Et le dimanche, l’Etat gardera vos enfants…

J’insiste, j’enfonce la plaie dans le couteau, je rentre dans le lard. Le gouvernement va plus vite, plus loin, plus fort, peut-on lire dans le JDD sous la plume de du servile Claude Askolovitch, dont on peut s’interroger sur l’indépendance dans cette affaire (*). Alors qu’hier, la CGPME a exprimé ses inquiétudes au sujet de la libéralisation du travail dominical, et qu’aujourd’hui, Nicolas Sarkozy doit s’exprimer à son tour sur cette question, Xavier Bertrand propose d’ouvrir des crèches sept jours sur sept.

Et pourquoi pas, en effet?

« Les nouvelles crèches notamment, il faudra aussi qu’elles puissent être ouvertes sept jours sur sept quand il le faut. Parce que quand vous êtes commerçants, pourquoi vous n’auriez pas le droit d’avoir vos enfants à la crèche ? », a expliqué le bonhomme.

Et le livreur de lait de la nounou, lui aussi, pourra ouvrir le dimanche, au cas où. Le cordonnier du livreur, on ne sait jamais. Et puis l’assureur du cordonnier. Et le banquier de l’assureur. Et le magasin de vêtements du banquier?

« Il faut qu’on puisse se caler au rythme de vie et aussi au rythme de consommation des Français », nous explique Xavier Bertrand, l’homme dont les dents raient le parquet au point d’être ralenti dans sa course en avant et doublé par Jean-François Copé et Xavier Darcos, c’est dire… Voilà bien la preuve qu’il ne s’agit pas seulement, comme l’a prétendu Luc Chatel, de simplement toiletter la législation pour rationnaliser un système très compliqué (ce qui était est effectivement le cas). Je n’aime pas l’idée selon laquelle on envoie les gens au turbin pendant que l’Etat garde leurs enfants.

En réalité, on ne cherche pas tant à contenter les Français qu’à adapter de force leur mode de vie aux desiderata de quelques-uns, et notamment de lobbies de la grande distribution et des grandes enseignes du textile. Pour le secteur de l’ameublement, c’est déjà fait… Et tant pis pour les conséquences sociales/sociétales de la mesure! On se doute qu’une fois la brèche entamée, et une fois passé le moment de l’émotion du travailler plus pour gagner plus, le doublement du salaire n’existerait plus que dans les rêves les plus fous des employés. 

Et quand on regarde de plus près sur le sondage malhonnête publié par le JDD (merci à un commentateur de Koz de l’avoir signalé, j’étais passé à côté…) on se rend compte que ce ne sont pas « 67% des Français qui sont prêts à travailler le dimanche », comme on l’a entendu partout… Mais 17% des Français qui répondent « oui, toujours » à la question « Travailler le dimanche est payé davantage qu’en semaine. Si votre employeur vous proposait de travailler le dimanche, accepteriez-vous? », contre 33% qui répondent « non jamais » et « 50% « oui, de temps en temps », ce à quoi ils auraient aussi pu répondre « non, pas toujours »!

P.S : la photo illustre bien sûr ma promenade en forêt de dimanche dernier.  C’est un appel à la méditation, plus qu’à la consommation!

P.P.S : après avoir désigné Askolovitch de l’adjectif « servile », et en confrontant mon opinion avec celle de plusieurs commentateurs, je retire ce mot excessif issu d’un premier jet un brin énervé. Mea culpa. On peut néanmoins s’interroger et s’inquiéter au sujet de l’indépendance du JDD dans cette affaire. Un sondage manipulé et déformé, qui sort le jour même d’une interview accordée à un ministre qui le même jour, est en déplacement de promotion sur ce thème dans un centre commercial, ça fait beaucoup. Et ça fait surtout beaucoup les affaires du gouvernement, il me semble.

P.P.P.S. : lire aussi le point de vue gauchiste de Koz.

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