La Nouvelle-République : le début de la fin?

Nouvelle-RepubliqueVoilà qui peut représenter un signal d’alerte pour la presse française, et notamment la presse quotidienne : quand il n’y a plus de lecteurs, c’est grave, mais quand il n’y a plus de sous, c’est encore pire, et la fermeture pure et simple peut être envisagée. C’est un peu la situation dans laquelle se retrouve la Nouvelle-République du Centre-ouest, 6e quotidien français par sa diffusion. Le dernier grand journal régional indépendant est gravement menacé. Faute d’assises financières stables, il est contraint à fermer une de ses éditions et à licencier 181 employés.

C’est un véritable déchirement. Car même si je n’aime ni la ligne éditoriale, ni la forme graphique de la « NR », qui n’a fait aucun effort pour se moderniser et présenter un contenu qui donne envie d’acheter, il s’agit malgré tout du journal de la région dont je suis originaire, et celui dans lequel j’ai débuté dans le journalisme, si l’on peut s’exprimer ainsi. En bon sensible, cela me touche. Et puis, il y a 1 300 salariés qui bossent pour ce canard…

Ce journal est original, puisqu’il est un des rares à fonctionner avec un statut de Sapo (société à participation ouvrière). En gros, l’entreprise appartient à ses salariés, et personne ne peut détenir plus d’un certain pourcentage des actions. C’est très beau, mais lorsque les liquidités manquent, comme c’est le cas en temps de crise, ou lorsqu’il faut renouveler les machines à l’imprimerie, l’entreprise est au bord du gouffre. C’est un cercle vicieux : comme on n’a pas d’argent, on ne réalise pas d’investissement, et comme on ne fait pas d’investissement, on ne séduit plus personne. La NR a un site internet vieillot, voire repoussoir. Le journal est passé au format tabloïd après tout le monde, mais sans engager de réflexion sur le fond, et donc sans changer de politique éditoriale…

Cela faisait plusieurs années que l’inquiétude montait au sein de la NR, privée d’un investisseur crédible lui apportant de l’argent frais. Avec la chute des recette publicitaires, la NR a annoncé un déficit de sept millions d’euros par an, dont deux pour la seule édition du Cher. « Il est devenu urgent d’assainir la situation du journal pour éviter le naufrage du groupe« , a indiqué Olivier St-Cricq, le fils du président historique de la NR, Jacques St-Cricq. Pour qu’un PDG s’exprime ainsi…

La sanction a donc fini par tomber : suivant le plan de sauvegarde de l’emploi annoncé en août, une des sept éditions départementales (Cher) de la NR va être fermée. 181 salariés seront licenciés, dont 55 postes de journalistes, soit un quart de la rédaction de la NR.

Une saignée pour préparer la vente de la NR à un groupe de presse? Mais qui voudrait de ce journal? Il se murmure qu’un rapprochement avec La Montagne serait envisagé. D’autres affirment que l’ogre Ouest-France serait en embuscade. Il y a tout de même un peu plus de 200 000 lecteurs quotidiens, ce n’est pas rien…

Et s’il n’y avait pas de chevalier blanc? On n’en a pas l’habitude, mais les journaux sont des entreprises, et peuvent fermer. Pour ce qui est de la NR, c’est problématique, puisque dans plusieurs départements, ce journal est en position de monopole.  Certains territoires doivent-ils se préparer à vivre sans journal régional?

12 Commentaires

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12 réponses à “La Nouvelle-République : le début de la fin?

  1. Mince alors ! moi aussi, j’ai commencé là, à l’été 1977 ! A la « locale » d’Orléans qui n’existe plus depuis déjà quelques années. Ça me fait un petit choc, tout de même…

  2. @Didier Goux

    Malheureux! Le « bureau » d’Orléans existe toujours : un journaliste y couvre l’actualité du conseil régional 😉

  3. menez

    Moi aussi c’est à la NR que j’ai commencé à taquiner le clavier. Alors cette nouvelle me fait forcément un pincement au coeur! Bon courage à toutes les équipes du journal qui saura je l’espère retrouver son souffle….

  4. On m’aurait donc trompé ? On m’avait parlé d’un accord entre la NR et la République du Centre. Dans le genre : tu me laisses le Loiret, je t’abandonne le Loir-et-Cher.

  5. @didier goux

    Ils ont un accord, en effet, mais il y a un journaliste en poste à Orléans, pour couvrir toutes les instances régionales (crous, conseil régional, préfecture de région, etc…).

    @menez

    C’est vrai que ce n’est pas encore perdu… Mais quand on voit le reportage de TV Tours, et les cernes d’Olivier St-Cricq (dans un des liens NR du billet), on se dit que c’est mal engagé…

  6. 181 employés ou 1300 salariés ?

    Hélas rien d’étonnant dans cette fin: une Une qui ramasse tout les faits divers, peu d’analyses, du papier qui tache, peu ou pas de sujets de reflexion, la concurrence du net et des blogs etc..;
    A qui le tour ?

  7. Nik0

    C’est peut être le moment de reparler des médias alternatifs et du développement du web local.

    Je crois que la NR fait une belle erreur en ne donnant pas sa chance au modèle « 100% web » pour une de ces éditions et ainsi conserver des postes.

  8. @corto

    Ne soyons pas injustes envers la NR : ce journal m’intéresse peu, mais ils ne sont pas dans le tout faits-divers non plus…

    @Niko

    C’est vrai qu’ils auraient pu continuer à faire du contenu pur web pour le Cher, avec deux ou trois journalistes, ça aurait été une expérience intéressante à tenter!

  9. @lechafouin et @Niko: de fait aux dernières nouvelles -je bosse à Bourges sur le site « concurrent » du Berry républicain-, ils feront du pure player… un mois environ en attendant la charmante suite, mutation ou licenciement, j’ai ecrit un billet dessus : http://bit.ly/10il51

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  11. LESAFFRE Olivier

    La fin de la Nouvelle République ? !
    Avez vous pris le temps de la lire a par les faits divers plus rien …. niveau zéro un seul besoin pour tous le monde les avis d’obséques …. pour être au courant… vous voyez cela tombe bien bas…. un ramassis de journalistes de gauche incapable de ce remettre en cause et critique systématiquement depuis 20 ans alors ne soyez pas étonné du résultat…
    A quand un vrai journal indépendant et hors pression financière et politique on peut rêver ???

  12. ramon mercader

    Quelques précisions :
    – la SAPO n’existe plus depuis une AG en juin 2009 où il a été décidé de transformer la NR en une société anonyme; la NR peut donc être rachetée ou faire entrer un gros actionnaire…
    – le journal lui-même n’a que 620 salariés dont 220 journalistes; la rédaction doit être amputée de 55 postes soit un quart des journalistes ( départs volontaires et licenciements secs );

    @ Olivier Lesaffre

    D’accord avec vous : trop de journalistes de la NR ont voulu faire passer leur idéologie socialo-marxiste dans des reportages ne respectant pas certaines catégories sociales ( les chefs d’entreprise , les agriculteurs , les écoles privées , les commerçants…) et surtout devenant trop complaisants avec les municipalités et institutions socialistes.Résultat , une grande partie des électeurs de droite se sont sentis discriminés et ont été acheter un journal concurrent plus « équilibré politiquement » sans pour autant être neutre en toute chose…

    Malgré ses déboires financiers et son contenu tristounet , la NR ne disparaitra pas car elle a un monopole dans 4 départements( indre-et-loire , loir-et-cher , indre , vienne ) et se trouve majoritaire dans un cinquième département ( deux-sèvre).Et de ce fait il y aura TOUJOURS un repreneur dans le pire des cas.

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