Un week-end à 500€ pour la SNCF

TGVConséquence directe de l’incapacité de la SNCF à gérer les événements auxquels elle doit faire face, un simple week-end passé par votre serviteur dans le Loir-et-Cher lui aura coûté presque 500 €. A la SNCF, pas à votre serviteur, hein. Chronique d’un enchaînement malheureux de couacs, qui a gâché deux soirées mais qui pose surtout des questions quant à la façon dont la compagnie s’organise et gère son budget…

Prenez- le temps d’aller vite, qu’ils disaient! J’ignorais que la SNCF était aussi riche que cela, qu’elle pouvait jeter l’argent par les fenêtres de cette manière, et pourtant, c’est ce que j’ai constaté ce week-end. A vrai dire, ça m’a fait plutôt rire sur le moment. On est loin du drame. Mais si la compagnie de chemin de fer gère comme ça toutes les pannes auxquelles elle doit faire face, on comprend pourquoi les prix des billets sont aussi délirants! C’est simple : un simple week-end prévu à Vendôme a coûté à la SNCF quasiment 500€, alors que j’avais déboursé quelque 60€ pour mon billet aller-retour.

A l’aller, le Lille-Paris n’a connu aucun loupé. C’est à Montparnasse que ça s’est gâté, puisqu’un incident sous un pont (difficile d’en savoir plus, avec nos amis de la SNCF) a empêché tous les trains de sortir et d’entrer dans la gare. Voulant immédiatement alerter les « usagers » de la situation, le chef de bord s’est empressé d’annoncer qu’il durerait environ une heure, et que nous pouvions aller nous ravitailler, si nous le souhaitions, dans les sandwicheries de la gare. Une demi-heure plus tard, affamé, votre serviteur s’est mis en quête d’un jambon-beurre, histoire de ne pas mourir de faim une fois le train parti.

Mal lui en a pris! Comme une trentaine de passagers, je me suis retrouvé sur le quai, à voir le train s’éloigner. Bien évidemment, sans billet, sans bagage. Tout était resté dans le train. Il n’y avait pas eu d’annonce en gare… Encore, j’ai eu de la chance, puisque j’avais un complice dans le train. Au moins, je n’ai pas perdu mes affaires…

Qu’à cela ne tienne! Il suffisait de prendre un autre train, pas vrai? Et comme il n’y en avait aucun, des employés de la SNCF, dont il faut louer le calme et la disponibilité, se sont mis en quête d’un TGV qui pourrait faire un arrêt exceptionnel à Vendôme… Une heure et demie plus tard, soit quand le train initial était déjà arrivé à destination, on nous a finalement emmenés jusqu’à la voie 79, où un TGV allait partir pour La Rochelle. Billet gratuit, bien sûr, en première classe.

Avant de monter, un brin chafouins, et surtout méfiants, nous nous assurons qu’il s’arrêterait bien à Vendôme. Mais bien sûr! Et pour couronner le tout, le chef de bord l’annonce au départ, au micro. Mazette! On se dit que finalement, on ne s’en sort pas si mal, et on s’enfonce dans les confortables fauteuils de 1ère classe. Pas mal, la 1ère classe, d’ailleurs. Faudrait louper des trains plus souvent…

Malheureusement, dix minutes avant l’arrivée prévue, changement de programme. Le contrôleur, penaud, vient annoncer à mon petit groupe que tout bien réfléchi, le TGV ne stopperait pas à Vendôme. Vous comprenez, m’sieurs-dames, la gare est désormais fermée, les employés sont rentrés chez eux… Et vous ne pouviez pas le dire plus tôt, avant qu’on embarque?

Résultat : on se retrouve à St Pierre-des-Corps. On se demande à quelle sauce on va être mangé, on s’interroge sur l’hôtel où on va nous emmener, on espère vaguement qu’un bus puisse nous emmener à Vendôme. Mais non! On nous appelle un taxi, tous frais payés par la SNCF. Incroyable!

Moi je dis, c’est vachement bien : sauf qu’arrivé à Vendôme, le compteur affiche 200€. Il reste à raccompagner deux autres personnes, puis à rentrer à Tours. Pas mal, hein, pour trois personnes?

Bon, on se dit qu’il aurait suffi d’annoncer le départ du train, au micro… Mais le chauffeur de taxi, hilare, nous en conte une bien bonne : vous savez, messieurs les naufragés, vous n’êtes pas les seuls! ça arrive très souvent, qu’il nous dit. Et même que d’après lui, les employés de la SNCF rentrent souvent chez eux par ce biais, quand ils loupent leurs correspondances pour rentrer dans leurs pénates! Elle a les moyens, la SNCF…

Mais ce n’est pas fini, les petits amis. Non content d’être arrivé samedi à 1h et des brouettes, plutôt que vendredi à 23h, je me disais que peut-être, au retour, on pouvait faire quelque chose…

Et ça n’a pas manqué. Dimanche soir, cap sur Paris-Austerlitz dans un fier tchouk-tchouk. Parce que moi je dis, les TGV, c’est bien, mais rien ne vaut le charme des TER. La petite voix qui annonce l’arrivée en gare de Pezou, franchement, vous connaissez mieux?

Sauf qu’à la dite gare, on nous annonce qu’un incident sur les rails va nous faire perdre 25 minutes. Bon, à l’arrivée, ça fera trois quarts d’heure, mais qu’à cela ne tienne, de toutes façons, la correspondance pour Lille est manquée. La poisse, quoi.

Je propose au chauffeur de demander au TGV de nous attendre un moment, le temps qu’on rallie la gare du Nord en taxi. C’est mon côté conciliant. Non, répond-il. Trop compliqué. Les TER et le TGV, c’est pas la même entreprise, selon lui.

Alors pour pas faire compliqué, arrivés à Austerlitz, on nous emmène dans un joli bureau où on nous offre des billets pour le lendemain matin. Allez hop. Et puis on nous offre un hôtel, mais pas n’importe où : face à la gare du Nord. Et puis pas un boui-boui, hein. Un Mercure trois étoiles. Hop, 250€ la chambre, yaouh! Même pas besoin de négocier…

Soit 450€ au total… Pas de quoi râler, juste de quoi s’énerver de voir un tel gâchis. Plutôt que de mettre en place des procédures de crise, pour anticiper les soucis, on préfère signer des chèques pour éteindre le feu et calmer le mécontentement des clients… Mais à quel prix! On serait vraiment curieux de connaître le budget consacré chaque année par la SNCF à ce genre de réjouissances…

13 Commentaires

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13 réponses à “Un week-end à 500€ pour la SNCF

  1. SNCF : à nous de vous faire préférer le train 🙂

    Marrant comme histoire, mis à part la dépense de deniers « publics » dans le vent, cela dit je loue ta patience et ton ton mesuré, clairement à ta place ça m’aurait trop soulé…

    Cela dit, on peut quand même noter le soin apporté au traitement d’un problème client, si toutes les sociétés « privées » avec leur service client injoignable faisait de même, ça ferait du bien…

  2. @laloose

    C’est pour ça que je ne râle pas trop sur mon cas personnel : j’ai été très bien traité et on a apporté une bonne réponse à mon problème. J’ai eu affaire à des gens sympas, disponibles. Je pense qu’on pourrait cependant trouver des réponses peut-être moins onéreuses…

  3. un certain sens du piquant dans son week end… j’avais plus souvenir de train accélérant pour transformer les 35 min de retard en 19 minutes réglementaires, ou de contrôleurs chafouins (pardon) désirant contrôler des Corail (ça doit pas se mettre au pluriel) surbondés. Mais on ne doit pas avoir le même costume.
    que dire, que faire… puisque tu es bien avec eux, et qu’ils ont des sous à donner, tu pourrais pas leur demander des trucs pour les trains de Lourdes… parce que pour ce qui est du transport en trains exceptionnels, j’ai cru entendre qu’ils étaient beaucoup moins conciliants…

  4. Rappelle-moi quelle proportion des deniers publics vient renflouer le déficit de la SNCF chaque année ?

    Finalement c’est ton argent (et le mien par la même occasion) qui sert à payer ce taxi, cet hôtel et ce billet de train \o/ Youpiii et vive la gestion magique de la ssenesseufeuh 😉

  5. Un merveilleux billet, comme nous aimerions en lire plus souvent 🙂

  6. dominique

    Bon, merci de ne pas te plaindre 😉 J’ai souvent moins de chance que toi avec la Essène-c’est-Effe… Mais il faut dire que je la joue « petit » avec le Transilien (la banlieue parisienne, quoi) qui mériterait bien le surnom de « train-si-loin »… Et, surprise, quand il y a 2 ou 3000 passagers coincés à la gare du Nord, ils n’appellent pas de taxis… Il faut dire que sur ma ligne, j’ai une moyenne d’un retard par jour, alors mon abonnement risquerait de sacrément augmenter !

    Le truc, ça serait de « viser » les gares où on serait obliger de passer une nuit, histoire de visiter la France sans payer l’hôtel ?

    En tout cas bravo pour ton self-control ! Je confesse qu’il m’arrive de m’énerver…

  7. do

    ce qui est terrible, c’est qu’ils ont sûrement calculé, et que donc, dès que ça revient plus cher de veiller à la qualité d’un service (ou d’un produit) que de le rembourser le cas échéant, ils adoptent carrément l’option de nous vendre de la saleté!
    autre exemple, dans le domaine des produits, les iphones qui explosent…
    en fait, nous sommes des « techniciens qualité » bénévoles.

  8. dominique

    Et le parapluie, c’est un cadeau qu’ils t’ont fait pour faire de la pub, ou bien parce qu’il pleuvait et que désormais « l’usager » est roi ? (on peut rêver, non ?)

  9. menez

    Criant de vérité! Bravo pour ce joli billet!

  10. Gwynfrid

    Je ne vois pas où est le problème. Même si on multiplie les coûts par 10, il y aura toujours des ratés de temps en temps. La perfection pour 128 millions de passagers grandes lignes par an est techniquement et humainement impossible.

    Alors, en cas de raté, on vous donne une compensation. C’est quand même mieux que de vous dire, débrouillez-vous, c’est la faute à pas de chance et on essaiera de faire mieux la prochaine fois…

    Quant au coût de la compensation, il est parfaitement supportable, à condition que la qualité du service soit correcte (et non pas parfaite). Ce qui veut simplement dire que le taux de ratés assez sévères pour justifier une telle compensation est suffisamment bas.

    La SNCF ne fait jamais qu’adopter une politique de SAV qui a fait ses preuves dans le privé, chez les compagnies aériennes qui sont ses principales concurrentes.

  11. @tous

    merci pour votre fol enthousiasme 😉

    @gwynfrid

    « à condition que la qualité du service soit correcte »

    C’est bien là que le bât blesse, non? La qualité du service n’est absolument pas correcte. Il suffit d’en parler aux usagers des TER et Transilien…

  12. Sale électeur de droite que tu es. Dans ton titre, tu parles de 500 €, à la fin c’est 450 €. Conséquence, je suis sûr que c’était 500 € parce que tu t’es fait payé quelque chose par la SNCF (un cadeau par exemple) mais tu ne le dis pas…

    Hein, hein, avoue allez.

  13. J’ai mis 500€ parce que ça pète plus en titre que 450€ 😉

    Et puis je n’ai pas compté le retour du taxi!

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