Peace Christ

Photo AFP/Boris Horvat

L’idée d’un billet sur le fameux Piss christ exposé à Avignon me trottait dans la tête depuis des semaines. Mais il y avait un je-ne-sais-quoi qui me soufflait la prudence. J’étais gêné par les pétitions, gêné par les manifestations, gêné par les prières de rue (sic!) organisées devant la galerie Lambert, qui accueille depuis des mois cette oeuvre réalisée en 1987 par l’Américain Andres Serrano. Réservé sur l’opportunité de faire la publicité d’une oeuvre qui mériterait de rester dans les poubelles de l’histoire. Et puis il y a eu ce vandalisme…Les quatre personnes qui ont frappé à coups de marteaux sur « l’oeuvre »  sont-ils chrétiens? Sont-ils catholiques? Dans la discussion qui a fleuri sur twitter après cet événement, l’ami Edmond me soufflait à l’oreille, d’un air entendu, qu’il était somme toute cocasse que ces malotrus aient agi le jour même où l’Evangile de la passion proclame ces paroles de Jésus à l’apôtre Pierre, qui venait de dégainer son glaive pour empêcher le Christ d’être arrêté dans le Jardin des oliviers : « Celui qui prend l’épée périra par l’épée ». Belle coïncidence, non?

Ces résistants de la Chrétienté auraient-ils donc manqué la messe des Rameaux, dimanche matin? Fiers de leur coup, ils répondront qu’il faut bien qu’il y en ait qui mouillent leur chemise et dégainent leurs flingues pour Notre-Seigneur-Jésus-Christ. Qu’il faut coûte que coûte répondre aux outrages, et cesser enfin de se coucher devant cette civilisation anti-chrétienne. Devant cette civilisation qui est trop trop méchante avec les catholiques et trop trop gentille avec les musulmans.

Or que nous disait le prophète Isaïe, toujours dans les lectures de ce dimanche? Je ne l’aurais pas noté si un ami dominicain (sûrement un vil gauchiste) ne me l’avait là encore soufflé à l’oreille. Vous me direz que ça me fait beaucoup d’antisèches. Merci à tous ces rabatteurs d’infos. Et pour ceux qui auraient loupé l’office dominical, voici donc (roulement de tambour) ce que notre ami Isaïe déclarait avant-hier :

Dieu mon Seigneur m’a donné le langage d’un homme qui se laisse instruire, pour que je sache à mon tour réconforter celui qui n’en peut plus. La Parole me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire.
Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé.
J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats.
Le Seigneur Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu.

« Je sais que je ne serai pas confondu ». Je sais que la victoire sera au bout. Je sais que peu importe les outrages. « La route est droite mais la pente est raide », disait Jean-Pierre Raffarin. On peut le dire autrement : la pente est raide, mais la route est droite. Autrement dit, Isaïe ne met pas ses rangers pour aller au combat avec sa Kalachnikov, son marteau ou sa pioche. Isaïe n’organise pas des pétitions. Isaïe ne protège même pas son visage « des outrages et des crachats ». Mon ami dominicain, pas en panne de bons mots, me confiait même ceci : « Au moment même où les extrémistes vandalisaient cette exposition à Avignon, la figure du Christ aux Rameaux n’en était que plus limpide : le prince de la Paix qui entre dans la ville et qui assume jusqu’au bout les insultes, les outrages et le mépris. Mais lui, il vient pour la paix et non pour vandaliser. » Je le trouve très bien, ce dominicain. C’était donc un Peace Christ qui se trouvait à Jérusalem comme à Avignon.

Cet acte de violence est d’autant plus grotesque que la semaine sainte a commencé ce lundi. Pour ceux qui l’ignorent, c’est la semaine qui conduit à Pâques, mais en passant par la Cène, la Passion, et la mort de Jésus. Une semaine qui conduit les chrétiens à réfléchir en profondeur sur le sens de la souffrance du Christ, souffrance qui n’a aucun sens, encore une fois, si la victoire et la résurrection n’est pas au bout. L’ami Edmond l’a bien relevé, lui qui appelait vendredi à « prier au pied de la croix, avec Jean » :

Finalement, quelle humiliation pourront-ils y ajouter, ces hommes qui ont déjà mis Dieu à mort ? Qu’ils crachent sur la croix : ils l’ont déjà fait. Qu’ils la brisent ou la renversent : ils ont déjà fait trébucher Jésus sur le chemin, ils lui ont déjà percé le côté. Qu’ils la dégradent d’inscriptions insultantes : ils ont déjà écrit « INRI ». Qu’ils vocifèrent contre elle, qu’ils la chassent des lieux publics : ils ont déjà diffamé le Christ, ils ont déjà crié après lui, ils l’ont déjà entraîné à l’écart pour le mettre à mort. Qu’ils s’en moquent, qu’ils projettent des ordures dessus : ils l’ont déjà méprisé, ils lui ont déjà servi à boire du vinaigre. Et qu’ils trempent une croix dans de la pisse, et après ? On a déjà fait tellement pire… tellement de fois.

Mais alors, que faire? Se taire, lorsque nos symboles sont attaqués? Se résigner, lorsque nos icônes sont brûlées? Koz et Dominique Greiner (La Croix) nous donnent une piste de réflexion : le premier aimerait « que toute cette énergie, toute cette ardeur, souvent juvénile – nos profanateurs d’art moderne ont une vingtaine d’années – soit mise à l’organisation d’événements montrant positivement le christianisme, qu’elle soit mise au service de la charité, au service du prochain« . Le second insiste sur le fait que « la foi chrétienne n’a pas d’abord besoin de défenseurs, d’une sorte de police religieuse chargée de la faire respecter. Elle a bien plus besoin de témoins soucieux de découvrir sous le visage de ceux qui sont affamés, assoiffés, étrangers, nus, malades ou prisonniers, ces « petits » auxquels Jésus s’identifie. »

D’autres actions auraient pu être plus utiles qu’une pétition, une manifestation ou du vandalisme, toutes choses qui braquent l’interlocuteur et le transforment en victimes. Alors quoi? Les tradis n’auraient aucune imagination? Ils ne connaîtraient que le schéma manif-pétition?

Car en l’espèce, nos vandales sont tombés tout droit dans le piège de la provocation tendu par les résistants modernes, en l’occurrence, ce sont eux qui ont servi de caisse de résonance à cet « outrage ». Eux qui ont relayé le « blasphème ». Eux qui ont accordé une publicité gratuite à la collection Lambert et à Andres Serrano, dont l’exposition devait s’achever qui plus est le 8 mai…

Au passage, il est à la fois amusant et irritant d’entendre ces discours qui crient à la liberté de l’art, y compris lorsque celle-ci est utilisée pour gifler les uns et les autres gratuitement. Les mêmes avaient cherché à nous convaincre, il y a quelques années, qu’il était nécessaire, salutaire même, qu’une société comme la nôtre puisse publier des caricatures raillant le prophète Mahomet. La liberté ne s’use qui si on ne s’en sert pas, dit-on parfois. Mais est-ce que ça marche aussi si on l’utilise pour des futilités?

Il ne faut pas préjuger des intentions d’Andres Serrano, et il ne semble pas que le sens de son oeuvre soit très éloigné de celui de la Passion. D’ailleurs, aujourd’hui dans Libé, il affirme être un artiste chrétien et dit ceci :

Je suis moi-même chrétien, et plus encore je suis un artiste chrétien. Ma maison est plein d’œuvres sacrées des XVe et XVIe siècles, je n’ai rien d’un blasphémateur, et je n’ai aucune sympathie pour le blasphème. C’est tout le contraire de ma nature (…) Les artistes n’ont pas à donner eux-mêmes le sens de leur œuvre. Si une œuvre devient trop lisible, ce n’est plus de l’art, c’est de la propagande. (…) Si en faisant appel au sang, à l’urine, aux larmes, ma représentation déclenche des réactions, c’est aussi un moyen de rappeler à tout le monde par quelle horreur le Christ est passé.

Il faut tout de même qu’il ait été naïf pour ne pas deviner les réactions qu’il allait susciter. Et celles-ci sont hors-sujet par rapport à ce qu’il voulait inspirer! Résultat : c’est raté. Mais est-ce très étonnant?

Et c’est là que normalement, une connexion doit se produire dans le cerveau : la liberté d’expression, c’est bien, que la liberté de l’art, c’est bien, mais à quelle fin? Dans quel but? Pour quoi faire? Doit-on être « libre », tout court, sans devoir ni obligation?

J’avoue donc avoir été tout aussi agacé en lisant les réflexions victimaires de la collection Lambert, dont le directeur Eric Mézil croit savoir que cette histoire cache un « retour au Moyen Age ». Ou celle de Jean-Jacques Aillagon, qui lui, se croyait aussi télé-transporté dans le passé, mais cette fois, dans les années 30. Foutaises! Il y a d’autant moins matière à victimisation que s’agissant d’une photographie, la destruction n’a aucun sens dans la mesure où les négatifs sont sûrement conservés quelque part. Et la collection doit rouvrir mardi, annonce La Provence. Pas de quoi crier au « blasphème de l’art », en somme…

36 Commentaires

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36 réponses à “Peace Christ

  1. J’avais éprouvé la même gêne, et cité ce même passage du Prophète la semaine dernière dans mon article : http://dialogueabraham.wordpress.com/2011/04/13/urine-et-crucifix/
    …En tout cas, parmi tous les jeux de mots plus ou moins malsains que cette photo inspire depuis 15 jours, « Peace Christ » est l’un de ceux que je préfère 😉

  2. Oscar

    J’avoue que je suis très partagé sur la question. Tu défends très bien ton point de vue. A l’annonce de la vandalisation (mais vandaliser du vandalisme, est-ce vraiment une vandalisation ?) de l' »oeuvre » j’étais partagé entre la gêne et le soulagement : ça paraît idiot, et puis on se dit quand même qu’il y a encore des chrétiens qui essayent, maladroitement, de se défendre.
    Si le Christ a dit « quiconque tire l’épée périra par l’épée », il n’a pas hésité non plus a chasser les marchands du Temple à coups de fouet pour défendre la maison de son Père, pour défendre, en quelque sorte, l’honneur de son Père.
    Tu à l’air de critiquer le système de la pétition. Mais je ne vois pas en quoi on ne pourrait pas, respectueusement bien sûr, demander à quelqu’un de mesurer l’affront qu’il nous inflige, et en conséquence, de faire preuve d’intelligence en retirant une oeuvre. Ce n’est pas le tout de l’action que doivent mener les catholiques, c’est sûr, mais pourquoi pas ?
    Bien sûr il faut mener d’autres actions, bien sûr il faut être dans le positif et tout et tout, tout à fait d’accord. Mais quand les pouvoirs publics soutiennent des choses pareilles, n’aurait-on pas le droit, voire le devoir, de réagir ?
    Ce sont des questions, ouvertes, que je me pose. Je me dis aussi que souvent dans l’histoire des gens se sont soulevés pour combattre des persécutions, et qu’ils n’avaient pas forcément tort. Devait-on dire aux Cristeros ou aux vendéens, « quiconque tire l’épée périra par l’épée ». Evidemment, on n’est pas ici dans la persécution, mais ne pourrait-on envisager le mépris médiatique quotidien d’une partie des médias comme une forme de persécution ?
    En conclusion, je ne serais pas aussi catégorique que toi. Cela peut faire réfléchir les gens, et il n’y a pas mort d’homme. Je trouve cette question difficile, et pas si simple !

  3. cathimini

    ne critique pas trop vite les pétitions, elles ont leur utilité, elles invitent à défendre des valeurs, même si elles ne peuvent pas être le seul moyen
    je désapprouve ce vandalisme, mais approuve de toutes mes forces la pétition qui a circul

  4. Voilà un excellent billet qui a le mérite de sortir de la polémique et d’évoquer ce qui compte, in fine : la foi. Les propos de votre ami dominicain sont très intelligents, pleins de recul et mettent en lumière des éléments que je n’avais pas pris en considération au premier abord.

    Ce qui me gêne dans cette polémique, c’est l’hypocrisie de ses divers « ressortissants ». On a l’impression que l’enjeu se situe ailleurs que dans le simple fait d’une exigence de respect des catholiques. A cet égard, je suis frappé que toute polémique aujourd’hui finisse invariablement par évoquer l’Islam.

  5. Nous rejoignons la conclusion de Dorham

  6. Stephanie

    merci pour cette lecture qui complète bien celle d’edmond Prochain. Entrons dans la semaine sainte avec la conscience reveillée que c’est Aujourd’hui que le Christ souffre sa Passion et Aujourd’hui qui donne sa vie pour nous donner la paix et briser les murs de la haine par le sang de sa croix.

  7. Via

    Bravo.

    N’y-t-il pas chez certains une volonté aussi de revenir à une mythique « chrétienté »?

  8. « Trop trop gentille avec les musulmans » Décidément, vous cédez à la facilité.

  9. Oscar

    Me revient en mémoire le mot de saint Thomas d’Aquin : « Si supporter les injures qui n’atteignent que nous-même est un acte vertueux, supporter celles qui atteignent Dieu est le comble de l’impiété ».

  10. @Al-Kanz

    Je pense que vous avez pris cette phrase à contre-sens…

    @Oscar

    Personne ne dit qu’il faut ne rien faire. Mais il paraît évident que la réponse apportée par ces gens est un contre-témoignage et un contre-sens total de ce que propose le christianisme.

    Après, j’ai peut-être été un peu fort sur les pétitions, je l’admets. mais il y a pétition et pétition, et il ne me semble pas que le ton adopté par Civitas était de nature à créer un dialogue intéressant, constructif et surtout fructueux…

    « On se dit quand même qu’il y a encore des chrétiens qui essayent, maladroitement, de se défendre »

    Je pense que là encore, les chrétiens doivent se garder de se voir comme une cité assiégée, et de réagir en « communauté » qui défend ses intérêts.

    Et sinon, l’exemple des marchands du temple est toujours ressorti pour justifier la réaction violente à l’outrage, mais en l’occurrence, l’exemple est-il adaptable ici? Et cet exemple n’est-il pas trop isolé – à côté de tant d’autres qui disent le contraire – pour qu’on le mette en exergue?

    « Mais quand les pouvoirs publics soutiennent des choses pareilles, n’aurait-on pas le droit, voire le devoir, de réagir ? »

    Encore une fois, je n’ai pas été suffisamment clair si on pense à la lecture du billet que je prône le silence. Bien sûr qu’on peut faire qq chose. Mais je pense qu’il y avait mille façons de le faire autrement qu’en étant dans le registre de la revendication et de l’anathème. Qui ont débouché, au final, sur la violence.

    « Evidemment, on n’est pas ici dans la persécution, mais ne pourrait-on envisager le mépris médiatique quotidien d’une partie des médias comme une forme de persécution ? »

    Les Cristeros ou les Vendéens se battaient pour leur liberté de croire, de pratiquer, et ensuite pour leur survie pure et simple. On en est loin, ici! Mais si on en est à cet état, n’est-ce pas parce que nous ne témoignons pas suffisamment de notre foi, concrètement, dans nos vies?

    @Dorham

    Merci!

    @Via

    « N’y-t-il pas chez certains une volonté aussi de revenir à une mythique « chrétienté »? »

    Je crois bien, oui! Certains défendent une culture plutôt qu’une foi.

  11. cathimini

    il me semble qu’ il ne faudrait pas se tromper de polémique et en engager une ( dont je ne vois pas bien l’ intérêt ) à coup de citations évangéliques…..
    au lieu de critiquer l’ un ou l’ autre, faisons bien chacun dans notre domaine, et avec nos compétences, ce que nous avons à faire….
    la culture chrétienne découle de la foi, elle en est l’ expression, on peut à la fois défendre une culture chrétienne, et vivre l’ évangile

  12. @Cathimini

    « on peut à la fois défendre une culture chrétienne, et vivre l’ évangile »

    Eh bien.. je pense que non. Comment peut-on vivre l’évangile en faisant l’inverse de ce qu’il demande?

  13. do

    oui, enfin, vu les autres oeuvres de cet artiste, (le Christ en croix couché sur un sexe, etc..), il est difficile de croire à sa bonne foi malgré cet extrait…
    cela dit, sans vouloir dire que c’était bien, Pierre lui même a dégainé son glaive pour défendre Jésus: Jésus lui a dit d’arrêter, il a obéi, mais il n’a pas compris et jusqu’à Pentecôte, il n’a pas compris pourquoi tout ça s’était passé, ni quelle place il aurait pu prendre aux côtés de ce Jésus qui se laissait faire.

    donc rien d’étonnant que nous soyons aussi mal à l’aise et maladroits (surtout pour des jeunes de 20 ans) face à cette provocation: il y a un mystère au coeur de cette situation, mais nous n’aurons jamais fini d’en faire le tour.

    Mais « malheur à celui par lequel le scandale arrive ».

  14. do

    (ou « malheureux celui… »)

  15. L’avis du Père Greiner, du journal La Croix, largement au dessus des paquerettes 🙂
    http://www.la-croix.com/Peace-Christ/editoAlaUne/2462954/15291

  16. A vrai dire… Je l’avais même inclus dans le billet, cet avis. 🙂

  17. oops. autant pour moi, diagonale de lecture trop abrupte.

  18. Chafouin,
    Je suis quelque peu « déçu » de ce billet et voici pourquoi :

    D’abords, je regrette que tu ne te fasses pas l’écho des propos de Mgr Cattenoz, l’Evèque du lieu : il a dénpncé le peu de dialogue des organisateurs et des pouvoirs publics pour aussi quasiment accuser la franc maçonnerie d’être à l’origine de cette expo. Des paroles fortes, non ?

    Ensuite, il ya le fait que tu prennes quelque distance avec les pétitions : tu en as encouragé plusieurs il me semble ? Une pétition qui aurait rassemblé presque 80 000 signataires, ce n’est pas rien.

    Ensuite, il y a le fait que tu ne sois pas plus prudent concernant les fautifs : ont-ils agi seuls ? En service commandé ? A qui profite cette « destruction » toute relative ? La manipulation, ce ne serait pas la première fois.

    Si par ailleurs je suis ok avec toi pour se comporter personnellement à la manière du Christ face à l’insulte et à la violence quand il s’agit de nous, là il s’agit de l’objet même de l’amour, le Christ. Ce n’est pas la même chose. Si l’Evangile nous exhorte à ne pas user de la violence quand on nous persécute, il nous exhorte aussi à poser des NON sans concession! Quid par ailleurs de l’enseignement de l’Eglise sur la guerre juste quand Elle en connait pourtant d’avance les conséquences humaines et matérielles ?

    Pour conclure, en ces temps de christianophobie aigüe dommageable pour le bien commun et pas seulement pour les chrétiens, la priorité n’est-elle pas double :
    D’une part, et là je te rejoins, la priorité à la responsabilité citoyenne des chrétiens dans la reconstruction de la culture sous tous ses aspects, en replaçant l’approche anthropologique de la personne au cœur de cette reconquête.
    D’autre part la dénonciation sans concession des idéologies déstructurantes dont cette expo est une illustration ? Je ne peux m’empêcher de faire ici un parallèle avec le professeur Philippe Isnard qui, avant même d’avoir présenté sa défense, a été cloué au pilori du culturellement correct et critiqué par des institutions, blogueurs et médias s’affichant chrétiens et pro vie et dont ce professeur aurait pu attendre soutien a priori positif plutôt qu’opprobre même feutrée ?
    Bonne montée vers Pâques

  19. Comparer P. Isnard et les casseurs d’Avignon… Pourquoi pas. Les graves fautes professionnelles de cet enseignant sont en effet aussi utiles à la lutte pour la vie que la destruction de « Piss Christ » est utile à l’Eglise : dans les deux cas, le contre-témoignage ne sert qu’à nous ridiculiser.
    Mais j’imagine que vous m’accuserez moi-aussi de culturellement/poliquement correct ? Après tout, c’est l’excuse à tout faire, aujourd’hui…

  20. @Les Yeux Ouverts

    Je dois dire que je ne suis pas du tout d’accord avec vous, on ne peut pas séparer le combat pour la défense de sa petite personne et le combat pour la personne du Christ. Dans les deux cas, on doit agir en suivant les valeurs évangéliques et ma foi, quand Pierre se voit appelé à ranger son épée dans son fourreau, c’était bien dans une situation où il voulait défendre même la personne même de Jésus. Je n’ai jamais dit qu’il ne fallait pas tenir des discours forts ou émettre des « NON » sans concession, je parle de la méthode utilisée. On peut dire non de manière douce ou violente.

    Quant à ce professeur… J’ai du mal à saisir le rapport avec l’histoire qui nous préoccupe! 🙂

    En l’occurrence, je ne pouvais citer tout le monde – Mgr Cattenoz par exemple – et mon billet avait un angle précis, qui était de comparer le Jésus tel que le voient certains tradis, et le Jésus qui monte à Jérusalem sur son âne, le prince de la paix. L’évêque d’Avignon a eu large tribune un peu partout (et Mgr Barbarin aussi, d’après ce que j’ai lu), je crois qu’il me pardonnera de ne pas avoir évoqué ses propos. D’autant que s’agissant de la franc-maçonnerie, je ne suis pas persuadé qu’il s’agisse des paroles les plus intelligentes qu’il aura prononcées dans sa vie. Il se contente d’accusations vagues et générales, sans le moindre soupçon de début de preuve. C’est léger quand on accuse.

    Quant aux pétitions, j’ai peut-être été un peu rude mais il y a pétition et pétition, et j’ai trouvé que celle de Civitas manquait de nuance. D’autant qu’elle s’accompagnait de prières à genoux devant la collection : à mon avis il n’y a rien de pire pour braquer celui à qui on veut demander quelque chose.

    Ensuite, sur les fautifs, eh bien l’histoire nous dira de qui il s’agissait, mais personnellement je goûte peu à la théorie du complot et je doute qu’il s’agisse de gros bras commandités par Andres Serrano. Mais après tout pourquoi pas? On verra quand l’enquête aura avancé.

  21. Gwynfrid

    Non seulement cette pétition manquait de nuance (c’est un euphémisme) mais elle était rédigée sous la forme d’une loghorrée incohérente, jointe à un français très approximatif. Ça donne une bonne idée du niveau de réflexion de ses initiateurs. Il n’est pas très surprenant que les destinataires ne se soient pas donné la peine de répondre.

    Cela dit, que 80000 personnes l’aient tout de même prise au sérieux est compréhensible, vu le niveau de la provocation.

  22. Les yeux ouverts

    @ chafouin,
    Pour compléter mon propos et pour aussi faire le lien avec Philippe Isnard sur lequel sont tombés des chrétiens ( les mêmes qui réagissent aujourd’hui suite à cet acte condamnable mais qui étaient jusqu’à présent très silencieux ! ) et d’autant plus courageusement qu’il a été très vite soutenu par des tradis ( horreur !) et pas par calcul pour en connaître pas mal d’entre eux et sans l’être moi-même.
    http://www.citeetculture.com/ext/http://lesalonbeige.blogs.com/
    Monseigneur Cattenoz a dit aussi que cette « oeuvre » était une ordure : encore une parole peu intelligente dont il aurait pu se passer ? Il a cerainement besoin de conseiller en communication !
    Je relance sur la guerre juste : c’est pas hors sujet me semble t-il.

  23. Yi Sun-sin

    Il est nécessaire, salutaire même, qu’une société comme la nôtre puisse publier des caricatures raillant le prophète Mahomet.
    Pour vous en convaincre, regardez commet ça se passe dans les sociétés où ça n’est pas autorisés, ces nombreux pays où la critique de l’islam est interdite. Regardez la place qu’y occupe la femme, par exemple.

  24. Pingback: Revue de Blog : Piss Christ, humour (faut bien décompresser), semaine sainte,et prêtres, et pleins d’autres choses… « Lemessin

  25. @les yeux ouverts

    Je n’ai pas critiqué tout le propos de Mgr Cattenoz mais uniquement son couplet sur la franc-maçonnerie…

  26. Yogi

    @Les yeux ouverts : Merci pour le lien. C’est de loin l’article le plus stupide que j’aie lu sur le sujet, atteignant des sommets d’ignorance, de bêtise crasse et d’inculture, et s’en vantant. A ne pas rater.

  27. cathimini

    c’ est un peu inquiétant, si tu ne penses pas qu’ on peut vivre l’ évangile et défendre une culture chrétienne : c’ est mon cas ! et c’ est ce que j’ essaie de faire chaque jour de ma vie….

  28. @Cathimini

    Mais ce n’est pas ce que j’ai dit! J’ai dit qu’il fallait agir dans les respect des valeurs évangéliques…

  29. cathimini

    si si c’ est ce que tu as écrit ! mais je suis rassurée que ce ne soit pas ce que tu voulais dire !

  30. Les Yeux ouverts

    @tous,
    Monseigneur Barbarin, Primat des Gaules demande lui aussi le retrait de « l’oeuvre » : http://www.citeetculture.com/ext/http://lesalonbeige.blogs.com/
    @ chafouin,
    Le « couplet » de Mgr Cattenoz : c’est curieux ta réaction ! Je pense qu’en tant qu’évèque, il doit avoir des infos que tu n’as pas.
    C’est comme la théorie du complot que tu rejettes d’un revers de main : il est vrai que ce n’est qu’une option et je n’ai d’ailleurs rien écrit d’autre. Tu te souviens de Carpentras ? Et plus récemmnent du reportage concernant Dies Irae ?
    Les vandales, on sait qui sait ? Il y a eu une enquête avec des conclusions ? Non. Alors, avant de tirer des plans sur la comète, on attend !
    Je crains que la méfiance (pour ne pas dire plus) sur les cathos tradi n’égare. Il y a plusieurs demeures dans la maison du Père et je crains pour ma part que beaucoup de ceux qui manifestent leurs distances pour ne pas écrire plus, avec cette sensibilité de l’eglise ne fasse que le jeu de la division.
    Avant cet acte de vandalisme, on a pas beaucoup entendu leur voix !
    Pax et bonum

  31. @Les Yeux Ouverts:

    Déterminer qui sont les coupables est effectivement le rôle de la police et de la justice.

    Maintenant, après plusieurs jours de campagne très virulente, lorsqu’un incident de ce type a lieu, on est en droit de s’interroger sur la responsabilité de l’association qui a fait le choix d’aborder le débat sur le mode de la confrontation et du scandale plutôt que sur celui du dialogue, d’autant plus qu’il se trouve de nombreux catholiques pour approuver cet acte de vandalisme (c’est par une amie qui s’en félicitait que j’en ai d’ailleurs pris connaissance).

    Non seulement donc la probabilité ne penche pas en faveur des cathos mobilisés contre l’expo, mais leur démarche a créé les conditions de possibilités de ce délit. Ils ont joué les apprentis-sorciers, en faisant le choix d’attiser les haines par une pétition et des manifestations, plutôt que d’opter pour des approches dédramatisantes telles la dérision ou mieux encore le dialogue, et se retrouvent maintenant face aux conséquences (célébrité nouvelle de l’oeuvre, plus grande fréquentation de l’expo, tribunes contre l’intolérance des catholiques).

    Monter des théories du complot et des accusations gratuites de manipulation, non seulement n’arrange rien, mais esquive les problèmes soulevés par cette approche conflictuelle qui semble être la réponse universelle de certains tradis aux malheurs de la vie, et qui loin d’améliorer la perception de l’Eglise par notre société, confirme les clichés et alemente les communautarismes des deux côtés. Cela prouve l’incapacité profonde de nombreux ctholiques parmi les plus revendicatifs à remettre en question leurs méthodes, et constitue, de la part de chrétiens et en pleine Semaine Sainte, un contre-témoignage des plus déplorables. Lutter contre la « chistianophobie » ne justifie pas tout.

  32. @Les yeux ouverts

    « Avant cet acte de vandalisme, on a pas beaucoup entendu leur voix ! »

    Fallait-il agiter du bruit au bruit? Et doit-on donner son avis sur tout?

    « Le « couplet » de Mgr Cattenoz : c’est curieux ta réaction ! Je pense qu’en tant qu’évèque, il doit avoir des infos que tu n’as pas. »

    Mais enfin, je trouve étrange de lancer des accusations sans les étayer, voilà tout.

    Sinon j’agrée au commentaire de Manu : le ramdam créé autour de l’expo a favorisé cette issue à une situation qui était de toutes façons inextricable. Parfois, on obtient beaucoup plus par une négociation discrète que par du barouf. Ici, qu’est-ce qui a été obtenu? La victoire totale de l’artiste et de la galerie. Belle opération!

    Et sinon, c’était quoi le problème sur l’affaire Dies Irae?

  33. pelmer

    Bonjour Chafouin,

    J’ai trouvé ton article un peu manichéen en première lecture. Depuis, tes réactions aux commentaires m’ont paru nuancer notablement ta position, d’une manière que je trouve plus juste. Je garde toutefois quelques réticences :
    1) les protestations de foi de l’artiste concerné sont certes à noter, mais à mon avis, ce serait balourdise que de les gober sans reste : c’est la posture classique, dans ce genre d’affaire ; c’est du reste totalement hors sujet, me semble-t-il : le problème n’est pas la foi de cet « artiste », c’est son oeuvre ;
    2) je suis d’accord avec toi pour trouver la dégradation de cette « oeuvre » irresponsable, ne serait-ce que parce qu’elle est totalement contre-productive ; toutefois, j’aimerais que l’on se demande si l’ « artiste » n’est pas un peu responsable de ce genre de débordement, en jouant la carte de la provocation (voir là-dessus un bon billet d’un spécialiste de l’art dit « contemporain », sur Liberté politique) ; cela n’excuse pas les « casseurs » en question (dont Civitas s’est clairement désolidarisé, à ma connaissance), mais invite à leur reconnaître des circonstances atténuantes, et ne pas leur faire porter le chapeau de manière unilatérale : l’ « artiste » a sa propre responsabilité ;
    3) à mon avis, il n’y a pas à choisir entre le Christ qui se laisse faire lors de la Passion et Celui (le même !) qui nettoie le Temple ; manifestement, il y a un temps pour tout, un temps pour s’indigner et un temps pour souffrir en silence : c’est affaire de discernement (mais il me semble qu’au fond, nous serions d’accord là-dessus) ;
    4) d’accord avec toi pour être mal à l’aise vis-à-vis de la rhétorique de Civitas ; mais je te trouve un peu dur à leur égard ; je crois qu’il serait bon d’essayer de ne pas y voir seulement une bande d’excités, mais aussi des frères chrétiens sincèrement ulcérés par cette horreur ; je crois qu’il serait bon que tu fasses preuve envers eux du même effort de compréhension que vis-à-vis des métalleux, par exemple (ce qui n’exclut pas, bien sûr, la lucidité – comme vis-à-vis des métalleux).

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