou plutôt la politique dure) de criminalisation a des effets pervers cf « les prohibitions relatives à l’offre de seringues stériles et de traitements de substitution à base d’opioïdes. » Ce sont des médecins et/ou des spécialistes de VIH. Je ne vois pas où est le libéralisme!

    « Quant au trafic de drogue, on ne lutte pas vraiment contre, vous le savez bien. On fait deux-trois prises de temps à autre mais la lutte n’est pas très offensive. »

    Ben si on y lutte, et on attrappe surtout les lampistes (http://www.maitre-eolas.fr/post/2008/07/01/1004-les-mules) Le problème est que c’est une lutte particulièrement ardue (cf ce qui se passe au Mexique). Tu crois que les pays occidentaux restent les bras croisés face au pays narco-trafiquants?

    Quant à la prostitution. Si la prostituée est victime, pourquoi la criminaliser? C’est exactement comme le consommateur de drogue, une politique dure et bête de criminalisation de la consommation de certaines drogues est contre-productive. On est plutôt dans le cadre de la pathologie (addiction).

    Et les maisons closes ont des avantages (et aussi des inconvénients). Par exemple, ça permettra un suivi sanitaire des prostitué(e)s, ça limitera les victimes de disons certains clients etc. Mais ça a aussi des inconvénients. Il n’y a jamais de solution parfaite. Toute politique a un coût qu’il faudra prendre en compte. Autrement dit, il faut se demander : qu’est-ce qu’on veut?

    Si on veut éviter que la vue des prostituées choque les bons chrétiens ou les bons bourgeois, on peut les criminaliser. Comme cela, elles seront cantonnées dans les endroits glauques et nous ne les verrons plus. Bien sûr des types les massacreront mais au moins on pourra se dire à table, le dimance matin après la messe que la société ne tolère plus le mal. Donc il faut savoir ce qu’on veut.

    Et je signale que les maisons closes existent (et ont existé) dans des pays qui n’avaient rien de libéral. Là encore accuser le libéralisme est du pur n’importe quoi.

  22. Bashô

    Cilia> Il ne s’agit pas de se demander si la marginalité est ou non normale. Il s’agit de savoir comment la société la gére et devrait la gérer. C’est une question très difficile qui passionne les sociologues. Comme le signale le sociologue dans le lien, les « campagnes de dénonciation » sont profondément ambigües, en ce sens que un peu comme le bouc émissaire, il s’agirait de faire l’unité contre les marginaux, et non de lutter contre la marginalité elle-même.

    Et oui, trois oui la marginalité est inévitable. Toute société demande un vivre-ensemble, et donc des normes. L’idée même de norme implique l’idée de la transgression.

    Contrairement à une idée reçue, notre société n’est pas plus permissive qu’avant. Il y a eu un déplacement des interdits (qui ne coïncident plus avec celles des religions, d’où l’accusation récurrente de libéralisme, permissivité).
    Par exemple, il était très longtemps acceptable de battre sa femme, même si ce n’était pas considéré comme « noble » (cf par exemple le médecin malgré lui de Molière, où dans une scène très comique pour l’époque, le héros bat sa femme, où encore des fabliaux du Moyen-Âge). Et aussi le viol des enfants. Ce n’était pas considéré comme acceptable mais il n’y avait pas de campagne de dénonciation (d’où l’importance de cette notion) sauf quand il s’agissait de sodomie. Un notable pouvait, disons, entretenir une fillette. On le savait mais on y fermait les yeux. C’est en ce sens que l’abus des enfants était acceptable.

    Maintenant considérons le problème de la drogue. La dénonciation ne se résume pas au plan juridique. Il y a d’autres manières de dire que c’est normal ou non. Et c’est là que la médecine, ou plutôt le thérapeutique, intervient dans le rôle de prescription (et de dénonciation) des normes. Ainsi, l’obésité n’était pas considéré comme étant choquante. Et maintenant, on la considère comme une maladie, et donc quelque chose de mauvais. Là, on considère la prise de drogue, non plus comme un délit, mais comme une pathologie, ce qui ne la rend pas sociologiquement plus acceptable.

  23. Et si, plutôt que de vouloir retirer des lois parce qu’elles ne sont pas respectées, on se mettait plutôt en tête de les respecter justement ?

    Certes, cela n’irait pas dans le sens de la célébration de la transgression faite par je ne sais qui, mais j’ai quand même l’idée que ça nous épargnerait un paquet de soucis…

  24. Bashô

    Xerbias> Vous savez comme faire respecter la loi à un junkie? Si vous avez la solution, vous aurez le prix nobel de médecine.

  25. Bashô

    comment au lieu de comme

  26. @ le chafouin

    Les « libéraux purs et durs », comme tu dis. Ceux-là considèrent la liberté comme une valeur en soi, qui dépasse toutes les autres.
    En tant que libéral chrétien, je suis libéral parce que chrétien mais surtout chrétien avant d’être libéral. J’ai choisi la liberté parce qu’elle constitue à mes yeux l’outil le plus efficace pour mon action chrétienne.
    Ma foi est ma vérité, mon option « politique » (au sens large) n’est qu’un moyen au service de sa vérité. Voilà pourquoi il y a aussi des chrétiens socialistes. On poursuit le même but, mais nos options divergent.
    Bref, dès lors que la liberté n’est qu’un outil au service de ma foi, elle doit être abandonnée dès lors qu’elle entre en contradiction flagrante avec celle-ci.
    C’est pourquoi je suis contre l’IVG, la libéralisation de la drogue, l’euthanasie, etc. Car ces libertés nuisent objectivement à mon prochain.

    Être libéral ne suppose pas la non-assistance à personne en danger !

    Encore une fois, c’est ma conception du libéralisme. Et n’importe qui pourra toujours me citer un autre « libéral » qui n’est pas sur la même longueur d’onde. Surtout si celui-ci n’est pas chrétien. (Cela pose au passage le problème de ces pays qui adoptent sans vergogne le capitalisme le plus libéral sans retenir la matrice chrétienne – et plus largement humaniste – qui en constitue à la fois le berceau… et le garde-fous.)

    @ NM

    Pour l’essentiel, j’ai répondu ci-dessus. Tu l’auras donc compris, oui, je suis un libéral utilitariste assumé. Car mon outil n’est qu’au service de ma foi !

  27. NM

    @ Henry : je pense que l’on confond souvent libéralisme et liberté. On peut être pour la liberté (au sens humaniste voire chrétien) et ne pas être libéral… C’est mon cas. Je suis pour la liberté d’entreprise mais pas pour le libéralisme économique tel qu’on le subit depuis quelques temps. Je suis pour la liberté de conscience mais pas pour le relativisme…

    Vive la liberté ! A mort le libéralisme!!

  28. houba

    On ne peut pas comparer avec la Suisse ni l’Allemagne où la morphine en gélules et le subutex ne sont pas en « vente libre » ou parfois carrément vendus à la criée (Goutte d’Or 75018).
    En Allemagne c’est gèré de façon pragmatique en totale concordance avec la police. C’est inimaginable en France car les crypto anarcho humanitaires qui prônent ce genre d’initiatives sont avant tout de virulents anti-prohibitionnistes masqués caderrière des arguments pseudo sanitaires qui considèrent tout raprochment avec la police comme une trahison et une compromission inconcevable.
    En France ce genre de structure sera squatté par des injecteurs de comprimés de subutex (substitution opiacée) , gélules de skenan (morphine), des médicaments massivement détournés et vendus au marché noir, assurant une rente confortable aux frais de la sécu à de nombreux « usagers de drogue »…. Occasionnellement ils injecteront de la cocaïne ou du crack.
    On légimiera ainsi le détournement pour injection de médicaments. Une belle publicité pour les labos, du miel ( solus forme de subventions) pour les associations de RDRR (réduction des risques et des responsabilités) qui ne manqueront pas d’instrumentaliser

  29. Bashô

    NM > « À cela se rattache la liberté de la presse, liberté la plus funeste, liberté exécrable, pour laquelle on n’aura jamais assez d’horreur et que certains hommes osent avec tant de bruit et tant d’insistance, demander et étendre partout. Nous frémissons, vénérables Frères, en considérant de quels monstres de doctrines, ou plutôt de quels prodiges d’erreurs nous sommes accablés ; erreurs disséminées au loin et de tous côtés par une multitude immense de livres, de brochures, et d’autres écrits, petits il est vrai en volume, mais énormes en perversité, d’où sort la malédiction qui couvre la face de la terre et fait couler nos larmes. Il est cependant, ô douleur ! des hommes emportés par un tel excès d’impudence, qu’ils ne craignent pas de soutenir opiniâtrement que le déluge d’erreurs qui découle de là est assez abondamment compensé par la publication de quelque livre imprimé pour défendre, au milieu de cet amas d’iniquités, la vérité et la religion. Mais c’est un crime assurément, et un crime réprouvé par toute espèce de droit, de commettre de dessein prémédité un mal certain et très grand, dans l’espérance que peut-être il en résultera quelque bien ; et quel homme sensé osera jamais dire qu’il est permis de répandre des poisons, de les vendre publiquement, de les colporter, bien plus, de les prendre avec avidité, sous prétexte qu’il existe quelque remède qui a parfois arraché à la mort ceux qui s’en sont servis ?  »

    C’est extrait de l’encyclique Mirari Vos (1832). Oui, je suis d’humeur trolleuse. Plus sérieusement, on peut mettre tout et son contraire dans le mot « liberté », et ainsi tout justifier. C’est pour cela qu’à mon avis, brandir le mot « liberté » sans dire ce qu’on y entend précisément n’a aucun sens.

  30. ValLeNain

    Désolé mais je ne partage pas du tout ces avis.
    1) à propos des drogues, je suis plutôt contre parce que je pense que le domaine n’est plus tellement contrôlable, il aurait fallu mettre en place ce système bien avant, des années et des années en arrière, aujourd’hui les réseaux sont trop bien organisés, et si le système est mis en place, ceux qui se shootent en dehors des centres risquent de recueillir trop de tolérance de la part des gens et des autorités.

    2) »A quand la prostitution dans des salles publiques et chauffées? » – Figure toi qu’on m’a exposé de très bonnes raisons pour légaliser la prostitution, la contrôler et la sécuriser. Et sincèrement, ça vaudrait le coup d’essayer !

    3) »baisez sans contrainte,autant que vous voulez, mais avec une capote. A aucun moment on n’essaie d’éduquer sur ce que pourrait être une sexualité responsable, respectueuse de l’autre et de soi-même. » Je ne peux m’empêcher de voir là la parole de l’Eglise, je ne suis pas calé en religion, mais tout cet article me semble un poil « politiquement catholique ». Pourquoi faire l’amour sauvagement avec une femme nouvelle tous les soirs serait irresponsable et irrespectueux ? Chacun sa vision du sexe, c’est un tabou sur lequel les gens ne veulent guère modifier leurs positions (sans mauvais jeu de mots :D), sauf que la nouvelle génération est plus libertine il me semble, et je ne vois pas où est le mal…

  31. Kern

    @ValLeNain: en même temps, commenter un article d’un bloggeur catho en disant qu’on ne peut s’empêcher de voir la parole de l’Eglise..! :-p

  32. NM

    @ Basho : même pas mal… le discours de l’Eglise peut évoluer sur certains points.

    Sur la liberté, relisez ce que j’ai écris : au contraire la liberté doit avoir un sens et un contenu en rapport avec une conception du bon et du juste et de l’utile aussi (sans utilitarisme). Ce sont les libéraux (du moins certains spécialement nombreux aujourd’hui il me semble) qui font de la liberté un principe purement négatif définit par l’absence d’interférence extérieure.

  33. Bashô > Si les non toxicos respectent la loi, ils ne deviendront jamais junkie. C’est peut-être ça le premier intérêt de la « criminalisation » : faire comprendre que l’usage de drogue est quelque chose de fondamentalement mauvais.

  34. ValLeNain

    @Kern : on peut être catho et être pour autant sensé, logique, objectif, ce que le chafouin est à mes yeux. Même si sur cet article, je trouve que sa vision est trop catholique, qu’il essaie de faire passer pour du bon sens une morale propre à sa croyance, ce que je n’aime pas spécialement 🙂

  35. Kern

    @ValLeNain: mais n’est ce pas être censé et responsable que de penser (parce qu’il me semble que c’est chiffre) que d’éduquer les gens a la sexualité et au fait que leur corps n’est pas juste un jouet (quitte a ce qu’ils fassent le choix conscient de baiser n’importe ou après :p ), a plus d’effets sur la diminution de la propagation du Sida, que de simplement distribuer des capotes ?

    D’autant plus a notre époque ou la norme est de coucher alors qu’en faisant simplement se poser la question aux gens, ils se rendent compte que ce n’est pas la seule chose qu’ils attendent de l’autre, et qu’ils préfèrent passer leur tour cette fois ci pour avoir une sexualité belle avec une personne aimée ensuite.

  36. Gregory

    Mon dieu…
    Tant de moralisme que certains voudraient imposer aux autres, parce qu’eux ont raison, que leur point de vue est le bon, que eux savent ce qui est bon pour les autres…

    Cet article me fait hésiter entre le dégoût et le rire.

    « Il en va ainsi de la tolérance de la prostitution, du trafic de drogue, mais aussi, pourquoi pas, de la légalisation des jeux en ligne! »
    Hmm, la prostitution n’est pas seulement tolérée, elle est même légale, et c’est quand même bien la moindre de schoses.
    Sévir contre les proxénètes, qui exploitent le corps des autres, très bien. Ne pas tolérer la prostitution?
    Mon corps est à moi, cher Chafouin, je ne vois pas vraiment au nom de quoi vous voudriez m’interdire d’en faire commerce, tant que c’est sans racolage, autrement dit sans déranger vos yeux sensibles quand vous vous promenez dans la rue.
    Oui, oui, les gens vulnérables, tout ça… Eh bien aidons les gens vulnérables, mais si quelqu’un veut se prostituer (et oui, il y en a, il y a même un paquet de blogs et autres témoignages qui en parlent), jen e vois pas pourquoi VOTRE morale chrétienne devrait LE/LA contraindre sur ce sujet.

    « baisez sans contrainte,autant que vous voulez, mais avec une capote. A aucun moment on n’essaie d’éduquer sur ce que pourrait être une sexualité responsable, respectueuse de l’autre et de soi-même »
    N’en déplaise, une fois de plus, aux personnes qui suivent des principes comportementaux qui ne sont plus vraiment majoritaires en notre temps, principes que par ailleurs je respecte voire admire tant qu’on n’essaye pas de me les enfoncer de force en travers de la gorge par loi ou par endoctrinement…
    N’en déplaise à ces gens-là, donc, je méprise (oui, c’est fort) l’opinion selon laquelle baisez tant qu’on veut avec qui on veut ne serait pas compatible avec une sexualité respectueuse.
    Quand deux personnes veulent la même chose, que tout le monde est clair sur ce qu’il cherche, et que chacun se comporte de façon correcte dans le cadre de ce que les deux (voire « tous ») veulent, le respect est là. Ce qui n’est pas là, c’est sur, c’est le respect d’une certaine moralité qui ne regarde que vous et qui n’a pas plus à être imposée aux autres que n’a à être imposé le catéchisme.

    En fait, votre opinion sur ce sujet n’est en fait même pas une opinion, c’est un acte de foi.
    Vous avez décidé de croire que relations multiples sans engagement implique nécessairement absence de respect, probablement parce que cela valorise le comportement opposé. Or, le comportement consistant à partager son corps avec parcimonie n’a pas besoin d’être valorisé avec des propos fallacieux. C’est un comportement tout à fait admirable et qui apporte certainement beaucoup de satisfaction, il n’y a pas besoin de faire des généralisations imaginaires concernant le comportement plus libéré.

    (je parle bien de généralisation, car oui, bien sur il y a des comportement de promiscuité qui ne sont pas respectueux, tout comme il y a des couples dont les membres on une morale très traditionnelle et dont une moitié est totalement irrespectueuse de l’autre)

    Avec tout cela, cela me donne un éclairage sur votre opinion sur les drogues qui est assez amusant.
    Mon opinion ne serait pas forcément très loin de la votre, le sujet est trop complexe pour que j’ai un avis très tranché sur le sujet.
    Par contre, on voit d’où vient votre opinion, et ce n’est pas d’une réflexion sur les risques, les avantages, la responsabilisation des gens, la possibilité d’intégrer les personnes dépendantes dans une démarche progressive de réflexion tout en courant le risque de déclencher une demande supplémentaire.
    Votre opinion vient apparemment principalement de principes moraux auxquels vous considérez que tout le monde devrait être contraint, ou au moins extrêmement fortement incité, à adhérer, même dans le cas où ils ne nuisent à personne et ne relèvent que de choix personnels et privés.

    Dès lors, vous passez à côté de la vraie problématique de la gestion de l’addiction, et sa spécificité qui est d’avoir un fort potentiel d’impact sur le reste de la société (comme le sexe à tout va non protégé, mais à l’opposé du sexe à tout va protégé).

    De nos jours, la société a pour vocation, sur ce genre de sujet, d’une part à aider les personnes en difficulté (y compris par la prévention des risques), d’autre part à empêcher/interdire/réprimer les comportements qui nuisent aux autres. Pas de décider quoi imposer ou interdire ou inculquer aux uns en fonction de la morale d’une minorité des autres.

    Sur le sujet, il y a tellement à dire pour justifier le fait d’être contre sans qu’il soit besoin de recourir aux arguments consistant à imposer aux autres sa morale qu’il est dommage que votre billet soit axé sur « le sexe c’est Mal, vendre son corps c’est Mal, jouer de l’argent c’est Mal, se droguer c’est Mal, et puisque c’est Mal, forcément on va ajouter au passage qu’en plus c’est dangereux et ça fait du mal, juste parce que! »

  37. Gregory

    Encore un point amusant:
    « Interdire, c’est préserver la frontière entre bien et mal »

    Ca résume bien la position purement moralisatrice de votre opinion.
    Interdire, c’est empêcher des situations nuisibles, dangereuses ou néfastes à soi-même ou à d’autres. Ca n’a rien à voir avec le bien ou le mal, ou bien de façon indirecte (quand c’est mal PARCE QUE nuisible à d’autres).

    Il m’est interdit de conduire sans ceinture. Est-ce parce que ne pas porter la ceinture c’est mal?
    Non, il n’y a aucune notion de bien et de mal là-dedans, c’est simplement dangereux, et la société essaye de me protéger moi (et elle-même, des coûts médicaux associés) en m’interdisant un comportament néfaste.
    Il n’est pas interdit de se suicider, parce que même si vous, vous considérez peut-être que c’est mal, ça n’est pas directement dangereux/néfaste pour la société (ni pour l’individu, peut-on supposer, s’il l’a décidé).

    La discussion sur les drogues devrait être sur ce terrain là: est-ce qu’en interdisant/punissant, on protège mieux les gens et la société des nuisances des drogues, ou bien peut-on faire mieux en tolérant, voire autorisant (étant entendu que la prévention et l’éducation peut se faire dans les deux cas)?

    Malheureusement, toute votre démarche intellectuelle sur ce billet se résume bien dans cette phrase sur le bien et le mal. Vous n’êtes pas dans la même démarche que la justice: elle cherche à empêcher les comportements nuisibles, vous voulez qu’elle définisse la frontière entre le bien et le mal (votre définition de ceux-ci, en plus).

  38. Désolé pour mon absence temporaire, j’ai dû faire face à certaines urgences…

    @ Kern

    Et bien ces « bons pères e familles » sont des porcs tout aussi bien que les autres… Et je ne vois pas pourquoi on ne sanctionnerait que ceux qui profitent de l’escalavage (les proxénètes), et pas ceux qui en sont la cause (ceux qui consomment).

    @Bashô

    Vous vous emportez, là. Je n’ai jamais dit qu’il fallait pourchasser les prostituées. Jamais…

    « Si on veut éviter que la vue des prostituées choque les bons chrétiens ou les bons bourgeois, on peut les criminaliser »

    Il ne s’agit pas de ça. Moi, ce que je veux, c’est qu’on prenne en compte le fait que certains esclavagisent des femmes sous nos yeux. Ouvrir des maisons closes ne changera pas ce fait. On changera juste le décor! Je suis persuadé qu’en agissant sur la demande (les clients) et non pas seulement sur l’offre (les proxénètes), on pourrait améliorer leur sort.

    Sur la drogue, je le répète : je suis un idéaliste, et pour moi, acompagner le shoot c’est le cautionner. Ces scientifiques sont manifestement partiaux, puisqu’ils remettent en cause la politique de lutte contre le crime organisé. En disant que les profits échappent aux gouvernements, ne disent-ils pas implicitement qu’une dépénalisation ne les dérangerait pas? De la même façon que certains (the lancet par exemple) nous disaient il y a des années que le cannabis ne présentait aucun danger, avant de faire marche arrière il y a quelques mois ou années, je ne me souviens plus. Le méa culpa en « Une »!

    Quand ils osent nous dirent que l’épidémie de VIH est propagée par la criminalisation, ils se foutent du monde! La cause de l’épidémie, c’est quand des toxicos se shootent avec des seringues usagées. La criminalisation n’a rien à voir là dedans. Je le redis : des distributeurs existent, nul besoin d’offrir des salles de shoot pour ça.

    Quant aux divers points qu’ils soulèvent sur les conditions de détention des toxicos, ok, mais je ne vois pas trop le rapport. Dernier point : parler de la « stigmatisation des personnes qui utilisent des drogues illicites », c’est le pompon! Dans ce monde soi-disant moerne, on devra bientôt arrêter davec la notion de bien et de mal, par peur de choquer, de stigmatiser.

    Ces scientifiques oublient qu’on ne doit pas s’occuper que des moins de 1% de la population qui se shootent avec des seringues, mais que les 99% autres sont bien plus importants : continuer de dénoncer la toxicomanie, qui pousse ceux qui en sont victimes en larves inhumaines, est aussi un moyen d’éviter que d’autres ne plongent. Il ne faut pas transiger avec ça. Ce qui n’empêche pas d’être par ailleurs bienveillants et généreux quand il le faut…

    « Vous savez comme faire respecter la loi à un junkie? »

    Ya une différence entre le mettre en taule et lui filer de quoi se droguer à l’abri…

    @Henry

    « Être libéral ne suppose pas la non-assistance à personne en danger ! »

    ça dépend quels libéraux… Quand on voit que dans je-ne-sais-plus quel Etat des USA, on propose aux cancéreux en phase terminale d eleur payer un suicide assisté plutôt qu’une chimio…

    @Val

    « Et sincèrement, ça vaudrait le coup d’essayer ! »

    Expose nous ces raisons, alors!

    Sur le sexe, si tu ne vois pas où est le mal, c’est ton droit, mais moi je le vois. Pour ma part, je ne crois pas qu’on respecte notre corps et celui de l’autre, en couchant tous les soirs avec une femme différente. Et encore plus si on la paie pour ça.

    Je n’aime pas le relativisme et l’idée selon laquelle « chacun fait ce qu’il veut ». Alors évidemment, mon discours a des accents religieux, parce qu’il s’inspire de mes croyances. Mais il faut les dépasser : je ne parle pas de dogme ou du catéchisme, ici, j’expose une vision de la société avec laquelle des non-catholiques pourraient très bien être d’accord. Tout est question de respect, et dans la sexualité ambiante, je vois plus d’égoïsme que de respect. C’est moi, moi, moi, et puis l’autre, souvent, on s’en moque.

    Merci donc à Kern de souligner cette évidence : la propagation du Sida doit beaucoup à ce j’men foutisme. Apprendre à ses enfants à peut-être ne pas toujours se faire plaisir, mais voir aussi l’amour comme une exigence, un don mutuel, me parait autrement plus intéressant et responsable.

  39. Ix

    C’est confortable de caricaturer et de traiter d’irresponsables les partisans des salles de consommation. Mais cette proposition a été faite par des gens qui travaillent quotidiennement auprès des personnes qui se droguent. Ils méritent un peu mieux que la caricature non ? Peut-être que leur avis peut-être considéré comme potentiellement pertinent ?

    Des études ont été faites sur ces salles de consommation, dans les pays où elles sont mises en place. Et la majorité montre que les bénéfices qui en sont retirés sont supérieurs aux effets négatifs et vont à l’encontre des craintes initialement développées à l’égard de ces salles.

    Par exemple, elles permettent de réduire les risques de transmissions de maladies, ainsi que d’overdoses. C’est quand même loin d’être négligeable et à prendre en considération si on accorde plus d’attention à l’efficacité d’une politique de lutte contre la dépendance aux drogues et ses conséquences sur la santé.

    La fréquentation des salles de consommation permet aussi d’établir une relation de confiance entre l’usager et le personnel médical et l’accès aux soins pour une population très marginalisée qui n’y aurait pas accès autrement. Il faut aussi noter des demandes plus importantes de prise en charge médicale pour lutter contre la dépendance.

    Au niveau des nuisances publiques, les études montrent une diminution de l’usage des drogues dans les lieux publics par exemple.

    Voir le rapport de l’Observatoire européen des drogues et de la toxicomanie : http://www.emcdda.europa.eu/attachements.cfm/att_2944_EN_consumption_rooms_report.pdf

    Tout ça pour dire que les salles de consommation ne sont peut-être pas une solution miracle, qu’elles ne sont pas exemptes de limites et de problèmes, mais qu’il y a quand même un certain nombre d’éléments qui interdit de traiter ses partisans d’irresponsables qui se moqueraient des conséquences de la dépendance sur les usagers.

    Et je ne vois pas en quoi le développement de salles de consommations empêcherait par ailleurs de lutter contre le trafic de drogues.

  40. Bashô

    Le Chafouin> J’ai bien peur que vous m’ayez lu un peu trop vite.

    « Quand ils osent nous dirent que l’épidémie de VIH est propagée par la criminalisation, ils se foutent du monde! La cause de l’épidémie, c’est quand des toxicos se shootent avec des seringues usagées. La criminalisation n’a rien à voir là dedans. Je le redis : des distributeurs existent, nul besoin d’offrir des salles de shoot pour ça. »

    Primo, comme je le disais, c’était une déclaration qui s’adressait au monde entier, et non à la seule France. L’histoire des salles de shoot est franco-française, et il y a des pays qui répriment très durement la consommation de drogue (Aux USA par exemple, près de 25% de la population carcérale mondiale l’ont été pour consommation ou trafic de drogue. Et ils ne bénéficient pas de tous les soins) et qui ne distribuent pas de seringues propres contrairement à la France. Donc de grâce, ne mélangeons pas tout!

    Ensuite, la criminalisation et la stigmatisation poussent les toxicomanes à se regrouper entre eux et à s’échanger les seringues entre eux lorsque obtenir une seringue neuve à chaque prise est trop « coûteux » ( par exemple le risque est important d’être dénoncé par le pharmacien soupçonneux dans le cas où il n’y a pas de politique de distribution des seringues propres, expulsion ssytématique des pharmacies si on est un junkie « visible » i.e. stigmatisé)

    « Quant aux divers points qu’ils soulèvent sur les conditions de détention des toxicos, ok, mais je ne vois pas trop le rapport. » Et à votre avis, comment se fait-il qu’ils subissent ces conditions? Peut-être d’une part un accent un peu trop mis sur l’accent répressif au détriment des soins nécessaires, et d’autre part, le profond mépris que beaucoup éprouvent (mais oui, la stigmatisation!) envers les toxicomanes qui n’auraient que ce qu’ils méritent. Et certainement pas de bénéficier d’une politique énergétique et adaptée de lutte contre le VIH dans ce groupe. Donc pas de rapport?

    Et relisez ce que j’ai dit à propos de la sociologie de la déviance, la prescription des normes, i.e. dire le bien et le mal, est un processus sociologique complexe (et ambigüe mais c’est une autre histoire) qui ne se résume pas au droit pénal, ni à la stigmatisation. Prenons par exemple l’alcoolisme qui a une image complexe dans notre pays, alors que la mortalité et la morbidité est bien plus importante que chez nos voisins.

    « Sur la drogue, je le répète : je suis un idéaliste, et pour moi, acompagner le shoot c’est le cautionner. » Ne soyez pas binaire. Si vous voulez un monde où tout est bien clair, allez chez Dysneyland. Saint Louis, constatant l’échec de la politique anti-prostitution, avait alors réglementé la prostitution en les confinant dans des quartiers et en prélevant un impôt spécial. De plus, la maréchaussée garantissait l’ordre (et donc la protection des prostituées) dans ces rues. De même, lors des croisades, il avait autorisé la présence des prostitués dans la cohorte (marchands, serviteurs etc) de ceux qui accompagnaient les croisés. Est-ce cautionner la prostitution?

    Par ailleurs, à propos de la sociologie de la déviance, j’avais dit que depuis le XIXème siècle, la médecine faisait concurrence à la religion et au droit pénal dans le rôle de prescription des normes (l’alcoolisme). Accompagner quelqu’un qui se shoot tout en le considérant comme un malade et en profitant pour un suivi sanitaire approfondi et peut-être le sortir ainsi, est-ce le cautionner? On n’est pas chez les bisounours.

    « Ces scientifiques sont manifestement partiaux, puisqu’ils remettent en cause la politique de lutte contre le crime organisé. En disant que les profits échappent aux gouvernements, ne disent-ils pas implicitement qu’une dépénalisation ne les dérangerait pas? De la même façon que certains (the Lancet par exemple) nous disaient il y a des années que le cannabis ne présentait aucun danger, avant de faire marche arrière il y a quelques mois ou années, je ne me souviens plus. Le méa culpa en « Une »! »

    Je réponds en trois temps.

    1) je ne vois pas en quoi remettre en cause la politique de lutte contre le crime organisé est forcément de la partialité? Lisez-les plus attentivement, ils ne critiquaient pas l’idée même d’une telle politique, mais que la politique suivie (et cette politique-là) ne marche pas (montée en puissance des cartels etc). Il faut donc réfléchir à une autre angle d’attaque.

    2) »En disant que les profits échappent aux gouvernements, ne disent-ils pas implicitement qu’une dépénalisation ne les dérangerait pas? » D’abord, dépénaliser ne reviendrait pas à cautionner, nous ne sommes pas dans un monde angélique. Ils remettent en cause l’approche pénal et prône une approche médicale, ce qui est discutable en soit. Mais dire que ça ne les dérangerait pas et donc implictement dire qu’ils sont favorable à la drogue, c’est -ardonnez-moi- profondément malhonnête et stupide.

    3) Ce sont des scientifiques. Ils raisonnent ainsi, et différement des juristes et des religieux, ainsi que de l’homme de la rue. Pour comprendre ce qu’ils veulent dire, il faut connaître leur schéma de pensée. Ainsi, le Lancet avait défendu l’idée que le cannabis ne présentait pas de danger à long-terme pour la santé (en 1998). Cette idée avait été immédiatement critiquée par d’autres scientifiques et dans les colonnes du journal (cf http://www.cfdp.ca/lancet2.htm ) et quand à l’article du « mea culpa », il faut aussi le replacer dans le contexte (http://lancashirecare.wordpress.com/2008/02/08/the-lancet-cannabis-use-and-the-risk-of-psychotic-or-affective-mental-health/ voir en particulier la dernière phrase)

    Maintenant passons à la prostitution : « Moi, ce que je veux, c’est qu’on prenne en compte le fait que certains esclavagisent des femmes sous nos yeux. Ouvrir des maisons closes ne changera pas ce fait. On changera juste le décor! Je suis persuadé qu’en agissant sur la demande (les clients) et non pas seulement sur l’offre (les proxénètes), on pourrait améliorer leur sort. »

    D’abord, je renvois à ce que j’avais dit plus haut sur Saint Louis. Vous croyez qu’il n’avait pas essayé d’agir sur la demande? Et bien des Pères de l’Eglise (Saint Augstin) considéraient la prostitution comme une soupape de sécurité indispensable.

    Ensuite, il est plus facile de surveiller ce qui se passe dans une maison close que lorsque les prostituées sont dispersées dans toute la ville. Il est plus facile d’arrêter un homme qui frappe une prostituée dans une maison close, que s’il la frappait dans une ruelle obscure loin des yeux et des oreilles. Je ne vois pas en quoi c’est juste changer de décor…

    Et je maintiens, faire l’équation « déclaration de Vienne (ou maison close)= libéralisme  » est profondément inepte

  41. @le chafouin
    On est d’accord. Ça dépend quels libéraux. Il faut surtout de méfier des libéraux non chrétiens. Certains sont plus dangereux que des socialistes 😉

  42. @Bashô

    « Peut-être d’une part un accent un peu trop mis sur l’accent répressif au détriment des soins nécessaires, et d’autre part, le profond mépris que beaucoup éprouvent (mais oui, la stigmatisation!) envers les toxicomanes qui n’auraient que ce qu’ils méritent ».
    Il faut soigner les toxicomanes, et les aider à se sortir de la situation dans laquelle ils se trouvent. Cela ne retire rien, selon les cas, à leur responsabilité vis-à-vis de cet état. Par ailleurs, le plus clair du temps, on ne criminalise pas les consommateurs de stupéfiants. En revanche, on poursuit les types qui pour financer leur toxicomanie commettent des délits.

    Le problème n’est pas uniquement médical. C’est ce que je répondrai aussi à un autre commentateur, qui prétend qu’il faut écouter ce que disent les scientifiques et la fermer : ils sont scientifiques, ils donnent leur avis, c’est une chose. Ensuite, els politiques décident.

    « Primo, comme je le disais, c’était une déclaration qui s’adressait au monde entier, et non à la seule France. »
    Dont acte! Et moi je suis libre de penser que ces scientifiques vont trop loin et que leur avis ne doit pas être pris en compte en ce qui concerne la criminalisation des drogues. Le lien entre cette déclaration et la proposition de Bachelot, c’est uniquement le sujet, celui des drogues et des différentes méthodes que peuvent utiliser les Etats pour s’occuper du problème. Les deux faits sont donc indéniablement liés, non?

    La stigmatisation, c’est encore autre chose. C’est la manière avec laquelle on considère les personnes toxicomanes. ça n’a rien à voir avec ce qu’on peut penser de la drogue, ou de son éventuelle criminalisation! La plupart des gens ont peur des toxicomanes, car ils voient en eux des types défoncés qui pourraient leur faire du mal sans le vouloir, ce n’est pas du mépris que de dire cela, mais simplement l’expression de la plus pure logique.

    La criminalisation vient après : vues les conséquences que la drogue peut avoir sur la santé du toxicomane et sur l’ordre public, il n’est pas bête ou stupide de vouloir interdire son commerce et sa consommation.

    « Mais dire que ça ne les dérangerait pas et donc implictement dire qu’ils sont favorable à la drogue, c’est -ardonnez-moi- profondément malhonnête et stupide. »
    Ce n’est pas ce que j’ai dit… J’ai dit qu’ils étaient implicitement favorables à la dépénalisation. ça ne signifie nullement qu’ils sont favorables à la drogue. C’ets juste, selon moi, ce qu’on appelle des idiots utiles : en réalité, en agissant ainsi, ils favorisent la drogue même sans le vouloir. De la même manière que tous les prétendus savants qui ont seriné pendant des années que le cannabis, c’était juste cool, et à peine dangereux. On en mesure aujourd’hui les désastres. Il suffit de voir comment ça se passe aux Pays-Bas, et dans une moindre mesure en Belgique…

    « Ce sont des scientifiques. Ils raisonnent ainsi, et différement des juristes et des religieux, ainsi que de l’homme de la rue. »
    C’est vrai… Mais voilà : il faut donc prendre ça pour des paroles de scientifiques, ni plus, ni moins. En clair : ce n’est pas parole d’évangile, pour moi, si je puis m’exprimer ainsi 🙂

    Enfin, sur la prostitution.

    On peut très bien la tolérer tout en protégeant les prostituées, c’est exactement ce qu’on fait aujourd’hui d’ailleurs. Il y a des brigades spéciales pour ça dans les commissariats de police. Agir ainsi, c’est constater l’évidence : on ne peut pas l’empêcher. Personne n’a prôné ici l’éradication de la prostitution. Si quelqu’un veut se vendre, il pourra toujours le faire. En revanche, et c’est là que le parallèle avec les salles de shoot est intéressant, si on en vient à règlementer tout ça au point d’ouvrir des maisons et compagnie, on accepte l’esclavage en tant que société. C’est banaliser ce que représente la prostitution. Ce que représente la drogue.

    Xerbias expliquait que ce n’est pas parce qu’il y a des meurtres qu’il faut les encadrer. Je ne trouve pas ça idiot.

    « Ensuite, il est plus facile de surveiller ce qui se passe dans une maison close que lorsque les prostituées sont dispersées dans toute la ville. »
    En théorie, oui! Mais on se rend compte en belgique, où les maisons closes sont encadrées, que ce sont toujours des proxénètes qui tirent les ficelles! Bien sûr, ça facilite les recherches. Mais ça ne diminue pas vraiment les trafics! Et les prostituées ne sont pas toujours plus libres que « dehors ».

    « Et je maintiens, faire l’équation « déclaration de Vienne (ou maison close)= libéralisme » est profondément inepte »
    C’est ton avis! Moi je persiste à penser que la philosophie libérale, dévoyée par le libertarisme de mai 68, conduit à ce genre de discours. Je ne parle pas en particulier des scientifiques, mais de tout ce courant « pragmatique » qui cherche à assouplir à toute force les législations sur le sujet.

    @Ix
    « Par exemple, elles permettent de réduire les risques de transmissions de maladies, ainsi que d’overdoses. C’est quand même loin d’être négligeable et à prendre en considération si on accorde plus d’attention à l’efficacité d’une politique de lutte contre la dépendance aux drogues et ses conséquences sur la santé. « 
    Je n’ai pas traité de tous les noms les auteurs de cette proposition, ils ont droit à la parole, mais jusqu’à preuve du contraire les associations ne font pas la loi et on peut quand même manifester un avis opposé, non?

    Il peut y avoir un tas de bonnes raisons pour le faire. C’est le principe même qui me choque, puisqu’il s’agit non pas de soigner les conséquences d’une toxicomanie mais de l’accompagner. Je trouve ça déplorable car cela revient à regarder un type se piquer au lieu de l’empêcher de le faire. Désastreux!

    « La fréquentation des salles de consommation permet aussi d’établir une relation de confiance entre l’usager et le personnel médical et l’accès aux soins pour une population très marginalisée qui n’y aurait pas accès autrement »
    ça me paraît le seul point vraiment intéressant de la proposition d’ailleurs…

    @Gregory

    « Tant de moralisme que certains voudraient imposer aux autres, parce qu’eux ont raison, que leur point de vue est le bon, que eux savent ce qui est bon pour les autres…
    Cet article me fait hésiter entre le dégoût et le rire. »

    Mais mon bon ami, vous êtes vite choqué! Si dire que la drogue est un mal, c’est du moralisme… Je ne cherche rien à imposer aux autres, je donne mon avis. Point barre.

    Et vous, votre dégoût, vous ne l’imposez pas, à ce compte-là? 🙂

    « Oui, oui, les gens vulnérables, tout ça… « 
    Vous n’êtes pas aussi naïfs tout de même? Quand je parle de tolérer la prostitution, je ne parle bien sûr pas d’accepter que des (rares) personnes ayant des problèmes de fin de mois et monnayent leurs charmes auprès de leur voisin de palier, mais bien des esclaves contraintes d’aller au turbin matin midi et soir, car sans ça, leurs enfants au pays seraient massacrés.

    « N’en déplaise, une fois de plus, aux personnes qui suivent des principes comportementaux qui ne sont plus vraiment majoritaires en notre temps »
    Je ne vois pas ce que le comportement majoritaire a à voir avec la morale… Ce qui est bien et mal l’est objectivement, et pas en fonction de ce que font la plupart des gens.

    « je méprise (oui, c’est fort) l’opinion selon laquelle baisez tant qu’on veut avec qui on veut ne serait pas compatible avec une sexualité respectueuse. »
    Ai-je dit cela? Non, j’ai dit qu’on encourageait à la liberté absolue des corps sans éduquer à la sexualité respectueuse, c’est tout à fait différent! Comme vous l’avez dit, c’est « mon corps m’appartient », ce qui me semble assez limité comme raisonnement.

     » Ce qui n’est pas là, c’est sur, c’est le respect d’une certaine moralité qui ne regarde que vous « 
    Je ne juge pas ceux qui ne se comportent autrement que moi, ou qui ont des idées différentes. Cela m’interdit-il de partager ma vision de la sexualité? Les gens se comportent bien comme ils veulent mais on peut juger des comportements.

    « Vous avez décidé de croire que relations multiples sans engagement implique nécessairement absence de respect »

    Encore une fois ce n’est que pur fantasme de votre part!

    « Votre opinion vient apparemment principalement de principes moraux auxquels vous considérez que tout le monde devrait être contraint, ou au moins extrêmement fortement incité, à adhérer, même dans le cas où ils ne nuisent à personne et ne relèvent que de choix personnels et privés. »

    Les principes moraux n’interdisent pas de s’interroger sur les problmes et d’évaluer les risques, coûts et avantages. C’est notamment pour cette raison, comme l’a rappelé Bashô, que Saint-Louis, pourtant très attaché aux principes moraux (qu’ils s’appliquait très sévèrement envers lui-même), avait renoncé à criminaliser la prostitution. Celui qui a une loi morale ancrée dans le coeur régait forcément en grande partie en fonction de celle-ci, c’est bien normal. Vous avez certainement vous-mêmes des limites morales en vous, que vous vous fixez, et auxquelles vous vous tenez ou vous efforcez de vous tenir. Simplement, nous n’avons visiblement pas les mêmes, voilà tout!

    Je ne vois pas en quoi pour autant, je serais disqualifié de ce seul fait dans la discussion…

    « De nos jours, la société a pour vocation, sur ce genre de sujet, d’une part à aider les personnes en difficulté (y compris par la prévention des risques), d’autre part à empêcher/interdire/réprimer les comportements qui nuisent aux autres. Pas de décider quoi imposer ou interdire ou inculquer aux uns en fonction de la morale d’une minorité des autres. »
    En l’espèce, vous vous trompez : je ne me préoccupe pas de savoir s’il est bien ou mal que ces toxicomanes se shootent, je me préoccupe de l’effet que peut avoir sur la société une telle autorisation, un tel encadrement. Si vous ne l’avez pas compris, j’en suis désolé, j’ai dû peut-être mal m’exprimer…

    De même que quand j’évoque les questions de sexualité, je pense au bien de la société, le but n’est pas de juger ceux qui ne pensent pas comme moi.

    « Interdire, c’est empêcher des situations nuisibles, dangereuses ou néfastes à soi-même ou à d’autres. Ca n’a rien à voir avec le bien ou le mal, ou bien de façon indirecte (quand c’est mal PARCE QUE nuisible à d’autres). »
    Vous répondez vous-mêmes à la question. Ce qui est bien ou mal, ce n’est pas ce qui est bien ou mal en soi, c’est aussi et surtout ce qui est bien ou mal pour nous… Et donc ce qui est nuisible ou profitable aux individus, et à la scoiété. Je n’ai pas dit « interdire c’est toujours préserver la frontière bien-mal », je parle du cas qui nous occupe, évidemment.

  43. Ix

    Vous ne les traitez peut-être pas de tous les noms mais vous les traitez d’irresponsables, ce qui est quand même assez insultant. Et vous insinuez qu’ils regardent les gens se piquer sans réagir, ce qui est faux. Ils cherchent des solutions pour aider les personnes dépendantes des drogues. Il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton ou de prier pour soigner quelqu’un. Alors si les salles de consommations permettent d’éviter des décès, d’accompagner des personnes marginalisées vers un parcours de soin, d’éviter des contaminations au VIH ou autre, les médecins ou ceux qui préconisent ce genre de dispositif me paraissent avoir un aussi grand souci de la santé humaine que vous.

    Les associations (qui ne sont pas les seules à défendre ces positions) ne font pas la loi mais elles sont sur le terrain et sont confrontées à ces problématique de manière concrète. Je n’ai pas dit que vous n’aviez pas droit d’exprimer un avis contraire, simplement que cet état de fait font d’elles des acteurs qui méritent mieux que le terme d' »irresponsables » ou l’accusation de vouloir créer des êtres humains dociles pour un cauchemar du type « Le meilleur des mondes ».

  44. @Ix

    Tout comme eux, vous ne voyez qu’une partie des conséquences de cette idée : celles qui pourraient se produire vis à vis des toxicomanes. De mon côté, je m’inquiète plutôt des répercussions sur l’intérêt général, le bien commun. On ne se situe donc pas sur le même plan. C’est en cela que je dis que les partisans de cette mesure sont des irresponsables : ils ne réfléchissent pas de manière globale mais uniquement par rapport à leur spécialité et à leur travail.

  45. Bashô

    J’appuie totalement Ix. D’ailleurs, une chose m’étonne. Lorsque le Saint-Père déclare une chose qui a été mal comprise par les médias, les catholiques font tous une exégèse rigoureuse pour expliquer ce qu’il avait vraiment dit et ce qu’il voulait dire. Je pensais que certains d’entre nous, instruits par l’expérience, veillerons à appliquer aux autres ce qu’on réclamait pour l’Eglise : l’écoute bienveillante (ce qui ne signifie pas un accord à la fin), prendront garde à ne pas réagir au quart du tour, à hurler plus fort que d’autres. Naïf que j’étais.

    Et quant au cannabis, c’est la même histoire. Si j’avais donné un lien vers un article de 2007 du Lancet, c’était pour montrer que les choses sont beaucoup plus nuancés, et surtout que le compte-rendu médiatique, les « jacasseries », trahissent complètement la complexité du débat scientifique. La dangerosité du cannabis est encore difficile à discerner car dépendant du métabolisme, du comportement (une consommation modérée a peu d’incidence) et surtout du contexte sociologique. Ainsi, un groupe de jeunes qui fument ensemble un joint, c’est la même chose qu’un groupe de jeunes qui boivent ensemble; c’est une activité sociale. De même que certains peuvent basculer vers l’alcoolisme, on peut basculer dans la dépendance complète au cannabis. Mais le pouvoir addictif du cannabis est en l’état actuelle des connaissance le même que celui de l’alcool… Un autre aspect dangereux du cannabis est (mais oui!) sa pénalisation. En effet, des dealers ne se spécialisent pas dans un produit, et vendent d’autres drogues bien plus dangereuses comme le crack, l’ecstasy. Ils profitent de la vente du cannabis pour vanter ces drogues immédiatement addictifs. Autrement dit, comme le cannabis est illégal, il favorise le basculement vers les drogues dures. Il y a donc de bons arguments pour ou contre la dépénalisation du cannabis, et le débat est donc plus nuancé qu’on ne le pense. Mais pour cela, il aurait fallu aller au-delà de l’écume des choses.

    Enfin, dire que la déclaration de Vienne est de l’esprit de Mai 68 est une pure connerie. C’est la première fois que, comme disent les anglais, mon intelligence a été insultée ici. :o) Le danger des évènements polarisants (1789, 1848, La Commune de Paris, Mai 68) est d’écraser la réflexion et d »enjoindre immédiatement d’être pour et contre. Alors que le Christianisme a toujours défendu le discernement : comprendre, aller au fond des choses avant de réagir. C’est vrai que c’est plus facile de dire « vive la liberté  » (pour les libéraux) ou « à bas le relativisme, le libertaire » (pour des gens plus traditionnels) que de se dire « voyons, qu’est-ce qu’ils disent vraiment, suis-je d’accord ou non avec eux. Mmmh, il y a de bons et de mauvais arguments etc. »

    Et si on veut parler de filiation historique, c’est vers le XIXe siècle, et non vers mai 68 qu’il faut regarder. C’est au XIXe siècle que la médecine (cf l’hygiènisme) a commencé à remplacer la religion comme sorte de totem prescripteur des normes. C’est à ce moment qu’on a commencé à regarder l’alcoolisme comme une pathologie, qu’on a parlé social, politique avec un langage « médical » (cf Zola). Les scientifiques parlent comme les médecins du XIXe siècle qui voyaient l’alcoolisme comme une maladie et qui défendaient une politique sanitaire et non (simplement) répressif.

    Ce qui est marrant, c’est que Mai 68 a été par bien des aspects (comme tout évènement polarisant, c’est plus contrasté que de prime abord) en réaction contre ce que j’appellerai le courant hygiéniste. Il y eut par exemple un fort mouvement critique contre la psychiatrie (Foucault, Deleuze, les « nouveaux psychiatres »).

  46. @Bashô

    « Autrement dit, comme le cannabis est illégal, il favorise le basculement vers les drogues dures.  »

    C’est drôle, j’avais lu des études montrant l’inverse aux Pays-Bas… Après, il faut voir, ça dépend peut-être des comportements, des caractères. Nous, Français, adorons par exemple faire ce qui est interdit. J’ai cru comprendre que les Néerlandais n’adoptent pas du tout le comportement excessif des Français vis à vis du cannabis. Et ne se ruent pas tous les matins sur les coffee-shops, là où de nombreux Français font cinq, six heures de route pour aller acheter vingt grammes à Breda ou Maastricht.

    « Lorsque le Saint-Père déclare une chose qui a été mal comprise par les médias, les catholiques font tous une exégèse rigoureuse pour expliquer ce qu’il avait vraiment dit et ce qu’il voulait dire.  »

    Ouh la petite attaque en-dessous de la ceinture 🙂

    J’avoue que c’est bien vu. Et pas complètement faux : on est tous comme ça. A part les gens parfaits. La plupart du temps, je n’en veux pas à ceux qui déforment le discours du pape : je sais qu’ils n’entendent rien à ce qu’est la religion, et en ont une image déformée. Et souvent, ça ne les concerne même pas.

    En effet, je n’ai pas lu l’intégralité du discours de Vienne. Ni consulté les archives du Lancet de 1998 à nos jours. On est sur un blog d’amateur où on échange des idées, et où le taulier va vite, car il doit faire tout ça en plus de son travail.

    Donc ne comparons pas ce qui n’est pas comparable. Même si je veux bien faire mon méa culpa si je simplifie : c’est une évidence. La discussion est faite pour ça. Pour nuancer.

    En fait, le fond du fond, c’est que je n’ai pas commis un billet de fond sur la pénalisation des drogues, mais un billet d’humeur ayant surtout pour objectif de renvoyer vers un autre billet lui-même assez court, et que j’avais apprécié.

    Il y a un moment où il faut arrêter les procès d’intention : je ne suis qu’un petit gars qui l’ouvre, en cherchant autant que possible à rester honnête. Je n’ai pas vocation à écrire une thèse à chaque billet.

  47. Bashô

    Mais je ne faisais pas de procès d’intention. Mais il est vrai que je suis un chercheur en sciences. Pas dans la même discipline mais où la nuance, la volonté de comprendre les choses, d’aller jusqu’au fond des choses quitte à revenir dessus, sont des qualités primordiales. Et ce réflexe m’accompagne en dehors du labo.

    Ainsi, si je connais un peu le droit canon depuis plusieurs années c’était parce que je voulais comprendre ce que voulait vraiment dire tel document, tel ecclésiastique; et non ce qu’il sembalit dire. Donc, je suis désolé de m’être un peu emballé. 🙂

  48. Bashô

    P.S. Ma belle-soeur est hollandaise et je fréquente souvent sa famille (très francophile). Ils apprécient énormément le vin (et les plus jeunes le cannabis) mais ils savent s’arrêter. Les français que j’ai croisé à Amsterdam non. En fait, si les hollandais regrettent la dépénalisation, c’est surtout à cause des débordements des étrangers (les anglais, les français, et les allemands). 😉

  49. @Bashô

    Clairement, d’ailleurs, certaines communes frontalières ont fermé leurs coffee, je me demande d’ailleurs si ce n’est pas le cas de Maastricht. mais au-delà du comportement des étrangers, c’est aussi que ça attirait un trafic souterrain important. Les drogues soi-disant douces peuvent donc conduire aux drogues dures même sans pénalisation…

    Sur le reste : dont acte. C’est juste que souvent, on me prend pour ce que je ne suis pas. Je ne fais pas la pluie et le beau temps, je suis un humble garçon qui essaie de réfléchir mais sans prétendre embrasser l’ensemble des compsoantes de tous les problèmes. Je suis encore jeune, avec une propension à être exalté et à m’enflammer, mais les commentaires sont faits pour ça, je trouve : nuancer par l’échange et l’enrichissement mutuel.

  50. Monoi

    « Je ne juge pas ceux qui ne se comportent autrement que moi, ou qui ont des idées différentes »

    Mais la drogue, c’est mal, alors c’est normal de l’interdire. Mais vous ne jugez pas, hein. Ah non.

    Ce que font des adultes consentants sur eux memes les regardent. Point barre. Si vous n’arrivez pas a les convaincre que vous avez raison, et eux tort, peut etre serait t il bon de les laisser tranquilles.

    Ce n’est pas comme si la « lutte contre la drogue » ne nous coutait pas des milliards directement, sans compter ce que ca finance en tant qu’activites criminelles.

    En bref, CA NE MARCHE PAS. Mais non, les gens comme vous, qui comme l’ont montre Ix, Basho et autres, sont petris d’a prioris et d’ignorance veulent qu’on continue dans ce cul de sac.

    Vous devez prendre beaucoup d’aspirine.

  51. @monoi

    Juger un comportement (se droguer) ne revient pas à juger ceux qui s’y livrent.
    Par ailleurs,il est normal que la société se prononce sur des comportements qui ont des conséquences sociales, ne soyez donc pas stupide : non, se droguer ne relève pas de la liberté. Surtout qu en l espèce il s’agit d’un esclavage.

    En raisonnant comme vous, pourquoi rendre obligatoire le port de la ceinture au volant?

  52. Juger un comportement n’est pas juger ceux qui s’y livrent. Je veux bien. Mais ça, c’est la théorie. Dans la pratique « le drogué » est vu comme un débauché, un délinquant, un déchet de la société. Vous inviteriez un drogué à votre table ?

    Maintenant, reprenons.

    « Se droguer, c’est mal, et c’est mauvais pour la santé ». Faudrait d’abord définir ce que c’est « se droguer ». Je crois que c’est modifier ses perceptions, son état de conscience et son humeur au moyen de substances chimiques. Fumer une cigarette pour « se calmer », boire du café pour « tenir le coup », prendre des calmants pour ne pas pétér les plombs, c’est « se droguer ». Boire un verre pour « être dans l’ambiance » ou vider la bouteille pour s’abrutir aussi. Et tout ça est parfaitement légal. Et personne n’est mis au ban de la société ou jeté en prison pour l’avoir fait.

    « Les drogues douces mènent aux drogues dures » : pas vraiment. Tout dépend du « pourquoi » le toxicomane se drogue (et je ne crois pas qu’il faille faire peur avec le crack qui est très marginal en France), et dans quelles circonstances. Le gamin qui fume de la beuh avec ses potes ne risque pas de prendre de la coke parce que son dealer en vend. C’est bête à dire, mais ce n’est pas le même usage, ni la même clientèle (le cocaïnomane, par contre, fumera facilement de l’herbe pour « redescendre » en douceur). Je parle là evidemment de jeunes gens qui vont bien. Le gros risque, c’est la drogue (toutes les drogues, à commencer par l’alcool) chez les gens qui vont mal, et la descente aux enfers. Un dépressif profond ne se contentera pas d’herbe, et lui interdire l’héroïne sans soigner le terrain qui le pousse à en prendre, ça ne sert à rien.

  53. « Je trouve ça déplorable car cela revient à regarder un type se piquer au lieu de l’empêcher de le faire. Désastreux! »

    Et vous faites comment pour l’empêcher de le faire ? Vous lui prenez sa merde (car c’en est, je ne le nie pas), vous la jetez aux toilettes, vous enfermez le garçon dans sa chambre et vous le regardez convulser la bave aux lèvres, quitte à ce qu’il fasse un arrêt cardiaque ? Et après la crise de manque, quand le pire (à mes yeux), c’est à dire la dépression due au sevrage (qui s’ajoute souvent à la dépression originelle) arrive ? Vous êtes prêt à rester dans cette chambre pendant des mois pour empêcher le garçon de se pendre ou de se jeter par la fenêtre ?

    Je n’en ai après personne, surtout pas après vous, Chafouin, mais je crois qu’il faut faire très attention quand on s’engage sur ce terrain.

  54. J’ai sursauté ne lisant ça : « C’est peut-être ça le premier intérêt de la « criminalisation » : faire comprendre que l’usage de drogue est quelque chose de fondamentalement mauvais. » Eh bien c’est alors un échec total ! Je m’élève aussi contre la condamnation sans nuance du cannabis et applaudis Bashô et Lambertine sur le sujet. Coming out : j’ai 46 ans, je consomme du cannabis à raison de trois ou quatre sticks par jour quand j’en ai, et ce depuis mes 18 ans. Et je n’aimerais pas qu’on me l’interdise. Ah oui, pardon, c’est vrai, on me l’interdit déjà ! Mais je le fais quand même, comme des millions de Français.

  55. @Olivier Bonnet

    Vous le faites, fort bien. Je ne peux m’empêcher cependant de penser que d’autoriser une drogue rend beaucoup plus difficile la prévention. Il suffit de voir ce que ça donne avec le tabac et l’alcool… Peut-être êtes-vous une personne équilibrée, mais je pense, moi, aux plus fragiles. Ils se font emporter par le cannabis, quand vous l’utilisez de manière ludique et (peut-être) raisonnée.

    @Lambertine

    « Dans la pratique « le drogué » est vu comme un débauché, un délinquant, un déchet de la société. »

    N’est-ce pas lui qui se met dans cet état? Il y a aussi un moment où il faut replacer les responsabilités dans l’ordre. Je regrette qu’on voie le toxico comme un déchet, alors qu’il s’agit avant tout d’une victime. Mais soigner n’implique pas cautionner. C’est le panneau dans lequel tombe cette proposition, heureusement retoquée par François Fillon.

    « Et tout ça est parfaitement légal. Et personne n’est mis au ban de la société ou jeté en prison pour l’avoir fait. »

    Entre modifier ses perceptions et se shooter au cannabis, à l’alcool, à l’héroïne ou à la coke, il y a un pas tout de même! Si la société condamne la drogue et la pourchasse, c’est qu’elle a compris les dangers qu’elle faisait courir à la vie en communauté.

    « Un dépressif profond ne se contentera pas d’herbe, et lui interdire l’héroïne sans soigner le terrain qui le pousse à en prendre, ça ne sert à rien. »

    Mais encore une fois, qui a dit qu’il ne fallait pas les soigner! Je ne fais que dire que je suis hostile aux salles de shoot.

  56. « N’est-ce pas lui qui se met dans cet état? Il y a aussi un moment où il faut replacer les responsabilités dans l’ordre. »
    Que celui qui n’a jamais péché leur jette la première pierre. D’autant qu’il faut aussi prendre en compte les circonstances dans lesquelles certains sont tombés (et des circonstances atténuantes, beaucoup en ont, je vous l’assure). On devient rarement héroïnomane par hasard.
    Et il ne s’agit pas de « cautionner » (quoique notre société cautionne bien les bitures du samedi soir) mais d’aller rechercher, au fond du gouffre de la misère, des êtres humains, souvent très jeunes encore, qui n’ont plus ni repère, ni confiance. De tenter de les apprivoiser, comme le Petit Prince avec le Renard, pour après, peut-être, pouvoir les approcher et ensuite, peut-être encore, les soigner et en sauver quelques-uns.

    « Si la société condamne la drogue et la pourchasse, c’est qu’elle a compris les dangers qu’elle faisait courir à la vie en communauté. »
    Je suis moins optimiste que vous. Si c’était une question de « danger », la société serait plus tolérante envers le cannabis et moins avec l’alcool. Mais la prohibition de l’alcool ne fonctionne pas. Le problème, c’est que la prohibition des autres drogues ne fonctionne pas non plus. Ca ne veut pas dire que les trafics doivent être autorisés, mais peut-être qu’il faudrait, ne serait-ce que pour des raisons de santé publique et de sécurité, aborder le fléau de la toxicomanie d’une façon plus pragmatique et moins moralisatrice.

  57. @Lambertine

    Je trouve vos paroles sages, mais je ne parviens toujours pas à saisir en quoi elles ne peuvent se passer de salles de shoot pour être concrétisées. L’accueil, l’écoute, les soins, la compréhension, la charité, tout cela est possible sans tenir la seringue du tox. L’objectif doit être le sevrage, or là il disparaît totalement.

    Sur les rapports entre alcool et stupéfiants, je suis un peu las de cette comparaison. On a un mal objectif, l’alcool, dont la prohibition a en effet montré ses limites. Est-ce pour cela qu’il faut accepter de nouveaux fléaux? Tolérer, c’est accepter. Voire cautionner. Je refuse de baisser le pavillon de la morale quand il s’agit de vies humaines. Quand j’aurai des enfants, je leur dirai très clairement ce qui est bon ou mauvais pour eux. Il est hors de question qu’ils me ramènent du shit à la maison. Ou que je leur roule leur joint pour qu’ils consomment « en confiance ».

  58. Mes paroles, Chafouin, sont plus désespérées qu’autre chose.
    Je pensais comme vous, autrefois. Il n’y a pas si longtemps encore, à vrai dire. J’ai élevé mes enfants, qui sont grands maintenant, et qui vont bien, même s’il leur est arrivé de temps à autre de tirer sur un joint, dans les principes qui sont les vôtres. Ce n’est pas eux qui ont fauté, c’est moi, tout en restant dans la légalité de l’alcool. J’en ai pris conscience, et je suis entrée en cure. C’est là que j’ai « reçu en pleine gueule », si j’ose dire, la réalité de la toxicomanie profonde – je ne parle pas des fumeurs de joints, là, mais des junkies, des vrais. En six mois et demi, je n’en ai vu aucun, absolument aucun, hospitalisé de force, tenir plus de trois semaines. Parmi les autres, ceux qui avaient fait le pas après une prise de conscience personnelle, deux seulement ont terminé leur cure – ils avaient tous deux dépassé la trentaine, et l’un des deux a rechuté la semaine suivant sa sortie.
    Ces gamins, ces compagnons de galère, j’ai appris à les connaître. Certains sont depuis restés mes amis. Je ne peux pas parler en leur nom, mais j’ai compris que sans gagner leur confiance, on ne peut rien pour eux. Et que cette confiance est très, très difficile à gagner. Comme celle – ma comparaison vaut ce qu’elle vaut – d’un animal blessé.
    Le rapport avec les salles de shoot ? Elles peuvent être un moyen de les approcher, ou, mieux, de les laisser s’approcher, et, de là, de les orienter, peut-être, vers un sevrage qui sera pénible, très pénible, mais possible, avec des hauts et des bas, des chutes et des relèvements. Du moins je l’espère. Je veux l’espérer. Il n’y a pas de causes perdues.

  59. @Lambertine

    Merci d’avoir confié votre histoire… qui montre aussi qu’on peut être dans la légalité mais être malgré tout tourmenté, malade.

    Je m’interroge : ces amis qui vous sont très chers auraient-ils été davantage aidés si leur passion n’était pas criminalisée? ou si elle n’était pas décriée par la morale? Je n’en suis pas si sûr. Je suis même persuadé du contraire.

    Mais soyez rassuré : dire cela, ce n’est pas rejeter le malade. Dans « les principes qui sont les miens », comme vous dites, il y a l’amour, et l’amour accueille et secoure sans juger, il me semble. Mais cet amour serait faux s’il ne s’accompagnait pas d’un langage de vérité. Et les drogues sont objectivement mauvaises pour l’homme, et doivent donc être combattues. Comment? Je ne dis pas que les politiques de répression menées actuellement sont fructueuses. Mais je suis convaincu que le laxisme serait pire.

    Pour autant, je comprends parfaitement que cette démarche puisse être une démarche d’espoir, avec un but sincère et une volonté d’assistance. Je crains seulement que ce soit vain, et que le message soit terrible.

  60. J’avais préparé toute une réponse, mais en fait, je ne peux dire que « je ne sais pas », parce que je ne suis pas à leur place. Je crois, pourtant, que ce genre de salle aurait pu en « rattraper » certains avant qu’ils ne connaissent le fond du fond de la déchéance, et leur conserver un peu de confiance dans l’être humain. Et peut-être en eux-mêmes, à partir du moment où on les y aurait regardés comme des êtres humains.

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